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Muller : « Maintenant, je n’ai plus besoin de souffrir »


Gilles Muller met fin à sa carrière suite à cette ultime défaite sur les cours de New-York, lundi soir (photo AFP).

Quelques minutes après sa défaite contre Lorenzo Sonego, lundi à l’US Open, le meilleur joueur luxembourgeois de tous les temps est revenu sur son match mais aussi tout ce qui l’a entouré et son futur.

Vous avez souvent pensé dans ce match au fait que c’était le dernier? Que tout ce que vous faisiez, c’était peut-être bien pour la dernière fois en tant que professionnel ?
Gilles Muller : J’y ai souvent pensé depuis que je suis arrivé à New York. Déjà du fait que c’était mon dernier voyage lié au tennis. Et puis, à chaque fois que je m’entraînais avec un autre joueur, je me disais que c’était peut-être bien la dernière fois. Ce matin encore, je me suis dit que cela pouvait être mon dernier match. Et puis, pendant la rencontre, cela m’est évidemment repassé par la tête. Mais sans m’handicaper parce que je me sentais bien relâché sur le court. Après, je n’ai pas sorti la prestation que j’aurais voulue. Mais j’ai été content de vivre ce match, ce qui n’a pas forcément été le cas pendant le reste de cette saison à cause de mon coude.
Vous avez souvent jeté un œil à votre famille qui était présente en bord de court pour vous encourager ?
J’étais très content qu’elle soit présente ici. Et oui, parfois, j’ai cherché leur regard. C’était le moment parfait pour arrêter.
Quelle émotion avez-vous ressentie juste après le dernier point ?
Le tout premier, c’était que j’étais très content que ce match soit fini et que j’allais enfin pouvoir rejoindre les vestiaires qui sont climatisés (il rit). Tellement je n’en pouvais plus. Après, vous me connaissez, je ne peux être que déçu à la suite d’une défaite. Surtout face à un joueur, on va dire, « moins connu ». Et je dis ça avec beaucoup de respect. J’aurais préféré tirer ma révérence en me mesurant à un Karen Khachanov, qui est membre du top 30 et que j’aurais pu affronter au tour suivant. Mais je m’étais préparé à cette éventualité. Je savais que mon tennis n’est plus au même niveau qu’il était la saison dernière. Cela s’est clairement vu ces derniers mois. Du coup, cela n’aurait pas été facile, quel que soit mon adversaire. D’un côté, je suis content d’en avoir fini. De l’autre, j’arrête quelque chose que je faisais depuis mes 15 ans… C’est donc un sentiment mitigé qui m’anime. Enfin, je me dis que désormais, je n’ai plus besoin de souffrir (NDLR : vu ses soucis au coude).
Et maintenant, qu’allez-vous faire ?
Si vous me demandez ce que je vais faire là, tout de suite, la réponse est : bien me reposer. Je vais aller à l’hôtel pour récupérer physiquement, avec la clim (il sourit). J’ai aussi des obligations médiatiques et puis, je vais aller dire au revoir à tous ces gens que je croise depuis des années sur le circuit.
Et à plus long terme ? Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?
Il y a plusieurs pistes qui s’offrent à moi. L’après-carrière, c’est quelque chose qui se prépare avec un peu d’avance. J’ai pris mes renseignements à droite à gauche. Et des projets se présentent. Ils devraient se concrétiser dans les deux ou trois mois. Après, je compte prendre un peu de temps pour moi aussi. Je ne commencerai pas tout ça avant la fin de cette année. J’ai pas mal voyagé ces quatre dernières saisons. Cela a été éprouvant. Et je dois me sentir à 100 % pour me lancer dans ces nouveaux projets.
Et ces derniers sont dans le domaine du tennis ?
Certains oui. Cela reste dans le sport. Et au Luxembourg. Car je veux aider à développer ça dans mon pays.
Vous avez reçu beaucoup de marques de sympathie depuis l’annonce de votre fin de carrière ?
Peu de monde le savait parce que je n’avais pas envie de le crier sur tous les toits. Mais on m’en a quand même beaucoup parlé. Pour me féliciter. Pas que des joueurs. Des gens de l’ATP aussi que je côtoie depuis des années désormais. Je vais aller toutes les saluer. En espérant n’oublier personne.

Entretien avec Julien Carette