À quoi vont ressembler les douze prochains mois de ballon rond ? On teste nos talents divinatoires… sur la base d’éléments probants.
1) Un nouveau titre pour Differdange
Il est très probable que le FCD03 subisse au moins un léger contre-coup après le transfert de Jorginho Monteiro, mais à bien suivre le discours de la direction sportive, il est tout aussi probable que Guillaume Trani, l’autre indispensable à l’animation offensive, ne soit pas libéré cet hiver. Il y aura forcément une déperdition statistique, mais elle serait sans doute bien plus grave si les principaux concurrents de Differdange ne se savonnaient pas la planche alors qu’ils comptent déjà sept points de retard. Le F91 a décidé de «couper» Marco Martino à cause de l’ambiance qui règne au club et le Swift est dans un flou artistique total depuis la grève enclenchée par les joueurs contre Mondorf et qui devrait le priver d’une partie de son effectif. Le projet du Racing est sans doute un peu jeune pour que le club de la capitale puisse postuler. Le Progrès et Strassen, qui ont sans doute les meilleures armes à l’heure actuelle, partiront de trop loin. Un boulevard est-il ouvert devant les Differdangeois?
2) Le Progrès encore en finale de la Coupe
Vainqueur de la Coupe en mai dernier, pour son premier titre depuis 43 ans, Niederkorn sera-t-il le premier à faire le doublé depuis le F91 en 2015 et 2016? L’an passé, le Progrès, s’étant rendu compte qu’il ne pourrait pas aller chercher facilement le podium et donc l’Europe, avait misé très tôt sur la Coupe et s’était acheté une ligne de conduite d’un cynisme total parce que Jeff Strasser ne voulait pas finir bredouille. On est en janvier et le Progrès ne se retrouve pas encore dans une situation embarrassante puisqu’il n’a «que» quatre points de retard. Mais il lui suffirait d’un ou deux dérapages pour perdre pied et que la Coupe ne redevienne sa seule option viable. En 8es, il devra se déplacer à la Frontière pour affronter une Jeunesse qui ne l’y a plus battu depuis 2014 (4 nuls et 5 défaites). Mi-mars, on devrait déjà y voir plus clair sur les chances du Progrès d’aller chercher un top 3. Et l’on sait désormais qu’il a les capacités de tout miser sur une seule compétition et d’y être très, très efficace. L’an passé, il avait éjecté Differdange (2-0), été solide à Mondorf (0-2) avant de battre le Swift (1-1, 2-4 tab) au stade de Luxembourg. Bis repetita?
3) Samir Hadji à 200 buts en DN
À 35 ans, l’immense attaquant dudelangeois pèse 10 buts en 15 matches, dans le rythme de ses deux dernières saisons à 20 buts. Le temps continue de ne pas avoir de prise sur lui et récemment, son frère, Zachary, disait justement que son hygiène de vie lui garantit de pouvoir encore durer longtemps. Aujourd’hui, au fil notamment de cinq saisons à plus de vingt buts et de quatre autres à plus de dix buts, Samir Hadji émarge à 173 buts inscrits en BGL Ligue. Il est d’ores et déjà cinquième meilleur buteur de l’histoire du pays et en deviendra le quatrième dans trois réalisations, quand il rejoindra Bert Heger (176). Il y a encore une sacrée marge avant de rejoindre Patrick Morocutti (223) ou Daniel Huss (228). Mais on miserait bien une grosse piécette sur le fait que le patron d’attaque du F91 est en mesure de planter 27 buts en championnat, durant cette année 2025, avec 30 matches devant lui. Il faudrait pour ça qu’il hausse encore son niveau, mais lui qui a planté deux doublés en Conference League l’été dernier en est capable. D’autant que son équipe, elle aussi, reste performante.
