Raphaël Stacchiotti rentre tout juste d’un stage en Turquie. Le nageur, déjà qualifié pour les JO, s’apprête à se préparer d’une manière forcément particulière pour un événement qui reste hypothétique.
Comment allez vous?
Raphaël Stacchiotti : Moi, je vais bien. Je ne peux pas vraiment me plaindre au vu de la situation.
Où êtes-vous actuellement?
Chez moi. Je suis rentré de stage dimanche. J’étais en altitude à Erzurum, en Turquie, pendant trois semaines.
Donc, quand vous êtes parti, la situation n’était pas encore aussi terrible qu’actuellement?
Non. On savait qu’il y avait quelque chose, mais on n’imaginait pas que ça prendrait de telles proportions. Sur place, tout s’est passé normalement, on a très bien travaillé. Mais c’est vrai que sur la toute fin du stage, on a senti que la situation évoluait. Toutes les frontières se fermaient les unes après les autres, on a eu du mal à trouver un avion pour rentrer. L’aéroport était blindé, mais les vols assez vides. Je pense que si le stage avait duré une semaine de plus, on serait quand même partis dès ce week-end, car lundi, ils fermaient tout.
Sur le plan sportif, comment abordez-vous ce qui se passe actuellement?
Je dirais qu’en ce qui me concerne, je me considère comme chanceux. J’ai déjà mon billet pour les JO. Si j’arrive à bien gérer mes entraînements, ça ira. Je me doute que pour les autres, qui n’ont pas encore leur qualification pour Tokyo, c’est beaucoup plus compliqué.
En termes d’entraînement, comment allez-vous faire?
J’ai la chance de pouvoir me garder en cannes. Le LIHPS (NDLR : Luxembourg Institute of High Performance in Sports) et la Coque m’ont fourni du matériel de muscu et de cardio. Je dois voir si je peux éventuellement avoir accès seul à une piscine, mais si ce n’est pas le cas, je peux au moins me préparer physiquement. De toute façon, on est bien d’accord qu’il y a, à l’heure actuelle, des choses bien plus graves et importantes que le sport.
Mardi, le CIO a décidé… de ne rien décider concernant la tenue ou non des Jeux olympiques. Quel est votre avis sur cette décision, qui n’en est pas une?
Personnellement, je pense qu’ils veulent tout faire pour être en mesure d’être prêts si la situation venait à s’améliorer. Il reste encore quatre mois et la chance qu’on a, c’est que les Jeux se passent à Tokyo. Et que pour la première fois, peutêtre, de l’histoire, la ville qui accueillent les JO est prête longtemps à l’avance. Cela signifie qu’au niveau de l’organisation, l’événement peut avoir lieu. Jusque-là, j’envisage une Olympiade!
D’après vous, les JO auront lieu?
Je n’ai pas voulu me positionner jusqu’à présent. C’est très délicat pour ma carrière sportive. Il faut simplement être patient et attendre les décisions des gouvernements et du CIO. Maintenant, si on doit rester pendant trois mois en quarantaine, comme on le voit en Chine, ou en Italie… si on arrive à la mi-juin et que la situation n’a pas évolué, il faudra se rendre à l’évidence et annuler.
Vous imaginez une annulation ou un report?
Je ne sais pas ce que c’est comme Everest en termes d’organisation. Mais si d’ici à la mi-juin, les athlètes ne peuvent pas se préparer, on peut se demander si ça vaut même la peine. Est-ce que ça ferait du sens de les reporter. En tout cas pour moi, les JO doivent se tenir cette année ou pas du tout. Je suis totalement contre l’idée de les reporter à l’année prochaine par exemple. Les années olympiques, c’est les années olympiques. Maintenant, ce n’est que mon avis personnel.
En attendant, vous êtes coincé à la maison?
Avec Christophe (NDLR : Christophe Audot, son entraîneur), on est en train de me monter un programme d’entraînement spécifique. Je peux me préparer dans les meilleures conditions possibles. Sinon, je sors me promener en forêt avec mon chien, je fais les courses en alternance avec ma copine. Je ne suis là que depuis trois jours, mais je constate une énorme solidarité. On voit des gens qui se mobilisent pour aider des personnes à faire leur course, promener leur chien. Ce que j’ai envie de dire, c’est qu’il faut que les gens respectent les règles. Il faut s’y tenir, sinon on va perdre.
Hormis l’entraînement et vos proches, vous avez prévu de faire quoi d’autre de votre temps à la maison?
Comme tout le monde, regarder la télé. Jouer aux jeux vidéo. Personnellment, je suis un grand fan de F1, c’est mon sport préféré. Je vais faire des courses en ligne avec ma voiture perso, blanche et dorée. Je trouve ça classe. Sinon, ce serait rouge.
Pour quelle raison?
Je suis un amateur absolu de Ferrari. Je suis pour tous les pilotes à bord d’une Ferrari tant qu’ils sont chez Ferrari. Hormis peut-être Kimi (Räikkönen), lui il est pour toujours dans la Scuderia. Kimi, c’est la classe!
Entretien avec notre journaliste Romain Haas
Dans cette actualité, il faut le dire, vraiment anxiogène, Raphaël Stacchiotti apporte un peu de sourire. En effet, il a annoncé sur les réseaux sociaux que lui et sa compagne attendaient… des jumeaux!