Leo Messi peut continuer à rêver. Et Luka Modric pleurer. Grâce au génie de son capitaine, l’Argentine a éliminé la Croatie (3-0) mardi en demi-finale du Mondial au Qatar, et jouera dimanche la finale contre la France ou le Maroc, opposés mercredi (20h00).
Le lutin du Paris SG a ouvert la marque sur pénalty (34e), Julian Alvarez a doublé la mise (39e) et Messi a donné sur un plateau un doublé à son coéquipier (69e) après un phénoménal slalom dans la défense croate. Il a aussi offert à son pays une sixième finale de Coupe du monde et la possibilité d’une troisième étoile, après celles de 1978 et 1986.
Messi ou Modric: de ces deux astres de première grandeur du football mondial, âgées respectivement de 35 et 37 ans, l’un devait s’éteindre ce mardi soir dans le stade de Lusail.
Modric, Ballon d’Or 2018, avait vécu sa première sélection en 2006 contre l’Argentine, en amical (3-2 pour la Croatie). Cette douloureuse défaite contre l’Argentine ne sera peut-être pas sa dernière cape, s’il joue samedi l’anecdotique match pour la troisième place. Mais il est fort probable qu’on ne le verra plus jamais dans un grand tournoi sous le maillot à damiers.
Cinq minutes de folie
Messi en revanche mènera de nouveau la charge de l’Albiceleste en finale, soit contre l’étoile montante Kylian Mbappé, soit contre la superbe constellation marocaine. Si tout va bien, il battra alors le record du nombre de matches joués en Coupe du monde, avec 26 rencontres, une de plus que l’Allemand Lothar Matthaüs (entre 1982 et 1998).
Et, surtout, il tentera de couronner sa fabuleuse carrière par le seul titre qui manque encore à son palmarès, la Coupe du monde, qui ferait de lui une légende dans son pays, qui voue jusqu’à aujourd’hui un culte exclusif à Maradona, champion du monde en 1986.
Argentine-Croatie a démarré sur un faux rythme. Les deux équipes se craignaient et ne se sont pas livrées, jouant chacune sa partition. Les Croates ont eu plus de possession, mais leurs grands talents, Modric, Brozovic ou Kovacic, sont des récupérateurs et des créateurs. Pas des buteurs.
En face, les Argentins ont fait le gros dos sans vraiment concéder d’occasions franches. Puis les champions d’Amérique du Sud ont débloqué la partie en cinq minutes de folie, sur deux actions similaires.
Sur la première, Alvarez est lancé en pointe dans le dos de la défense centrale, plein axe. Le gardien croate Livakovic sort, mais l’accroche. Pénalty, transformé par Messi en force dans le coin supérieur droit du but (1-0, 34e).
Messi en soliste
À peine le temps de respirer, et le même Alvarez récupère un nouveau ballon de contre dans son propre camp et s’embarque dans une chevauchée fantastique, plein axe de nouveau. Avec un peu de chance, il bénéficie de deux contres favorables pour éliminer les défenseurs arrivés trop tard et, d’une subtile pichenette, il élimine le malheureux Livakovic (2-0, 39e).
Les Croates, KO debout, ont ensuite eu de la chance de ne pas encaisser un troisième but avant la pause, sur un tir de De Paul (41e) et une tête de Mac Allister (42e).
Quelques minutes après la pause, le sélectionneur croate Zlatko Dalic a fait un pari risqué. Soucieux de peser plus sur la défense centrale argentine, il a fait entrer Bruno Petkovic, en lieu et place de Brozovic, l’un des poumons du milieu de terrain.
Erreur. La Croatie a fatalement ouvert des espaces. Après deux nouvelles alertes sur le but de Livakovic, Messi a réalisé un numéro de soliste sur la droite de la surface, pour venir servir un caviar à Alvarez (69e). 3-0, la messe était dite. Les dizaines de milliers de « hinchas » vêtues des couleurs bleu et blanc de l’Argentine pouvaient exulter.