Nina Basok, jeune Ukraino-Luxembourgeoise de 25 ans, continue de vivre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l’invasion russe. Alors que la ville se retrouve actuellement encerclée par les forces ennemies, elle nous raconte son quotidien.
Difficile de caler un rendez-vous avec Nina, tant la situation évolue d’heure en heure en Ukraine, envahie depuis plusieurs jours par les assauts de l’armée russe.
Cette jeune Ukraino-Luxembourgeoise a tenté de fuir Kiev, avec ses parents, la semaine passée. Mais sans voiture, impossible pour eux de relier la ville de Lviv, qui se trouve à 8 heures de route à l’ouest de la capitale, où plusieurs ambassades ont organisé des évacuations.
Pour l’heure, ils restent donc chez eux, dans un appartement situé sur la rive gauche de Kiev, faisant face à l’armée ennemie qui, ce mardi 1er mars encore, renforçait sa présence militaire aux abords de la capitale. Une ville quasiment assiégée, «coupée du reste du pays», comme l’explique Nina, que nous avons pu joindre par FaceTime lundi soir.
Des pillages dans les logements abandonnés
«On s’habitue, cela fait déjà 5 jours», nous confie-t-elle, le visage marqué, mais le sourire sur les lèvres, malgré tout. Nina n’a que 25 ans, mais vit actuellement sa deuxième guerre en moins d’une décennie, ici en Ukraine.
«C’est devenu trop dangereux pour nous de quitter Kiev, avec les Russes à nos portes. L’ambassade de Belgique (NDLR : qui s’occupe de l’évacuation des quelque 20 à 30 Luxembourgeois présents encore en Ukraine) ne peut pas garantir notre sécurité pour le moment. Et puis, il commence à y avoir des pillages dans la ville, dans les appartements laissés. Si nous devons partir, ce sera définitivement, sans retour en arrière. Alors nous restons pour l’instant, nous nous organisons pour faire face à tout cela», raconte-t-elle.
Provisions de longue durée, contacts avec des amis en dehors de Kiev, vigilance constante dès qu’il faut sortir dans la rue, le quotidien de Nina a beaucoup changé ces derniers jours. «L’atmosphère n’est pas vraiment calme, non. Nous entendons beaucoup de bombardements.»
«Rester dans le noir»
Chaque soir, sa famille et elle doivent systématiquement se réfugier dans un bunker, situé dans le sous-sol de leur immeuble. Les sirènes leur donnent le coup d’envoi. Une gymnastique qui entre malheureusement dans leurs habitudes désormais, même si, par chance, aucune frappe n’a encore touché leur quartier, à l’heure où nous écrivons ces lignes.
«Nous devons aussi éteindre toutes nos lumières le soir, rester dans le noir», détaille la jeune chercheuse. Une technique répandue à Kiev, afin d’éviter l’assaut de potentiels parachutistes russes en pleine nuit.
Les Ukrainiens s’organisent donc, pour faire face aux militaires russes et soutenir leur armée. Nina nous confie que beaucoup d’hommes se sont enrôlés dans des brigades pour prendre les armes aux côtés des soldats Ukrainiens et défendre leur pays.
Des «saboteurs» sont notamment arrêtés à Kiev par la population : «Les militaires russes peuvent être partout, ils n’hésitent pas à usurper l’identité d’Ukrainiens pour avoir des informations, s’infiltrer : alors nous faisons attention, surtout si une personne pose trop de questions», souligne Nina.
Une foi inébranlable
Pour elle, aucun doute que tous ces efforts vont payer : elle croit sincèrement à une victoire de l’Ukraine sur la Russie. «Ils ont peut-être plus de soldats, plus de moyens que nous, mais ce n’est pas ça qui importe. J’ai toute confiance en nos soldats ukrainiens», martèle-t-elle plusieurs fois au cours de notre interview.
«Je suis contente de savoir que tout le monde voit enfin le vrai visage de la Russie. Ils ne tiendront pas longtemps, surtout face aux sanctions économiques imposées par l’Europe», assure-t-elle.
Pour rappel, les pays occidentaux multiplient les annonces de sanctions économiques contre la Russie depuis plusieurs jours, en excluant notamment les principales banques russes du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.
«Je n’ai jamais été aussi fière d’être ukrainienne»
Une aide bienvenue pour Nina, qui avait peur que son pays ne soit laissé sur la touche, en proie aux attaques russes. Seul contre l’ogre Poutine. Mais alors que plus de 600 000 de ses compatriotes ont fui le pays, elle constate avec soulagement que l’Europe se montre bien solidaire.
«Nous avons des aides énormes de la part de la Pologne, qui se mobilise comme jamais. Tout comme la Slovaquie ou encore la Tchéquie, qui ouvrent leurs frontières et nous aident aussi. Je n’ai jamais été aussi fière d’être ukrainienne.»
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