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[Musique] Le Cabaret Vert sonne toujours plus fort


(Photo : c. detroz)

Alors que sur ses scènes se succèdent ces jours-ci Justice, The Libertines ou Shaka Ponk, le Cabaret Vert dévoile un nouveau visage, en équilibre entre les promesses d’un gros festival et un double credo écolo et local.

On ne présente plus le Cabaret Vert, festival associatif et écolo qui déploie chaque année ses scènes en plein cœur de Charleville-Mézières, dans les Ardennes françaises. Pas la peine : depuis l’épisode pandémique, l’évènement refait lui-même les présentations. En 2021, faute de rassemblements sans masque ni jauge réduite, le Cabaret Vert s’était réinventé sous une forme éphémère, prenant le nom de Face B; en 2022 et 2023, c’était cinq jours de fête et de musique qui étaient proposés, contre quatre habituellement. Avec l’année blanche du covid, surtout, le chef-lieu des Ardennes a vu la mise à feu de la réhabilitation de l’ancienne usine La Macérienne, soit un espace de 10 000 m² autour duquel s’est déployé le festival, permettant à celui-ci de mettre en branle ses belles idées pour l’avenir.

En 2024, pour sa dix-neuvième édition, le Cabaret Vert fait encore peau neuve, cette fois pour durer. Il y a tout d’abord le retour à la formule historique de quatre jours, avec une particularité toutefois : le dimanche, «journée habituellement tournée vers un public local et familial, alors que le plus gros des festivaliers remballe ses affaires ou est déjà reparti», devient une «vraie» journée de festival, avec la rage de Korn et de Shaka Ponk en forme de double déflagration finale, explique le directeur adjoint de la manifestation, Cédric Cheminaud. L’organisateur en parle déjà comme du «meilleur dimanche de l’histoire du festival», et on lui donne raison.

Même les plus vieux habitués vont être déstabilisés

Ensuite, il y a le déplacement de la scène principale, «Zanzibar», qui quitte son emplacement traditionnel du stade Bayard (où se trouve maintenant la scène «Illuminations») pour aller s’étendre pratiquement jusqu’aux abords de La Macérienne, au niveau de l’ancienne entrée du festival. «Même les plus vieux habitués vont être déstabilisés, assure Cédric Cheminaud. Et pas qu’eux! C’est ce réaménagement qui nous a amenés à repenser tout le lieu.» Il rembobine : «Les travaux de dépollution ont été nécessaires pour garder le festival à sa place, en même temps qu’il est monté en puissance.» Hier, PJ Harvey et Queens of the Stone Age, pointures du rock venues jouer pour la première fois au «Cab’», ont assuré le show pour inaugurer le nouveau lieu, où doivent encore se produire le rappeur 21 Savage, le duo electro Justice ou Pete Doherty et ses Libertines.

«Tourné vers la Meuse»

Malgré son affiche XXL et face aux autres gros festivals français, dans un secteur devenu hyperconcurrentiel, le Cabaret Vert continue d’avancer fidèle à son credo à taille humaine : priorité à «l’implantation territoriale». «Quand on entend parler des Ardennes, généralement, c’est pour le chômage, la ruralité et la météo qui donne peu envie. Le festival a depuis ses débuts eu à cœur de montrer que c’était bien plus que ça, et il l’a depuis largement prouvé», analyse son directeur adjoint. Cette année plus que jamais? La dernière des nouveautés, et pas la moindre, est que le Cabaret Vert est cette année «tourné vers la Meuse», autrement dit réimaginé le long du fleuve qui traverse la ville.

Un cadre charmant et bucolique qui colle bien à l’un des deux plus gros festivals associatifs de France (l’autre étant les Vieilles Charrues), et qui conforte toujours plus son travail écocitoyen. Le Cabaret Vert, après tout, a été pionnier en matière de «décarbonation» et de «tri des déchets», et cherche encore à élargir ses partenariats pour faciliter l’accès du public et l’inciter à utiliser les transports en commun (sont déjà en place des services de bus spéciaux ou le voyage en train régional à un euro le billet). Le bilan carbone du festival révèle que 55 % de ses émissions de CO2 sont liées aux déplacements, prévient Cédric Cheminaud, qui assure «travailler sur ces questions».

Reste que le modèle à part du Cabaret Vert doit composer avec la conjoncture actuelle, qui comprend l’inflation de toutes parts et le budget pharaonique accordé aux artistes : en 2022, Christian Allex, programmateur du festival, estimait «le budget d’une année normale» à «6 500 000 euros», quand l’édition 2024 a coûté près du double. Dans ce contraste, Cédric Cheminaud rejette la «culture du chiffre» et relève tout le paradoxe : «L’année dernière, on a fait 127 000 entrées, un record de fréquentation, mais avec au final un bilan financier négatif. Alors, on fait encore deux exercices comme celui-là et on est cuits.» De gros travaux en petits réajustements, le Cabaret Vert marche en tout cas d’un pas assuré vers sa nouvelle forme définitive. D’autant plus que le réaménagement des scènes pourrait permettre au festival de monter sa jauge cumulée à «40 000 personnes». «Cette question, on ne se la pose pas encore, mais on sait que c’est une possibilité, qui en outre pourrait consolider notre modèle économique», le festival ambitionnant d’être «complètement autonome d’ici à 2030», selon le directeur adjoint.

Jusqu’à dimanche. Charleville-Mézières.

 

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