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Natur musée : repenser la nature en ville


L’exposition est ouverte au public jusqu’au 18 octobre.

En parallèle du Luxembourg Urban Garden (LUGA), le musée national d’Histoire naturelle de Luxembourg vient de lancer une exposition sur la biodiversité en ville.

«Sous les pavés, la nature». Comment ne pas penser aux mouvements étudiants de mai 1968 en entendant ce slogan. C’est d’ailleurs pour cette raison que le musée national d’Histoire naturelle de Luxembourg a décidé de monter une exposition sur la biodiversité urbaine.

«Nous avons repris cette célèbre phrase pour dire que justement il y a toujours de l’espoir, même si la situation semble à première vue un peu désespérée», explique Thierry Helminger, cocommissaire de l’exposition du natur musée.

La première partie de l’exposition explore l’importance de la place de la biodiversité en milieu urbain et des bienfaits de la nature en ville. «Ils sont très nombreux, grâce à la nature, nous dormons mieux, nous sommes moins stressés. Les enfants montrent un développement précoce s’ils ont la possibilité de jouer dans des espaces verts», indique le commissaire de l’exposition, également botaniste au musée national d’Histoire naturelle.

Mais alors, comment laisser une place à la biodiversité dans un monde de plus en plus urbain. Au Luxembourg, par exemple, presque 90 % des habitants vivent dans un milieu urbanisé. Et les prévisions ne risquent pas d’arranger les choses. En 2060, un million de personnes résideraient dans la capitale.

Pour Thierry Helminger, la priorité reste la création de toutes sortes d’espaces verts. «Pour qu’ils aient une réelle valeur écologique, il est important d’utiliser des plantes indigènes. Ce sont des espèces qui sont originaires de la région (…). Elles sont peut-être moins voyantes, mais elles s’adaptent très bien et permettent de conserver la biodiversité locale.»

Des découvertes insolites

Mais cette biodiversité a dû également s’adapter au milieu urbain. C’est ce que dévoile la suite de l’exposition. «Nous avons remarqué que certains chants d’oiseaux étaient plus élevés, notamment pour se faire entendre dans l’environnement de la ville. Autre problème, comme il fait plus chaud dans les villes, certaines plantes peuvent fleurir plus tôt.

Cela peut ainsi avoir des conséquences pour les insectes pollinisateurs», explique Thierry Helminger en montrant un sachet de semences de plantes indigènes. Quand certaines s’adaptent, d’autres subissent de plein fouet les activités humaines.

«Une trame qui est parfois oubliée, c’est la trame noire. Ici, on montre le nombre d’espèces vivant la nuit. C’est le cas, par exemple, pour 100 % des chauves-souris, 20 % des oiseaux, 83 % des amphibiens, 60 % des insectes ou encore 80 % des papillons. La nuit, il y a encore beaucoup d’éclairage dans les rues. C’est pour cette raison qu’il faut aussi repenser les couloirs noirs dans les villes», ajoute le botaniste.

Dans les allées de l’exposition, on découvre que cette biodiversité locale est cachée dans des endroits parfois insolites. Sur un mur, une toiture, dans des haies, des jardins, elle fourmille de partout. «L’idée est justement de ne pas détruire cette biodiversité, mais de vivre avec elle», prévient Thierry Helminger.

Une biodiversité qui peut révéler des découvertes insolites. «Ici, nous avons des insectes qui s’appellent les psylles. Ils ont des ailes assez particulières qui permettent d’en déterminer l’espèce. Ils en ont trouvé près de 60 différentes à Luxembourg. Par exemple, ils ont découvert une espèce liée à un olivier qui était planté sur une terrasse, c’est assez fou», confie le commissaire de l’exposition.

Des gestes minimes mais nécessaires

Préserver cette biodiversité peut également passer par certains gestes, parfois minimes. Par exemple, choisir un nichoir adapté à une espèce d’oiseau particulière, réaliser des isolations ou constructions dans le respect de l’environnement, ou encore produire des plantes ou végétaux sans aucun besoin de terre.

Dans une salle de l’exposition, nous découvrons le principe de cette culture. «Les plantes sont alimentées par l’eau qui circule dans le système. Ce qui leur permet d’amener les nutriments nécessaires et de produire de la nourriture. On peut tout à fait faire cela dans un appartement. L’inconvénient est l’obligation d’un entrant d’énergie pour alimenter la source de lumière.»

Mais la meilleure chose à faire ne serait-elle pas justement de laisser la nature reprendre ses droits? La notion de «réensauvagement» peut être importante dans le contexte urbain. «Il faut laisser des parcelles sur lesquelles il n’y a aucune intervention humaine. Pour l’entretien des espaces verts, nous donnons plusieurs scénarios qui montrent quelles espèces se développent au fil des années si on arrête de tondre toutes les deux semaines pour passer à une fois par an, ou si on passe à l’écopâturage en installant un enclos avec des moutons, ou encore si on ne fait plus rien du tout», argumente Thierry Helminger.

Après ces différentes étapes qui amènent à réfléchir sur la notion de biodiversité en ville, l’exposition «Sous les pavés, la nature» a imaginé la ville de Luxembourg dans le futur. Plus de voitures, une ville remplie d’arbres.

Une vision un peu utopiste, mais qui fait réfléchir. Notamment sur le rôle des citoyens dans la biodiversité urbaine. Que seraient-ils prêts à faire pour la préserver? «Accepteriez-vous de céder votre place de parking pour laisser place à une parcelle verte? Seriez-vous prêt à tolérer un peu de verdure sauvage devant votre porte?». Et les réponses peuvent être surprenantes.

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