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«Non, le système ne fonctionne pas bien» : la police contredit les ministres


Les transports de détenus sont une surcharge de travail pour les policiers de l'UGAO et représentent un risque pour leur sécurité, selon le syndicat. (Photo : archives LQ)

Le syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL) dément les récents propos de Léon Gloden et Elisabeth Margue sur le transport de détenus.

Depuis la réforme de l’administration pénitentiaire en 2018, l’Unité de garde et d’appui opérationnel de la police grand-ducale (UGAO) est chargée de l’extraction des détenus des centres pénitentiaires de Luxembourg et d’Uerschterhaff, des transferts, et de la garde lors d’une comparution en justice ou une visite médicale.

Dans une réponse ministérielle, Léon Gloden (ministre des Affaires intérieures) et Elisabeth Margue (ministre de la Justice) indiquaient récemment que les acteurs concernés «ont pu confirmer que le système actuel fonctionne bien».

Des conditions «loin d’être acceptables»

Des propos qui ont fait bondir le syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL) : «Contrairement à ce qui est affirmé, les conditions de travail des policiers de l’UGAO sont loin d’être acceptables et reposent sur une organisation qui met sous pression les agents, en les exposant à des risques professionnels élevés», peut-on lire dans un communiqué publié mercredi.

Les représentants des forces de l’ordre indiquent qu’au Luxembourg, «l’approche actuelle repose sur une polyvalence excessive qui n’est pas accompagnée de la formation et des ressources adéquates.»

Des missions multiples

De quoi mettre en péril la sécurité des agents, mais aussi l’efficacité de leurs interventions. «Une situation inacceptable qui ne peut perdurer.» Les policiers de l’UGAO assument, en plus des transports de détenus, les missions suivantes :

  • Rapatriements
    Une tâche souvent dangereuse qui, dans d’autres pays, est confiée à des policiers d’unités spécialisées, formées pour gérer les situations complexes et les risques liés à ce type de mission. Une spécialisation qui «fait cruellement défaut» au Grand-Duché selon le syndicat.
  • Contrôles dans les transports publics
    Des interventions là encore assurées par des unités dédiées à l’étranger, alors que les contrôles transfrontaliers nécessitent une formation approfondie. Formation jugée «insuffisante» par le SNPGL.
  • Présence policière
    Une mission pour renforcer la sécurité dans certains quartiers, rassurer la population, et répondre à des problématiques locales spécifiques.

Un principe de séparation des pouvoirs

Le syndicat rappelle que le programme de coalition stipule explicitement que «certaines tâches, comme le transport des détenus, seront confiées aux agents pénitentiaires».

Soit une application directe du principe de séparation des pouvoirs, en distinguant les responsabilités liées à la justice (transport des détenus) de celles liées à la sécurité publique (maintien de l’ordre).

Le syndicat dénonce «l’inertie des décideurs»

«Cependant, en dépit de cette orientation politique claire, nous constatons une inertie de la part des décideurs, et il semble probable que la police continue d’assumer cette tâche à long terme, avec un impact direct et négatif sur le fonctionnement de la police», conclut le SNPGL, ajoutant que grâce à la vidéoconférence, un grand nombre de ces transports sont devenus obsolètes.

Le syndicat réclame une réorganisation immédiate, avec la création d’unités indépendantes et une clarification des responsabilités entre ministères compétents.

Il veut aussi que la surcharge de travail et les risques encourus soient reconnus, que les engagements du programme gouvernemental soient rapidement mis en œuvre, et que les agents pénitentiaires assurent les transports de détenus.