Pit Brandenburger a repris l’entraînement voici un peu plus d’un mois. Mais pour l’heure, la motivation n’est pas franchement au rendez-vous. Et son corps réagit en conséquence.
Comment ça se passe ? Je vais être honnête : pas bien du tout!» Pit Brandenburger n’est pas quelqu’un qui cherche à embellir les choses. Il est plutôt cash : quand ça va, on le sait et quand ça ne va pas, on le sait également.
Comme ses compatriotes Raphaël Stacchiotti, Julien Henx ou encore Monique Olivier pour ne citer qu’eux, le nageur antibois a repris la direction de l’entraînement depuis début mai, à la Coque. Après plus de deux mois sans se mettre à l’eau, il ne savait pas trop comment son corps allait réagir. Mais ce qui semblait acquis, c’est que le problème de surentraînement, diagnostiqué plus tôt dans la saison, n’avait forcément plus de raison d’être. Puisqu’il n’y avait plus d’entraînement depuis belle lurette.
Au début, la reprise s’est effectuée en douceur. Et sans trop de souci. Ça, c’était pendant les quatre premières semaines. Mais c’est à partir de la cinquième que ça a commencé à se gâter : «J’ai un problème nerveux et musculaire que je n’arrive pas à résoudre. J’en ai parlé à Christophe (NDLR : Audot, son coach), un jour je lui ai dit que je ne me sentais pas bien. Je suis resté à la maison. Ensuite, j’ai été mis au repos une semaine et demie, pendant laquelle je n’ai rien fait. J’ai repris lundi et alors que j’ai nagé même pas 4 000 m, j’avais les bras chargés de ouf !»
En clair, alors que 4 000 m à un rythme plutôt tranquille («je faisais du souple, du très souple, même») n’est normalement qu’une simple formalité pour un athlète de haut niveau comme lui, il se retrouvait dans le même état que s’il était allé puiser au fin fond de ses ressources pour aller claquer un chrono de folie. Bref, ce n’est pas normal : «Il y a des bonnes douleurs musculaires. Celles qu’on ressent après avoir fait un entraînement et des séries durs. Ça fait mal et tu sais pourquoi. Mais là, ça fait mal, mes bras sont en béton et tu ne sais pas pourquoi.» On évoque une possible contracture, mais ce n’est pas l’avis de Brian Rasmussen, le kiné : «Pour lui, c’est le système nerveux qui a un blocage quand je fais un effort.»
Blocage physique dû à un blocage psychologique
Le blocage physique serait donc une conséquence d’un blocage, davantage psychologique. Une éventualité confirmée par le principal intéressé : «C’est vrai que souvent, chez moi, quand j’ai un souci, cela se ressent dans ma manière de nager. Quand je suis préoccupé, je n’arrive pas à me concentrer sur ce que je fais dans l’eau.»
Et si on cherche un peu, on peut trouver des raisons à ce blocage. Elles sont multiples. La première, c’est une forme de démotivation : «Je suis quel-qu’un qui aime bien avoir un but. Là, on n’en a aucun, on s’entraîne, mais sans avoir de courses en vue.» Et il est vrai que hormis peut-être un prestigieux meeting à Rome au mois d’août, la plupart des autres compétitions et grands championnats ont été reportés à l’année prochaine. On dit souvent que la lumière fait du bien. Or, depuis le début du mois, les nageurs, qui avaient jusqu’alors toute la piscine pour eux, ont dû laisser la place au grand public. Ils se retrouvent ainsi dans la «cave», en sous-sol, où ils ont à disposition une piscine de 50 m dans laquelle ils peuvent s’entraîner sereinement : «Vraiment, je n’aime pas du tout cet endroit. Il n’y a pas de lumière, c’est bruyant, l’ambiance est lourde. C’est dur de se motiver dans ces conditions.»
L’acupuncture, remède miracle ?
Le but est avant tout de reprendre du plaisir en s’entraînant. Et quand on lui demande à quand remonte la dernière fois où il s’est éclaté dans l’eau, la réponse fuse : «En janvier, en stage en Afrique du Sud. Je volais!»
Alors qu’il s’apprête à regagner Antibes d’ici une dizaine de jours, Pit Brandenburger espère résoudre ce fameux problème. Et il a peut-être trouvé la solution. Enfin, Brian a peut-être trouvé la solution : l’acupuncture. «Il m’a dit qu’on allait essayer ça. J’ai fait une première séance lundi. Je pensais que ça allait faire mal, mais pas du tout. Tu sens quand il enfonce l’aiguille dans le muscle et qu’il atteint le trigger point, c’est un peu désagréable, un peu comme un spasme, mais ça va», confie le nageur de 24 ans à qui les aiguilles ne font pas peur, vu qu’il est adepte du tatouage. On l’a prévenu qu’il ressentirait comme des courbatures : «J’ai l’habitude d’en avoir, bien sûr. Mais là, je me suis retrouvé comme un robot, je ne pouvais plus ni plier ni tendre le bras.» D’après le kiné, encore quelques séances et ça devrait aller. Si la tête suit et qu’il retrouve de la motivation, ça devrait aller !
Romain Haas