Installée dans une vieille maison de Bech-Kleinmacher, le musée A Possen permet de découvrir la vie des Luxembourgeois du début du XXe siècle. Un voyage dans le temps qui charme toutes les générations.
C’est au détour de l’une des nombreuses rues sinueuses de Bech-Kleinmacher que l’on tombe sur cette vieille bâtisse. Mais malgré ses origines remontant à 1617, la Possenhaus a toujours fière allure.
Depuis 1967, elle abrite un musée qui tente de préserver le patrimoine du Grand-Duché, et plus particulièrement de la Moselle. Mais ici, pas de grande histoire, pas de monuments imposants, pas de pièces de collections rarissimes.
C’est la vie de Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui est contée entre ces murs. Vanniers, tonneliers, tisserands, écoliers… à peine l’entrée franchie, le musée plonge les visiteurs dans la vie quotidienne des gens simples de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Une histoire de passionnés
Le musée se situe dans l’ancienne maison de la famille Post qui lui a donné son nom : «A Possen«. Après avoir été témoin de la vie de plusieurs générations, la bâtisse a tapé dans l’œil d’un couple de collectionneurs : Gaby et Prosper Kayser-Gales.
Passionnés par l’histoire de la Moselle, ils achètent la Possenhaus et la transforment en musée qui ouvre ses portes pour la première fois au public en 1967. Dès le début, le but est de raconter la vie quotidienne de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Peu à peu, le couple rachète les maisons autour pour former un ensemble qui deviendra le musée actuel. En 1972, l’association des Amis du Possenhaus et du Folklore mosellan est fondée avec l’objectif de mettre en valeur la culture et l’histoire de la Moselle luxembourgeoise.
Cette mission perdure aujourd’hui et l’héritage de Gaby et Prosper Keyser-Gales est toujours bien vivant grâce à la fondation qui a pris le relais depuis 1993.
Né d’un couple de passionnés, le musée est dorénavant géré par une équipe de spécialistes, composée de six personnes, qui ont tout autant à cœur que les fondateurs de valoriser ces collections et de faire vivre l’histoire locale.
Un voyage dans le temps qui troque les grandes dates pour les petites anecdotes, un récit bien plus proche des expériences qu’ont pu vivre nos propres aïeux, mais que les livres d’histoire n’ont pas retenu.
Chaque pièce tente de recréer la vie telle qu’elle était un siècle auparavant. Au rez-de-chaussée, on retrouve plutôt des ateliers présentant des outils comme ceux permettant au tonnelier de tenir et travailler le bois ou les marteaux servant au cordonnier à clouer les semelles de ses chaussures.

Les ateliers d’antan permettent de redécouvrir des métiers aujourd’hui quasiment disparus.
«Cela nous permet de raconter la vie telle qu’elle pouvait être à l’époque», explique Adeline Karcher, la coordinatrice générale du musée. Dans les étages supérieurs, les pièces continuent d’explorer différentes thématiques comme celle de la vie des écoliers à travers la reconstitution d’une salle de classe.
Pupitres en bois, bancs, ardoises bien alignées avec le matériel d’écriture, petits cartables en cuir… aucun détail n’a été omis. Tous les objets proviennent de la région, souvent grâce à des dons de particuliers. Il est donc parfois difficile de les dater ou de connaître leur provenance exacte tant ces pièces ont animé le quotidien de milliers de personnes.
«Les gens viennent nous voir et nous disent « j’ai trouvé ça dans mon grenier« . Avec des pratiques scientifiques, il est possible de les dater ou de déterminer leur provenance, mais de manière assez large.»
Une expérience sociale
Mais au-delà des histoires personnelles qui transpirent de chaque pièce, c’est aussi toute la vie sociale d’un village qui se raconte. Dans les derniers étages, costumes et robes de mariages sont exposés derrière des vitrines.

Au début du XXe »siècle, il était au courant de se marier en noir, même pour les femmes.
Rien de bien original si ce n’est leur couleur qui peut interroger les jeunes générations. «À l’époque, les mariées s’habillaient en noir», révèle Adeline Karcher. Métiers, traditions, organisation… à travers ces pièces, ce sont toutes les habitudes d’une vie bien plus communautaire que celle d’aujourd’hui qui refont surface.
«Il y avait tout un tas de pratiques sociales, comme les veillées.» Le musée n’est d’ailleurs pas circonscrit à une maison, mais s’est peu à peu agrandi au fil des années (voir encadré) par l’ajout des bâtiments attenants reconstituant une partie du quartier de l’époque.

Beaucoup d’objets exposés viennent de dons de particuliers et sont donc difficiles à dater.
Une expérience sociale qui continue aujourd’hui. Beaucoup de visiteurs sont des grand-parents accompagnés de leurs petits-enfants. Pour les premiers, cette vie d’un autre temps n’est pas si lointaine et ils sont heureux de pouvoir la partager avec les plus jeunes. «Cela leur rappelle des souvenirs, il y a de la nostalgie. Mais on a aussi beaucoup de familles et de jeunes actifs», ajoute Adeline Karcher.
La simplicité des pièces exposées permet aussi de proposer une collection d’une grande richesse où chacun peut y trouver son compte. «C’est un véritable terrain de jeu au niveau scientifique. En fonction du regard que l’on porte, on peut y trouver différents intérêts pour la vie de ceux qui nous ont précédés.»
Et c’est dans cette apparente banalité que ressort toute l’originalité du musée qui crée un attachement et une émotion difficile à recréer ailleurs. «C’est de la micro-histoire. On prend la petite histoire pour expliquer la grande. On a tendance à oublier les gens qui ont vécu avant nous.»
Heureusement, le musée A Possen et son équipe sont là pour assurer la transmission et perpétuer d’un certaine manière les traditions. Sans pour autant tomber dans le mythe du «c’était mieux avant». «Le but n’est pas de parler du bon vieux temps. Il faut rester juste scientifiquement.»

Plusieurs pièces thématiques ont été reconstituées pour montrer la vie telle qu’elle était à l’époque.
Dialogue entre générations
En plus des visites, le musée propose de nombreux ateliers aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Certains d’entre eux sont d’ailleurs pensés pour faire dialoguer les générations entre elles lors d’activités aussi bien créatives qu’historiques.
Le 13 septembre, un atelier jus de pomme aura notamment lieu pour découvrir le pressage traditionnel du jus, depuis la sélection des pommes jusqu’à l’extraction de leur nectar, et que les participants pourront évidemment goûter et ramener chez eux.
Les 11 et 18 octobre, l’équipe du musée proposera d’apprendre à coudre une hâlette. Cette coiffe traditionnelle, couvrant la tête et les épaules, permettait de se protéger du soleil. Des moments conviviaux qui permettront aux générations d’échanger autour des traditions mosellanes.
Plus d’informations sur le site du musée.