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Monteiro en C1 dès demain : «Vous voyez, des fois, les rêves, ça se produit»


LIGUE DES CHAMPIONS L’ancien buteur differdangeois Jorginho Monteiro débute demain, avec le Kaïrat Almaty, la phase de ligue sur la pelouse du Sporting, avec un menu XXL jusqu’en janvier.

L’ancienne terreur des stades de Division nationale avait fini sa carrière luxembourgeoise sur un but et deux passes décisives contre Wiltz, le 1er décembre 2024. Aujourd’hui, il pèse 8 buts et 8 passes décisives en 22 matches dans le championnat kazakh (dont son Kaïrat Almaty occupe la première place), mais aussi 2 buts et 2 passes sur les huit matches de la phase éliminatoire de la Ligue des champions.

C’est donc un garçon toujours aussi tranchant qui va s’élancer dans l’arène et porter haut les couleurs du FCD03.

Sporting Portugal, Real Madrid, Inter Milan, Arsenal, Olympiakos… Le programme dont a hérité le Kaïrat Almaty est somptueux. Mais lequel des huit matches que vous êtes assuré de jouer signifie le plus pour vous?

Jorginho Monteiro : Celui contre le Sporting bien sûr! Pour moi, cela sera d’autant plus spécial que je suis supporter du club, bien qu’étant originaire du nord du pays et de Braga en particulier. C’était d’ailleurs très bien d’être fan de ce club quand je me trouvais à Differdange, parce que le Sporting a été champion et que j’étais entouré de supporters du Benfica.

Donc vous commencez par le plus gros morceau, dans votre esprit?

Oui, on part dans quelques heures, là (NDLR : l’interview a été réalisée lundi, en fin d’après-midi), pour un vol qui va durer douze heures. Je vais retrouver beaucoup de monde au stade : j’ai dû acheter une centaine de places pour ma famille, mes amis… Je crois qu’ils s’organisent pour venir en bus.

Ce n’est pas la première fois : mes parents, mon frère et mon cousin étaient déjà venus me voir au Celtic Park (NDLR : en match de barrage, 0-0). Ma mère était fière. Et surtout heureuse parce qu’elle me voit heureux.

Je veux juste me retrouver au milieu de tous ces joueurs pour me prouver à moi-même que je fais partie de leur monde

Pas de vos anciens coéquipiers differdangeois, dans ces cent places?

Non, parce qu’ils ont tous un boulot : aller à l’entraînement, le jeudi soir. Ils ne pourront pas venir.

Ils vont suivre ça à distance. Vous avez un message pour eux?

Je ne suis personne pour « adresser des messages ». Chacun sa propre histoire. En tout cas, je leur souhaite de redevenir champion et de retenter leur chance en Europe.

À propos de votre parcours personnel, vous nous disiez, il y a un peu moins de trois mois, que l’objectif du Kaïrat était d’entrer en phase de ligue de l’Europa League ou de la Conference League. Que la Champions League, ce n’était « qu’un rêve »…

(Il sourit) Eh bien, vous voyez, des fois, les rêves, ça se produit. Quand on fait les choses bien en tout cas.

Quel stade parmi les monstres que vous allez visiter ces prochains mois (l’Alvalade et ses 50 000 places, le San Siro et ses 80 000 places, l’Emirates Stadium et ses 60 000 places, le Parken de Copenhague et ses 40 000 places), lequel vous fait le plus rêver?

Même si j’adore l’atmosphère des stades anglais – jouer Liverpool à Anfield, ça aurait été quelque chose –, je vous répondrais l’Alvalade bien sûr. Toutes les fois où j’y suis allé, c’était pour m’asseoir en tribune.

Là, je vais ressentir les choses très différemment, puisque je vais enfin savoir ce que cela fait d’être sur le terrain. Après, je ne vous dis pas que si on avait joué le Real Madrid au stade Santiago Bernabeu… Mais on est des footballeurs, on ne choisit pas.

À quoi risque-t-il de ressembler, ce match contre le Sporting?

On s’attend à beaucoup d’intensité, avec des joueurs qui aiment jouer des un contre un, qui vont rechercher les duels. En fait, cela ne me surprendra pas : je sais tout d’eux.

Bien sûr que je pense qu’on peut battre le Real!

Qu’est-ce qui aurait pu encore plus vous exciter que le tirage auquel vous avez eu droit?

Moi, je voulais des équipes qui nous permettent de gagner. Je préfère gagner des matches contre des équipes peu attrayantes ou plus faibles que de perdre contre de très grandes équipes.

Et quel adversaire placé sur votre route vous motive-t-il le plus?

Je suis juste curieux de voir Morten Hjulmand, le capitaine du Sporting, que je risque de croiser souvent dans ma zone, ce jeudi. Je vais être vraiment au contact. Pour le reste, je sais que tous les joueurs qu’on va affronter sont bons, mais je ne suis pas vraiment fan d’un joueur en particulier.

Je veux juste me retrouver au milieu d’eux pour me prouver à moi-même que je fais partie de leur monde. Je ne veux le prouver à personne en particulier, mais juste à moi.

Quand nous avions fait votre portrait, au Quotidien (« Petit Jorge devient très grand », le mars 2024), vous nous aviez dit ça : « Si j’affronte le Real Madrid, je ne pense pas que je vais gagner : je SAIS que je vais gagner. » Or les Merengue viennent au Kazakhstan dans moins de deux semaines.

Bien sûr que je pense qu’on peut battre le Real Madrid! En fait, il n’y a qu’une seule raison pour laquelle on ne pourrait pas les battre, ce serait de ne pas les affronter. Bien sûr, leurs chances de victoire seront de 95 % mais il nous restera 5 %.

On devra se concentrer sur chaque match individuellement, parce qu’à ce niveau, il n’y a plus de petites équipes faciles et on peut en ressortir avec zéro point pris et quarante buts encaissés, si on n’est pas assez concentrés.

Dans ce portrait d’ailleurs, vous nous disiez également ne pas être la star de votre tout premier club, Celeiros, dans la banlieue de Braga, parce que Luis Maximiano, champion avec le Sporting en 2021 et vice-champion d’Italie avec la Lazio en 2023, venait aussi de là. Et maintenant? Avez-vous rétabli l’équilibre?

Non, je n’ai pas changé. J’ai toujours le même statut dans la hiérarchie et honnêtement, je m’en fous. Je me fous de savoir qui est le meilleur. Tout ce que je veux, c’est rendre ma famille heureuse et leur rendre la vie plus belle.

Alors franchement, peu importe qui est le meilleur joueur de Celeiros. Moi, du moment que mes parents sont fiers de la personnalité que j’affiche, que je montre la bonne éducation que j’ai reçue… Et aussi le respect d’ailleurs. Parce que le football peut changer les gens.

Beaucoup de coups de téléphone de journaux portugais, ces derniers jours?

Un peu. Ils veulent savoir comment je vis au Kazakhstan. Pas trop, non plus. En tout cas, déjà trop : je n’aime pas voir mon visage dans les journaux.