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Noël et transition écologique : «Il y a trop de tentations»


Pour le Centre for Ecological Learning Luxembourg, la surconsommation est plus dure à éviter lors de la période des fêtes.

Même si les traditions ont la peau dure lors du réveillon, le CELL propose des conseils afin de repenser Noël en accord avec la transition écologique, sans en perdre la magie pour autant.

En cette période de préparatifs pour Noël, le Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL) nage à contre-courant. Tandis que les porte-monnaies sont de sortie pour les derniers cadeaux et les dernières courses pour le repas, l’association qui prône la transition écologique souligne qu’il est possible de réaliser un Noël écoresponsable, avec une consommation qui tend vers la sobriété.

À condition de se lancer et de s’aider des conseils de Marion Bur et Jennifer Feschuk, respectivement responsable communication et coordonnatrice de projets au CELL.

Afin d’être en accord avec la transition écologique, que faudrait-il changer autour du repas de Noël?

Marion Bur : La première chose qu’on constate quand on reçoit sa famille, à Noël ou le reste de l’année, c’est qu’on a peur qu’il n’y ait pas assez, et donc l’inverse se produit. Pendant les fêtes, trois kilos de nourriture par ménage finissent à la poubelle. Évitons déjà cela. Il faut aussi consommer local au maximum, si possible biologique et éviter les fruits exotiques, car ils font beaucoup de transport.

La deuxième chose serait, si possible, de composer un menu 100 % végétarien ou limiter au maximum la viande, car on sait que la viande a plus d’impact en émissions de CO2. Il faut être courageux vis-à-vis des proches qui peuvent être réticents, qui ne comprennent pas encore. On en a conscience.

Mais c’est aussi un moyen de faire un repas plus créatif, à base d’assortiments de légumes, de céréales et de plantes. Surtout, c’est aussi plus digeste. Quand on a fini le repas, on se sent lourd, on veut juste se coucher sur le canapé devant la télévision, alors que là, on est moins fatigué. On a la force pour faire des jeux ou des balades.

Composer un menu 100 % végétarien ou limiter au maximum la viande

Est-ce réaliste de faire un repas de fête végétarien, alors qu’il est traditionnellement lié à la viande?

C’est vrai que ce n’est pas évident. On ne va pas aller contre une personne qui veut absolument sa dinde à table, mais peut-être qu’on peut lui proposer juste un morceau, et non la dinde entière. De toute façon, ce n’est pas en allant contre les habitudes qu’on va obtenir des résultats.

Par contre, je suis convaincue qu’en faisant goûter des plats composés de végétaux, super colorés, toujours très bons avec des épices, on peut persuader de plus en plus de gens que la fameuse dinde de Noël n’est pas obligatoire. C’est l’occasion de montrer qu’on peut faire autrement et de partager les recettes.

On recommande aussi de ne pas laisser le repas sur les épaules d’une seule personne, car celle qui reçoit est souvent chargée de tout faire. Alors, elle se met la pression, elle fait trop à manger et n’a pas le temps de trouver des alternatives.

Quelles alternatives proposez-vous pour les cadeaux?

Jennifer Feschuk : Ce qui est mieux pour les cadeaux, c’est de réfléchir à des expériences plutôt qu’à des objets. Cela peut être des activités en famille, comme aller au laser game, puis aller patiner. Et on peut les offrir en cadeau, avec une petite carte.

Sinon, il faut aussi penser à des consommables, pas des objets en plastique et qui remplissent notre maison. Soit on offre des choses faites maison comme des biscuits, des gâteaux, qu’on peut aussi acheter. C’est toujours moins de déchets dans nos maisons.

M. B. : Et si on veut quand même faire un cadeau matériel, il faut penser à la seconde main, car il y a beaucoup de cadeaux encore en bon état. Il suffit juste de nettoyer et ça peut servir des années. D’autant plus qu’avec les enfants qui grandissent, les jouets servent peu de temps.

On n’est pas contre les traditions, mais il faut les réinventer

Sentez-vous les gens prêts à changer leurs habitudes?

M. B. : On est quand même toujours dans une surconsommation. Il y a une conscience qui est là, mais il y a trop de tentations au niveau de l’offre, qui est exorbitante dans les supermarchés. Il y a trop de produits, trop de choix. Ça serait bien d’aller vers une sobriété. J’ai l’impression qu’il y a deux sortes de profils : ceux qui ont vraiment envie de changer cela, qui font des efforts, et puis ceux qui cèdent à la tentation.

Et c’est compliqué de résister, même pour ceux qui le savent. On voit une offre sur un parfum, on pense que ça pourrait plaire à sa mère, alors qu’on pourrait lui offrir autre chose, quelque chose de plus personnel, comme une boîte à mots doux.

J. F. : Pour être optimiste, je pense qu’à Noël il est important de créer de nouvelles traditions plus alignées sur le respect de la planète. Parce qu’à Noël, on a l’impression qu’il y a toujours une nouvelle chose à faire ou à avoir afin de créer la magie. Maintenant, il faut avoir son pull de Noël, son pyjama pour le soir de Noël, et donc ça incite toujours à la consommation.

M. B. : On n’est pas contre les traditions, mais il faut les réinventer. Mais il ne faut pas se mettre la pression, on n’a pas besoin de tout faire cette année. On peut commencer par changer un plat du repas, puis le repas et ensuite on passe à la décoration, puis aux cadeaux. Il ne faut pas avoir peur de se lancer.

La suggestion : le carpaccio végane

Afin de faire les premiers pas vers un Noël écoresponsable, le CELL propose sur son site une idée d’entrée végane : un carpaccio de betterave à la vinaigrette aux framboises. Une recette proposée par Line Bauer, consultante en nutrition et santé, formée en nutrition et naturopathie.

Pour quatre personnes, il faut disposer de 600 g de betterave rouge cuite, pelée et coupée en fines rondelles, de 100 g de mâche lavée et de 50 g de pignons de pin dorés dans une poêle. Pour la vinaigrette à la framboise, un mixeur est nécessaire afin de mélanger 3 cuillères à soupe d’huile d’olive, 1 cuillère à soupe de vinaigre de pomme, 100 g de framboises, 1 cuillère à soupe de sirop d’agave ou de miel, 1 petit oignon rouge pelé et coupé en morceaux, quelques feuilles de persil frais, une pincée de sel et de poivre noir moulu et environ 50 ml d’eau. Enfin, les lamelles de betterave sont à placer sur le plat, accompagnées de mâche, de pignons et arrosées de vinaigrette.