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Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites en France


La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Photo : AFP

La France se prépare à une troisième journée de forte mobilisation, de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites voulue par le président Macron, dont le débat lundi à l’Assemblée nationale a démarré dans le chaos.

Deux premières journées de manifestations les 19 et 31 janvier ont déjà réuni chaque fois plus d’un million de protestataires selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs, contre ce projet impopulaire d’après les sondages, dont la mesure phare est le recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans.

Les transports seront à nouveau « fortement perturbés » mardi, avec un train à grande vitesse sur deux en moyenne, selon la compagnie nationale, tandis qu’en région parisienne, les métros et trains de banlieue seront également très impactés, prévoit la régie de transports de la capitale.

Dans les airs, les prévisions sont identiques à celles émises pour les deux précédentes journées de grève : un vol sur cinq annulé préventivement à l’aéroport parisien d’Orly, du fait du débrayage de contrôleurs du ciel. En dépit de mesures préventives, des perturbations et des retards sont à prévoir », ajoute l’organisme supervisant en France le transport aérien.

Aucun indice de mobilisation n’est pour l’instant connu dans l’enseignement, une partie de la France se trouvant en vacances scolaires, ni même dans la fonction publique, dont les professeurs constituent une proportion significative.

« On compte sur le fait qu’il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l’avis des citoyens », a déclaré sur la télévision publique le secrétaire général du syndicat CGT, Philippe Martinez.

Les syndicats, des organisations sur le déclin depuis plusieurs années en France, tentent d’instaurer un rapport de force favorable, en accentuant progressivement leur pression. Ils prévoient une nouvelle journée de manifestation samedi prochain, testant à chaque étape leur puissance et le soutien de l’opinion publique.

Pour ne pas se l’aliéner, ils devraient par exemple ne pas organiser de perturbations dans les transports samedi prochain pour permettre aux gens de venir manifester pendant un week-end, et ne pas entraver les départs ou retours de vacances.

À l’Assemblée nationale, le débat sur le projet de réforme des retraites a démarré dans le chaos lundi, le gouvernement se retrouvant en confrontation directe face à son opposition, qui prévoit de mener un combat d’obstruction parlementaire.

C’est « une réforme d’équité et de progrès qui répartit l’effort de manière juste », a affirmé le ministre du Travail Olivier Dussopt, un ancien socialiste rallié à la majorité autour d’Emmanuel Macron, traité de « vendu » par les formations de gauche.

« Intérêt général » face à « intérêt électoral »

« C’est la réforme ou la faillite » du système de retraites, a de son côté lancé le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, appelant les opposants au projet à choisir entre « intérêt général » et « intérêt électoral ».

Ces deux semaines prévues d’examen s’annoncent à haut risque sur cette réforme phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron qui joue une partie de son crédit politique sur cette réforme phare de son second mandat. D’autant plus que le gouvernement de sa Première ministre Elisabeth Borne n’est pas soutenu par une majorité absolue de députés et que la réforme devra donc être votée par d’autres députés, certainement issue du parti de la droite historique, Les Républicains.

Dans une concession de dernière minute, Elisabeth Borne a annoncé dimanche que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans. Une proposition qualifiée de « rustine » par Laurent Berger, le patron du syndicat CFDT, car elle « n’est pas la réponse » attendue « à la mobilisation massive constatée ».

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail, pris pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant « porteur de progrès social », notamment en revalorisant les petites retraites.