Daniel Balthasar, un des représentants majeurs de la pop grand-ducale, est de retour dans les bacs avec un sixième album studio, Presence of Absence.
L’absence est-elle une présence comme les autres ? Le sujet pourrait servir d’énoncé lors d’un examen pour un master de philosophie. C’est pourtant l’idée principale du nouvel album de Daniel Balthasar, Presence of Absence. Un titre dans la lignée de ses précédentes galettes, que ce soit les albums (Walk Under Water ou Everything Is Temporary) ou les EP (The World Is a Mess).
Quatre ans après son dernier album ( Everything Is Temporary ) et deux après son ultime EP ( The World Is a Mess ), Daniel Balthasar sort Presence of Absence . Un sixième album selon l’histoire officielle du chanteur, qui oublie volontairement sa toute première galette portant son nom, sortie en 1998. « Le premier CD, je l’avais enregistré chez moi, en solo. Là, c’est mon sixième album réalisé en groupe et dans des conditions professionnelles », note Daniel Balthasar.
Professionnelles au point de l’avoir enregistré dans trois studios différents, mastérisé par un triple lauréat d’un Grammy, et fait accompagner par de nombreux artistes invités : Josh Oudendijk, Deborah Lehnen, Jim Brimeyer, Jimmy Leen ainsi que Noémie Wolfs, ancienne chanteuse de Hooverphonic. « C’est toujours plus gai quand on est à plusieurs , assure le chanteur. Avoir des invités sur un album, c’est toujours un plus. Ça donne des couleurs supplémentaires à un enregistrement . »
Est également invité un ensemble à cordes composé de douze violons et violoncelles qui accompagnent cinq des onze chansons pop-rock et autres ballades que l’auteur a enregistrées pour ce Presence of Absence . Enfin, onze… Là encore, l’histoire officielle en retiendra douze, l’album proposant effectivement un bonus track. « J’ai toujours adoré les cordes. Les instruments à cordes, les archets, ça donne quelque chose de majestueux et vivant à un morceau. J’avais quatre chansons avec cet ensemble de cordes enregistrées en Belgique. Mais comme on avait encore du temps de studio disponible avec eux, une nuit j’ai composé une « miniature pour cordes » qu’on a aussi enregistrée et mise sur le CD. »
Pour le reste, l’auteur-compositeur-interprète se penche non sans une certaine mélancolie sur l’absence. « Presque tous les morceaux de l’album parlent de quelque chose qui manque », assume-t-il, persuadé que « quand tu crées quelque chose, tu le fais généralement parce qu’il y a quelque chose qui te manque! ». Alors, que lui manque-t-il? « Je ne saurais pas dire. Je suis une personne heureuse dans la vie, je n’ai pas spécialement à me plaindre, mais justement dans ma musique j’exprime un peu ce que je n’exprime pas dans mon quotidien. En ce qui me concerne, la musique fonctionne comme un filtre; si je ne composais pas des chansons, je serais peut-être moins heureux dans ma vie .»
Du coup, ses compositions clairement teintées de pop ne sont pas ultradansantes, de celles sur lesquelles on se déhanche lors d’une fête entre amis. Si certains morceaux ne manquent pas de rythme, un album de Daniel Balthasar s’écoute plutôt autour d’un bon verre en prêtant si possible attention aux textes, tous en anglais, de l’auteur et aux mélodies proposées par le «band». Un band avec d’ailleurs un nouveau bassiste, Sebastian «Schlapbe» Flach.
L’album, très différent de l’acoustique The World Is a Mess , a été enregistré en studio, mais dans les conditions du live. Ce qui donne à la fois quelques imperfections et quelque chose de très vivant. « Dans la musique pop-rock, le charme d’une chanson pop vient souvent de son imperfection », assure Daniel Balthasar, par ailleurs autodidacte à la guitare et qui aime citer John Lennon : « I’m an artist, and if you give me a tuba, I’ll bring you something out of it » («Je suis un artiste, si tu me donnes un tuba, j’en tirerai quelque chose»).
Des chansons et des photos
En tout cas, l’album offre 46 minutes de plaisir musical, avec des moments où la dynamique pop prend clairement le dessus et d’autres, plus acoustiques, où une certaine intimité se dévoile. Un album, d’ailleurs, proposé sur un enregistrement SACD (Super Audio CD) en stereo surround sound 5.1, autrement dit, proposant à l’auditeur disposant d’un lecteur spécifique et d’un système d’enceintes surround un son immersif rare pour un enregistrement de musique pop.
Lancé officiellement le 24 mars dans le cadre du Springbreak, Presence of Absence est désormais disponible sur la page web du chanteur, sur les différents sites de musique à la demande, en version CD et vinyle à la CD-Buttek Beim Palais à Luxembourg ou en vente lors des concerts du groupe – samedi 15 avril à 13 h 30 au kiosque de la place d’Armes en Ville pour le prochain.
Un support physique qu’on ne peut que recommander, tellement le livret qui accompagne le disque est pertinent. Non seulement il propose les textes de toutes les chansons, mais, en plus, il offre un ensemble de photos de Véronique Kolber, en lien avec le titre de l’album. Au sujet de la photo de couverture, Daniel Balthasar explique : « C’est une photo du Grand Canyon prise par Véronique en 2011 pendant notre voyage de noces. On voit la montagne et le canyon. Le canyon, c’est l’absence. La montagne, la présence, mais le canyon est tout aussi vrai que la montagne. L’absence est donc autant là qu’une présence .»
Pablo Chimienti
Presence of Absence, de Daniel Balthasar.