La nuit de samedi à dimanche a été marquée en France par de nouvelles émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre lors d’un contrôle routier, mais les autorités ont relevé une décrue des violences, quelques heures après l’enterrement du jeune homme, malgré le choc de l’attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, près de Paris.
Vers 01h30, alors que le maire de ce chef-lieu d’arrondissement du Val-de-Marne, Vincent Jeanbrun (LR), se trouvait dans son Hôtel de ville, des émeutiers ont lancé une voiture-bélier sur sa maison avant d’y mettre le feu, a-t-il indiqué.
Sa femme a été hospitalisée après avoir été blessée au genou, ainsi qu’un de ses deux jeunes enfants, qui l’a été plus légèrement, selon l’entourage de l’élu. Une enquête a été ouverte pour tentative d’assassinat.
Au petit matin de dimanche, le pavillon de banlieue du maire, gardé par la police, portait les stigmates de l’attaque, avec un portail enfoncé et une clôture noircie par les flammes, selon des images AFP.
« Cette nuit, un cap a été franchi dans l’horreur et l’ignominie », a estimé le maire de cette ville de plus de 30.000 habitants.
Ailleurs, cette cinquième nuit de violences urbaines a été dans l’ensemble de moindre intensité que la précédente.
Selon le ministère de l’Intérieur, 719 personnes ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche, contre 994 samedi à la même heure.
À ce stade, 45 policiers et gendarmes ont été blessés, 577 véhicules et 74 bâtiments ont été incendiés et 871 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique, a ajouté le ministère. Dix commissariats, 10 casernes de gendarmerie et 6 postes de police municipale ont également été pris pour cible.
« Nuit plus calme grâce à l’action résolue des forces de l’ordre », s’était réjoui Gérald Darmanin sur Twitter vers 3 heures du matin.
Dégâts matériels
Marseille et l’ensemble de l’agglomération lyonnaise sont les deux villes les plus touchées par les violences, comme la veille, a indiqué à l’AFP une source policière.
Outre l’attaque à la voiture bélier du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, le véhicule de fonction du maire de La Riche, près de Tours en Indre-et-Loire, a subi un début d’incendie, a-t-on indiqué de même source.
Après les nombreux pillages commis en France la nuit précédente, un important dispositif avait été déployé à Paris le long des Champs-Elysées. Tout au long de l’avenue, des petits groupes de jeunes vêtus de noirs ont déambulé sous les yeux de CRS devant les commerces, dont les devantures étaient protégées de planches de bois.
Les derniers groupes ont été évacués avant 02 heures.
Selon un bilan encore provisoire du parquet de Paris, 153 personnes dont 47 mineurs ont été placés en garde à vue, contre 103 samedi à la même heure.
Peu d’incidents sérieux ont été rapportés en banlieue parisienne, point de départ des émeutes. Des policiers ont été toutefois la cible de tirs de mortiers d’artifice à Vigneux (Essonne).
Dans les Yvelines, un local associatif a été incendié à Mantes-la-Jolie et un autre à Limay, a-t-on appris de source policière.
« À l’instar de la nuit précédente, des dégâts matériels ont été recensés dans plusieurs communes », notamment au Mée-sur-Seine et à Lognes, a indiqué la préfecture de Seine-et-Marne, qui fait état d’une « baisse importante d’intensité et du nombre des violences » et d’une « absence de simultanéité des faits ».
700 pillages
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort de Nahel lors d’un contrôle routier à Nanterre ont choqué jusqu’au sommet de l’État, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.
Plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, ont mis à jour leurs conseils aux voyageurs en leur recommandant de ne pas se rendre dans les zones concernées par les violences.
Samedi, Nahel a été inhumé en fin d’après-midi au cimetière du Mont-Valérien à Nanterre en présence de sa mère, de sa grand-mère et de plusieurs centaines de personnes lors d’une cérémonie « très calme, dans le recueillement et sans débordement », a rapporté un témoin à l’AFP.
Les scènes de destruction et de pillages de commerces qui secouent de nombreuses villes de France ont suscité la stupeur et la colère de leurs habitants.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a recensé samedi plus de 700 pillages en quatre nuits de troubles : 200 enseignes de la grande distribution attaqués et pillés – dont 15 incendiés -, 250 débits de tabac mais aussi 250 agences bancaires, des magasins de toutes tailles, des établissements de restauration rapide.
Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre la police ou l’État ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Le policier de 38 ans auteur du coup de feu qui a tué Nahel est mis en examen pour homicide volontaire et incarcéré.
Cette voyouterie généralisée n’a plus rien à voir avec le voyou de 17 ans qui conduisait sans permis une puissante cylindrée louée(volée?) et ne s »arrête pas quand un policier lui en donne l’ordre.