4) Un Barreiro «vraiment» champion
«C’est un joueur intéressant, il a la technique, il attaque la profondeur… Il va avoir de l’espace pour s’exprimer.» La citation date de novembre et, surprise, dans la bouche de Bruno Lage, le coach de Benfica, on s’est demandé quel genre d’application concrète elle pourrait bien avoir. Dans la foulée, Leandro Barreiro, blessé tout l’automne, a retrouvé un temps de jeu digne de ce nom chez ce monstre européen : deux titularisations et quatre entrées en jeu en championnat. Il a fini 2024 avec le douzième temps de jeu pour un joueur de champ. Et son volume physique le désigne comme tout particulièrement intéressant quand il faut gérer un effectif qui va encore continuer de jouer tous les trois jours au moins tout le mois de janvier. D’autant que son équipe a de grandes chances, depuis son succès déterminant à Monaco, de voir les barrages de la C1, ce qui rajoutera deux rencontres supplémentaires en février.
Depuis 2017, aucun club n’a pu se succéder à lui-même au palmarès de la Primeira Liga. Qui prendra la suite du Sporting, sacré en 2023? Ce sera comme d’habitude un bal à trois. Un petit 33 % de chances de soulever le trophée pour ce qui deviendrait l’accomplissement personnel le plus monumental pour un footballeur grand-ducal au XXIe siècle, devant les Coupes soulevées par Anthony Moris en Belgique ou celles de Christopher Martins en Suisse et Russie, ou les titres de champion de Chris Philipps avec le Legia Varsovie, de Gerson Rodrigues avec le Dynamo Kiev, de Christopher Martins avec les Young Boys ou de Maxime Chanot avec New York City. Surtout s’il continue de jouer dans ces proportions.
5) Pas de dernière place pour les Roud Léiwen
Les Lions vont-ils retrouver des ailes avec les retours de blessures programmés de Vincent Thill et Yvandro Borges? C’était l’une des lignes de défense de Luc Holtz lors de la campagne ratée de Nations League de 2024 (qui leur vaudra de jouer les barrages pour éviter la relégation en mars 2026) : dur de rester performant offensivement en étant privé de deux garçons de cette qualité. Et la construction du calendrier qui verra le Luxembourg démarrer les éliminatoires du Mondial-2026 à la fin de l’été seulement, devrait leur permettre de retrouver le rythme qui leur manquera en mars.
Le tirage au sort, qui a reversé le Grand-Duché dans un groupe à quatre dans lequel l’Allemagne ou l’Italie devrait sans surprise faire la loi, a fait un clin d’oeil intéressant à la FLF. Qui voit revenir la Slovaquie, qu’elle avait maltraitée en éliminatoires de l’Euro, mais qui était restée devant elle au classement, ainsi que l’Irlande du Nord, qui lui a fait une misère pas possible en 2024. Finir devant au moins l’une de ces deux équipes, au vu du contexte, sera un vrai challenge. Mais des Rout Léiwen du calibre de 2023 n’auraient aucun mal à postuler qu’ils ne finiront pas derniers de ce groupe-là. Au vu de ce qui semble les attendre tous, individuellement, en clubs, on veut croire qu’ils vont repartir à la hausse.
6) Une double montée pour Bissen
Peut-on passer de la D1 à la DN en un an? C’est quand même un peu l’idée qu’il y avait derrière le projet de Bissen et sa première partie de saison, en PH, indique qu’il est parti pour remplir les conditions. Deuxième attaque, deuxième défense, le voisin d’Etzella est actuellement deuxième tout court avec un Dan Da Mota à 8 passes décisives et un Fine Bop à 13 buts en 15 matches. Où en serait-il si Dave Turpel ne s’était fait les croisés en début de saison? Sûrement bien plus loin, tant l’attaquant semblait retrouver des sensations qui auraient fait un saccage dans la division.
Si Käerjeng n’était pas aussi solide et structuré, si Mamer n’était pas porté par un Mickaël Jager diabolique (19 buts), ils seraient plusieurs en PH à miser un peu plus qu’une piécette sur l’équipe de Joao Teixeira. D’autant qu’avec tous ces anciens de BGL Ligue dans l’ossature, cela sent bon le passage de cap majeur.