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Nora Back : «Le front syndical fait peur à nos adversaires»


Nora Back (2e de d.) entourée par son homologue du LCGB, Patrick Dury (2e de g.), le secrétaire général du syndicat chrétien, Francis Lomel (à g.), du président de la Chambre, Claude Wiseler, et de l’eurodéputée Isabel Wiseler-Lima.  (Photo : alain rischard)

Au lendemain de sa réélection à la tête de l’OGBL, Nora Back a lancé une nouvelle salve contre le gouvernement. Le camp syndical se dit décidé à contrer toute «attaque» contre les acquis sociaux.

Le message lancé est sans équivoque. Si le gouvernement conservateur-libéral ne revient pas sur ses positions concernant la très contestée modernisation du droit du travail, l’OGBL, avec le LCGB, est prêt à la lutte sociale. «Ensemble, nous sommes plus forts que jamais. M. Frieden, M. Mischo, vous n’avez qu’à bien vous tenir. Vous pensez qu’il n’est pas dans l’ADN des Luxembourgeois de battre le pavé. Si vous ne changez pas rapidement de cap, nous allons très vite voir comment les gens vont débouler dans la rue», clame Nora Back, réélue vendredi soir présidente de l’OGBL pour un nouveau mandat de cinq ans.

Le deuxième jour du congrès, samedi, a été dominé par le discours de la cheffe de file du premier syndicat du pays. Elle s’est adressée aux quelque 600 délégués, mais aussi à un groupe de députés de l’opposition ayant pris place au premier rang. Comme la veille, pas de trace de ministres, mais bien d’élus des partis de la majorité, avec en tête le président de la Chambre, Claude Wiseler (CSV), venu rejoindre le chef de fraction chrétienne-sociale, Marc Spautz, fêté vendredi par le congrès. Carole Hartmann, députée et secrétaire générale du DP, a représenté le deuxième parti de la majorité gouvernementale.

Une union inédite

Et comme vendredi, le président du LCGB, Patrick Dury, était présent, comme le fut Nora Back début février au congrès du syndicat chrétien. «Pour beaucoup de monde, il est surprenant de voir deux concurrents s’unir. Aujourd’hui, on est devenu amis. À un moment où nous vivons des attaques d’une violence inédite par la politique et le patronat, il est de notre responsabilité de ne pas se laisser diviser», martèle Nora Back, ouvrant la voie à l’adoption à l’unanimité d’une résolution «d’urgence» pour sceller le front syndical. Le même texte avait été adopté par les délégués du LCGB. «Le front syndical fait peur à nos adversaires, ce qui démontre que nous sommes engagés sur le bon chemin, dans l’intérêt des travailleurs, des pensionnés et de leurs familles», renchérit la présidente de l’OGBL.

Cette union inédite s’est forgée pour s’opposer au «changement politique radical» du gouvernement CSV-DP. «Un vent froid souffle sur les droits et les acquis sociaux de la population active. Nos salaires, nos conventions collectives, nos pensions sont attaqués. Le gouvernement transpose point par point ce que le patronat lui dicte», fustige Nora Back.

«Déclaration de guerre contre le salariat»

Les syndicats seraient donc les seuls à pouvoir former un «pare-feu social». «Ce gouvernement ne veut pas des syndicats. Il s’attaque au fonctionnement du modèle social», lance Nora Back, n’hésitant pas à parler de «déclaration de guerre contre le salariat».

Affaiblissement des conventions collectives, libéralisation des heures de travail et des heures d’ouverture dans le commerce, réforme des pensions et désormais aussi restrictions du droit de manifestation figurent parmi les principales préoccupations du camp syndical. Sans oublier les inégalités sociales qui continuent à se creuser. L’OGBL s’inquiète aussi de la crise du logement et du réchauffement climatique. Le fait que le camp politique ne parvienne pas à inverser la tendance ne ferait que renforcer l’extrême droite.

«Tous ensemble, nous pouvons faire la différence»

Et puis, il y a la guerre en Ukraine. «Nous continuons à soutenir l’Ukraine pour qu’elle puisse se défendre contre l’agresseur russe. Or, maintenant que l’on est prêt à contracter d’énormes dettes pour financer des dépenses militaires, alors que l’on nous a dit pendant des décennies que des investissements dans l’infrastructure, l’État social, le logement, l’école et la protection de l’environnement ruineraient les États, il y a quelque chose qui cloche. Les partis de la majorité disent que la régression sociale constitue une ligne rouge. On ne va pas tolérer qu’un seul euro soit enlevé aux travailleurs pour enrichir l’industrie de la défense», met en garde Nora Back.

En tout état de cause, le camp syndical continuerait à s’engager pour une large frange de la population, et non pas une minorité de riches capitalistes. «On se trouve à un tournant majeur. On joue notre va-tout. Retour en arrière dans une autre décennie ou progrès social. Affaiblissement des syndicats et du salariat ou justice sociale. Politique autoritaire ou vraie démocratie. Il ne s’agit pas d’une fatalité. Tous ensemble, nous pouvons faire la différence», lance en guise de conclusion la présidente de l’OGBL.

Les deux prochains moments de vérité sont le 1er-Mai et encore plus la grande manifestation nationale du 28 juin.

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