Le Luxembourg a joué le coup avec ses armes de la jeunesse et de l’insouciance, contre une Suède solide, mais maladroite. Elle a perdu sur la plus petite des marges (0-1) et c’est rageant. On a surtout retrouvé un M-Block qui donne de la voix. Et cela, c’est un vrai plus pour Luc Holtz et ses hommes.
On s’en faisait du souci. Aborder une Suède (même une Suède post-Zlatan) sans Gerson ni Chanot, avec un changement de numéro 1 aux buts, avec quatre garçons de moins de 20 ans sur la pelouse au coup d’envoi, avec le souvenir cuisant des quatre buts encaissés à Sofia le mois dernier sans avoir concédé une seule véritable occasion de but, ce n’est pas l’idée qu’on se fait de la sérénité.
Et pourtant, il y avait de l’excitation aussi. Parce que les choix de Carlson sur le flanc gauche à la place de Jänisch, celui de Bohnert devant lui plutôt que Da Mota (légèrement blessé toute la semaine), sont librement consentis par Luc Holtz, qui s’est affranchi depuis longtemps des convenances. Il l’a dit en début de campagne : il ne bradera pas sa philosophie de jeu (et de développement) pour un résultat. Il s’est d’ailleurs fixé des échéances à huit ans qui correspondent grosso modo à l’âge de début de maturité des garçons qui étaient sur le terrain vendredi soir mais n’avaient même pas encore 5 ans la dernière fois que la Suède a pointé son nez au stade Josy-Barthel, en 1999.
Il va donc falloir accepter que tous les matches ne ressemblent pas à ce qui a été produit en Lettonie ou en Bulgarie, le mois dernier. Il y aurait le potentiel pour. Mais pas encore la maturité nécessaire. La continuité, ça ne s’achète pas.
Les petits oublis tragiques
Rien d’étonnant, donc, à cette première période compliquée. Aux 16 tirs suédois dont neuf cadrés qui n’auront eu qu’un mérite : mettre en confiance Anthony Moris pour sa grande première dans le costume de numéro 1. En étant sollicité, il n’avait de toute façon pas énormément d’options : couler ou en sortir consolidé. Il en ressort… très consolidé. Le rêve pour son sélectionneur, dont le choix de se priver de Joubert, qui avait dit qu’il ne ferait pas le n° 2, aurait forcément déjà été discuté en long en large et en travers si le portier de Malines s’était troué.
Un débat de moins : le sélectionneur est tranquille au moins jusqu’en 2017 concernant ce dossier de la succession aux buts. Le sélectionneur n’échappera pas, par contre, aux critiques sur les petits oublis tragiques de sa défense. Certes, elle n’a pas encaissé de but, cette fois, moins d’une minute après avoir marqué, mais c’est beaucoup plus facile de s’en assurer… quand on ne marque pas.
Plus gênant : ce but de Lustig, encore sur un corner. Comme à Sofia. Berg est bien seul pour sa remise au deuxième poteau. Plein axe, Lustig est bien seul pour mettre son plat du pied. Perdre 0-1 contre la Suède n’est pas une défaitequi fera tache sur le CV du Grand-Duché.
Mais perdre 0-1 comme ça, c’est presque trop dommage pour ne pas laisser des regrets. Le public, lui, a quand même apprécié. Si on n’avait pas si souvent été refroidi par l’inconstance du Josy-Barthel vis-à-vis des Roud Léiwen, on jurerait même que quelque chose s’est renoué, vendredi soir…
Julien Mollereau
Luxembourg-Suède : 0-1 (0-0)
Stade Josy-Barthel. Pelouse médiocre. Arbitrage de M. Bebek (Cro). 5 057 spectateurs.
Le but : Lustig (58 e ).
Cartons jaunes : Philipps (31 e ), Carlson (56 e ), Malget (66 e ) au Luxembourg. Olsson (25 e ), Lindelöf (48 e ) à la Suède. Carton jaune/rouge : Malget (83 e ) au Luxembourg.
LUXEMBOURG : Moris – Jans, Martins, Malget, Carlson – Mutsch, Philipps – Deville (66 e Da Mota), V. Thill (66 e Turpel), Bohnert – Joachim.
SUÈDE : Olsen – Lustig, Lindelöf, Granqvist, Olsson – Hiljemark, Ekdal (79 e Fransson), Durmaz (89 e Nyman), Forsberg – Guidetti (70 e Toivonen), Berg.
Réactions
Paul Philipp : «La victoire des Suédois est méritée. Ils sont constamment sous-estimés par tout le monde et je ne suis pas loin de penser que c’était le match le plus compliqué à jouer de cette campagne. Mais ça a fait plaisir, ce public qu’on a plus entendu que les Suédois.»
Dirk Carlson : «Ils étaient très forts athlétiquement. D’ailleurs, on a beaucoup joué les deuxièmes ballons. On a quand même sorti un bon match. Il y a quatre ans, on aurait considéré qu’une défaite 1-0 contre la Suède, c’était un bon résultat. Aujourd’hui, on est quand même déçus.»