Comment analyser la défaite de Gilles Muller, face au Letton Ernests Gulbis, lundi au premier tour de Roland Garros? Sur le papier, le match semblait jouable, avec un tirage « ni bon ni mauvais ». La sortie de route (6-2, 4-6, 4-6, 3-6) mérite que l’on s’y penche.
Mauvaise gestion des moments clefs
Si «Mulles» a obtenu les six premières balles de break de la partie, en en convertissant deux de manière à remporter la première manche sur le score de 6-2, son adversaire balte a réussi ensuite à remporter les trois premières qu’il s’est octroyées pendant que le Reckangeois, lui, gaspillait. Ce qui changea toute la suite de la rencontre. «Je ne sais pas combien de balles de break j’ai eues dans les trois premiers sets… C’est difficile de gagner quand tu concrétises aussi peu. Je dois être à quoi? 2 sur 20?», pestait Muller. Le bon chiffre est 3 sur 16. Mais cela ne change pas grand-chose. Le 5 sur 9 du Letton dans ce match fait quand même la différence et explique son gain des deuxième et troisième sets, sur un double 6-4, puis du quatrième (6-3).
Le tournant de cette partie se situe sans nul doute dans la troisième manche. «Mulles» a mené 2-0, obtenant même une balle de 3-0, avant de voir Gulbis revenir, le dépasser à 2-3 puis empêcher le débreak d’un «Mulles» qui a mené 0-40 dans le jeu suivant.
«C’est à ce moment-là que cela s’est compliqué pour moi. Mais c’est lorsque j’ai perdu cette troisième manche que quelque chose s’est cassé en moi. J’étais sur ma chaise, mené 2 sets à 1 alors qu’avec un peu de réussite j’aurais pu l’emporter en trois manches… Mais cette chance, je n’arrive plus à me la créer. C’est très frustrant. Cela m’a fait exploser physiquement et mentalement…»
En manque de premières balles…
Quand on jette un œil aux statistiques de cette rencontre entre Gilles Muller et Ernests Gulbis, outre les balles de break converties, l’autre chiffre qui saute aux yeux concerne l’arme n° 1 de Gilles Muller : son service. Ou plutôt la qualité de sa première balle. Elle est passée à 78 % du temps au 1er set, à 45 % au 2e, à 39 % au 3e et, enfin, à 56 % au 4e.
«C’est surtout dans le 4e set que cela m’a fait mal. Avant ça, même si mon pourcentage était fort bas, je parvenais à obtenir des occasions pour mener. Et puis, ma deuxième balle n’est pas mal non plus», expliquait un Gilles Muller qui se tracasse tout de même de voir cette situation perdurer depuis l’entame de cette saison. Et il se demande forcément si cela n’a pas un lien avec le souci au coude qui l’a tant contrarié et l’ennuie toujours.
«J’avoue que je me pose la question, oui… Parce que j’ai souvent tendance cette année à connaître des baisses de rythme au niveau de mes mises en jeu, mais aussi des passages où ma première balle ne passe pas une dizaine de fois de suite. Et on n’arrive pas à trouver la solution…»
Gestion émotionnelle difficile
«J’ai aussi explosé sur la fin parce qu’au niveau émotionnel, cela a été très dur ces derniers jours», a également expliqué «Mulles», faisant évidemment référence au décès de Marcel, son papa, qu’il a enterré cinq jours avant de disputer ce premier tour. Forcément, il est impossible dans ces cas-là d’être à 100 % mentalement…
«Là, j’ai besoin de souffler un peu. Ça va faire du bien de passer deux semaines à la maison», glissait-il, tout en ajoutant : «Je vais continuer à bosser pour sortir du trou. Et ça, même si j’ai l’impression de ne pas voir le bout du tunnel… Chaque semaine, je me dis que cela ne peut pas être pire. Et pourtant…»
Julien Carette, à Paris