Les Rout Léiwen se sont remis d’aplomb mentalement face à la Bulgarie. Mais, contre le Bélarus, vont-ils repartir pour un combat en jouant finalement peu?
On dirait que dans la tête de Luc Holtz, l’essentiel est déjà fait en ce mois d’octobre. Son but principal était de reconquérir une mentalité de groupe et du fighting spirit, aux abonnés absents en septembre (pour deux faillites dans le jeu et l’engagement), mais qu’il assure avoir identifiés contre la Bulgarie. Pour l’heure, le sélectionneur ne va pas chercher beaucoup plus loin que cette réinitialisation fondamentale de l’état d’esprit : cela lui semble visiblement la meilleure garantie – la seule, vu la créativité actuelle de ses troupes? – pour recommencer à prendre des points dans ce «football moderne qui mise de plus en plus sur le physique».
Le technicien, chantre inconditionnel du jeu, pourfendeur depuis plus de quatorze ans d’un football luxembourgeois trop timoré à son goût, assure ne pas avoir eu l’impression de perdre son temps à Plovdiv, dans un match à seulement deux occasions de but pour ses couleurs, dont une sur phase arrêtée. Deviendrait-il essentiellement pragmatique avec l’âge?
En tout cas, après ces 90 minutes où ses joueurs ont passé leur temps à échanger des coups dans les tibias et des mandales pleine poire avec un adversaire «à la limite de la méchanceté», ne lui répondant que sur le terrain sur lequel il avait décidé d’amener les Rout Léiwen, c’est-à-dire celui du combat, il a dit… avoir pris du plaisir. «Un match qui se joue sur le combat physique, ça me plaît aussi beaucoup. Et jouer long, cela peut aussi être une tactique. Il ne faut pas jouer pour jouer. Le but est de créer des occasions. Sur certains matches, c’est plus dur de jouer. Il faut savoir s’adapter.» La pression d’une descente en Ligue D nous l’a changé…
Le groupe le plus triste de Nations League ?
Le sélectionneur a aussi consenti au fait que ses joueurs auraient sans doute dû mettre plus la pression à l’arbitre slovène du match, coupable de ne pas avoir expulsé Kolev pour un vilain coup de poing à Korac. Deviendrait-on un peu moins poète quand le danger se rapproche et que l’on joue sa survie? Il n’empêche, on a aussi le droit d’être d’accord avec un entraîneur frustré : si le Grand-Duché doit devenir cynique, autant qu’il le fasse jusqu’au bout et défende son statut d’équipe de Ligue C avec tous les moyens licites à sa disposition. Y compris le sentiment d’injustice.
Comment survivre à ce groupe 3 de la Nations League, sans doute le plus triste de l’histoire de la compétition ? On y marque 0,6 but en moyenne par match quand dans les trois autres groupes, on est sur du 2,8 buts inscrits par rencontre. C’est sans doute le prix de l’homogénéité de niveau annoncée par Holtz après le tirage au sort, celle-là même qui allait aussi forcément mettre en danger une équipe qui ne serait pas intrinsèquement plus mauvaise que ses trois adversaires. Il y avait une chance sur quatre que ça tombe sur le Grand-Duché, mais on dirait bien que le hasard a choisi sa victime, conditionnée par la frustration de l’élimination aux portes de l’Euro en mars, une frustration épargnée aux trois autres nations qui composent le groupe. Il reste désormais trois rencontres aux Rout Léiwen pour contrarier le cours d’une histoire mal embarquée.
Pour ne pas changer, la nation devrait remettre une partie de son destin entre les pieds de Gerson Rodrigues, pressenti pour être sur le terrain au coup d’envoi, malgré sa mise à l’écart de septembre, malgré son temps de jeu famélique en club, malgré sa bouderie de samedi à l’annonce des titulaires, malgré son rendement offensif insuffisant. Avec tout ça, le rasta est capable de nous faire oublier à lui seul un mois de septembre déplorable et un jeu encore loin d’être redevenu flamboyant. Vu l’ampleur du danger, s’il se sent de jouer les héros dans un match qui ne s’annonce encore une fois pas dingue, on prend…