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« No money for terror » à Paris : le monde s’attaque au financement du terrorisme


Paris, ensanglantée par plusieurs attentats terroristes, accueille cette conférence d'experts et de ministres de 72 pays. (illustration AFP)

Près de 500 experts et 80 ministres de 72 pays vont plancher mercredi et jeudi à Paris sur le financement du terrorisme international, en particulier celui du groupe État islamique (Daech) et d’Al-Qaïda, et sur les façons de l’entraver.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé la tenue de cette conférence, baptisée « No money for terror – Conférence de lutte contre le financement de Daech et d’Al-Qaïda », lors de son discours aux ambassadeurs de France réunis à Paris fin août. Les travaux de cette conférence, qui se tiendront dans les locaux de l’OCDE, se dérouleront à huis clos, à l’exception d’un discours de conclusion d’Emmanuel Macron, jeudi en fin d’après-midi.

« La victoire militaire contre le califat est un succès important », a commenté mardi l’Élysée, « mais elle ne nous prémunit ni contre la résurgence de Daech, ni contre l’activité des groupes et individus ayant prêté allégeance à cette organisation – encore récemment en France – ou à Al-Qaïda ». « Pendant trois ans, de 2014 à 2016 », a-t-on ajouté de même source, « Daech a accumulé un énorme trésor de guerre, de l’ordre d’un milliard de dollars par an. Il a depuis circulé, au moins en partie, il est vraisemblablement quelque part (…) Ces groupes sont très doués pour utiliser les techniques les plus sophistiquées pour faire circuler les flux financiers, ils savent se jouer des frontières ».

La journée de mercredi sera consacrée à des tables rondes animées notamment par Bruno Dalles, directeur de la cellule anti-blanchiment du ministère français des Finances (Tracfin), ou François Molins, procureur de la République. La journée de jeudi sera ouverte par Peter Neumann, directeur de l’International center for the study of radicalisation du King’s College de Londres, auteur en août d’une étude remarquée intitulée « Don’t follow the money » (« Ne suivez pas l’argent »), dans laquelle il estimait que « la guerre au financement du terrorisme telle qu’elle est menée depuis 2001 a souvent été coûteuse et improductive ».

Des attaques low cost via un soutien conséquent

Les participants vont confronter leurs expériences et tenter de parvenir à un ensemble de « bonnes pratiques » qui pourraient par la suite tenter d’être globalisées, par exemple au niveau des Nations Unies, a précisé l’Élysée. Les enquêteurs et services anti-terroristes du monde entier ont été au cours des dernières années confrontés à des attentats ou des tentatives d’attentats, surnommés « terrorisme low cost », qui ont mobilisé de très petites sommes d’argent, difficiles voire impossibles à tracer et repérer à l’avance.

En janvier 2015, une chercheuse norvégienne, Emilie Oftedal, a étudié pour le compte du Norwegian Defense Research Establishment quarante cellules terroristes qui ont, entre 1994 et 2013, organisé ou tenté d’organiser des attentats en Europe. Le résultat est que dans les trois-quarts des cas le montant des sommes en jeu pour l’organisation des attaques n’a pas dépassé dix mille dollars. « Les terroristes collectent, transfèrent et dépensent l’argent de façon remarquablement ordinaire », écrivait-elle dans son rapport. « La source de financement la plus fréquente sont les salaires et les économies des membres, suivie par la petite délinquance ».

« Les attentats qui ont été commis sur le sol européen ou nord-américain coûtent certes très peu d’argent », a admis une source élyséenne. « Mais les groupes terroristes, qu’ils soient au Levant, au Sahel ou en Asie se comportent comme des organisations, qui ont des coûts de fonctionnement, de structure. Il faut recruter, former, équiper. Oui, il y a le terrorisme low cost, mais il faut aussi traiter du financement de ces organisations ».

Le Quotidien/AFP