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Nordstrooss : la nature récolte des mesures compensatoires


Ces vaches broutent sur une partie de 77 hectares consacrés à l'agriculture extensive et fourniront à terme une viande de qualité. (Photo : Anne Lommel)

Trois ans après l’inauguration de la « Nordstrooss », les mesures écologiques compensatoires pour les terrains utilisées sont enfin mises en place.

Il aura fallu une vingtaine d’années et de longues palabres, mais la «Nordstrooss», ou route du Nord, cette autoroute reliant la capitale aux villes du nord du pays, a finalement été inaugurée en grande pompe le 23 septembre 2015. Cela faisait des années qu’on attendait le tronçon manquant. La loi du 27 juillet 1997 avait finalement marqué le début des travaux. Elle prévoyait des mesures compensatoires, censées rendre à la nature ce qui lui avait été enlevé ou à «générer de nouvelles valeurs environnementales susceptibles de remplacer celles qui ont été détruites ou dégradées».

Seulement, s’est souvenu François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, vendredi après-midi dans la campagne de Lintgen, au moment de l’inauguration, seul un tiers de ces mesures avaient été transformées. «Quand le premier coup de pelle du chantier du tram a été donné, nous avions déjà réalisé toutes les mesures compensatoires, indique-t-il à titre de comparaison. Ce qui a été fait ici est illégal. Toutes les mesures compensatoires auraient dû être planifiées avant le début des travaux.»

Mesures compensatoires

Cela n’a donc pas été le cas malgré les 21 millions d’euros prévus à cet effet à l’époque. Actuellement, 15,3 millions ont été utilisés et 81 % des mesures auraient été transformées, selon le ministre, dont 5 millions pour replanter des arbres. «J’ai planté plus d’arbres que je n’en ai enlevé. Les 100 % devraient être atteints rapidement», indique le ministre.

Parmi ces mesures compensatoires figurent un passage à gibier, un autre pour la petite faune, le boisement compensatoire, l’aménagement d’une zone humide dans la vallée de l’Alzette et la valorisation de la vallée de la Mamer. En vue de la réalisation de ces mesures, l’État a acquis environ 100 hectares de terrains.

«Nous avons voulu utiliser la nature et la protéger en même temps», a indiqué Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement. Et cela, entre autres, «pour offrir de nouvelles perspectives aux agriculteurs qui pourront produire de meilleurs produits» dans un esprit fidèle à l’économie circulaire. Sur la plupart des terrains achetés, une exploitation agricole extensive a été mise en place. Elle contribue à une amélioration de la biodiversité. «Cela permet une baisse des coûts d’exploitation pour les agriculteurs, des pesticides et des nuisances sur l’environnement», poursuit la ministre. En contrepartie, les insectes, les oiseaux, les petits animaux et des fleurs vont repeupler les prairies occupées par d’élégantes vaches noires.

Un remembrement est en cours pour concilier l’ensemble des intérêts des propriétaires et des exploitants agricoles. Ces mesures compensatoires n’ont pas été réalisées aux dépens de l’agriculture.

77 hectares d’agriculture extensive

Cette zone d’agriculture extensive n’est qu’une partie des mesures prises. S’y ajoute la création d’une zone humide de 64 hectares dans la vallée de l’Alzette entre Lintgen et Lorenzweiler. L’extensification de l’agriculture, préalable à la restauration de la zone humide, a été réalisée sur 77 hectares : 55 hectares dans la vallée de l’Alzette et 22 sur le versant entre Prettingen et le Schwunnendall. Cette mesure entraînera la renaturation de l’Alzette, l’exploitation agricole mise en place étant compatible avec le caractère humide des biotopes qui y apparaîtront.

Mais ce n’est pas tout. La création d’un sentier de découverte de la nature est prévue. Il permettra d’accéder au paysage champêtre des berges de la rivière. Un tour d’observation de la faune ornithologique des lieux sera également lancé. Tout est bien qui finit bien.

Sophie Kieffer