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Monique Olivier condamnée à perpétuité pour complicité dans trois meurtres


Monique Olivier, ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret (Photo : AFP)

Après trois longues semaines d’audience et plus de dix heures de délibéré, Monique Olivier a été condamnée mardi soir à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans, pour sa complicité dans trois enlèvements et meurtres commis par son ex-mari Michel Fourniret.

« La peine de la réclusion à perpétuité est juste, adéquate, et proportionnée à l’extrême gravité des faits où l’implication (de Monique Olivier) est totale », a lu le président de la cour d’assises des Hauts-de-Seine (nord-ouest de Paris), Didier Safar. « Nous espérons enfin que ce verdict va apaiser petit à petit notre souffrance » et « rendre une dernière dimension humaine à Joanna, Marie-Angèle et Estelle », a déclaré Estelle Poisson, demi-soeur d’Estelle Mouzin par alliance, à l’issue du procès.

Marie-Angèle Domèce, 18 ans, Joanna Parrish, 20 ans, et Estelle Mouzin, 9 ans: les trois victimes du tueur en série ont bien été enlevées, séquestrées, tuées, avec la complicité de Monique Olivier, a jugé la cour, qui a aussi reconnu sa complicité pour le viol de la Britannique Joanna Parrish, et la tentative de viol sur Marie-Angèle Domèce. « Monique Olivier repart avec la même peine » avec laquelle elle est arrivée devant cette cour, « mais avec une nouvelle déclaration de culpabilité dans trois affaires », a réagi son avocat Me Richard Delgenes.

« Les aveux qui n’annulent absolument pas sa responsabilité et sa culpabilité ont été reconnus à hauteur de ce qu’on pouvait reconnaître dans une affaire de ce type », a-t-il poursuivi, en référence à la cour qui n’a pas retenu la période de sûreté de 22 ans requise par le parquet.

La cour a répondu par l’affirmative aux vingt questions qui lui étaient posées sur les crimes contre Marie-Angèle Domèce en 1988, Joanna Parrish en 1990, et Estelle Mouzin, la plus jeune des victimes de Michel Fourniret, disparue en janvier 2003. La tête baissée, les yeux mi-clos, l’accusée de 75 ans n’a pas réagi à la lecture du verdict.

« Expositions à l’horreur »

« C’est particulièrement éprouvant de voir (…) cette absence d’humanité avec cette personne, c’est quelque chose d’incompréhensible », a déclaré le père d’Estelle Mouzin, Eric Mouzin, qualifiant le verdict d' »extrêmement motivé ». « Ces dernières semaines ont été une épreuve, des nuits courtes, des doutes, des expositions à l’horreur », a abondé Estelle Poisson.

Les larmes aux yeux, Roger Parrish, le père de Joanna Parrish, s’est lui aussi exprimé après le verdict, ce qu’il avait peu fait ces trois dernières semaines: « elle était autant responsable du meurtre de notre fille et des autres victimes innocentes » que Fourniret. « Non seulement elle n’a rien fait pour les aider mais elle a activement encouragé et participé » aux crimes, a-t-il ajouté.

Lundi, le ministère public avait requis contre l’accusée la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, « au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société ». La voix hésitante, Monique Olivier s’est présentée tout au long du procès comme la victime de son ex-mari, décédé en détention en 2021.

Côté parties civiles et accusation, les avocats comme le ministère public ont tenté de percer à jour l’énigmatique ex-épouse du tueur, accusée de n’avoir pas « sauvé » la « petite » Estelle alors qu’elle participait à sa séquestration ou encore d’être restée immobile à l’avant du véhicule de Michel Fourniret alors qu’il violait et tuait Joanna Parrish.

En 2008, la cour d’assises des Ardennes avait condamné Monique Olivier à la perpétuité pour complicité dans quatre enlèvements et meurtres de son mari. Puis elle avait écopé de 20 ans de réclusion 10 ans plus tard à Versailles, toujours pour complicité, dans un meurtre crapuleux cette fois. Elle avait été condamnée au total à 30 ans de sûreté lors de ces deux précédentes condamnations, et ne sera donc libérable qu’en 2035.

« Je ne sais pas »

Experts divers et variés, et témoins ayant croisé le couple se sont succédé à la barre depuis le 28 novembre. L’audience a présenté quelques surprises, comme lorsque des enquêteurs de la police judiciaire de Versailles venus à la barre le 8 décembre ont exprimé leur scepticisme sur l’implication de Michel Fourniret dans la disparition d’Estelle Mouzin, plus de 20 ans après les faits.

Aller au-delà des aveux déjà connus et des dénégations hésitantes de Monique Olivier n’aura pas été possible lors de ce procès.

Répétant inlassablement « je ne sais pas » ou « je ne me souviens plus » quand elle était interrogée sur les faits, Monique Olivier n’a apporté aucun nouvel élément tangible concernant les sévices infligés à Estelle Mouzin ou l’emplacement des corps de la petite fille et de Marie-Angèle Domèce, jamais retrouvés.