Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Alors que les véhicules à hydrogène peinent à décoller, le Grand-Duché tente de donner un coup de pouce à cette technologie en mettant en place la première station-service dédiée.
Si la voiture roulant à l’hydrogène peut représenter une alternative au moteur thermique, en plus des véhicules électriques, il est pour le moment rare d’en croiser sur les routes luxembourgeoises. «Il n’y en a que deux immatriculées au Luxembourg», affirmait en début d’année dans nos colonnes Antonio da Palma Ferramacho, Head of Mobility Technologies à l’ACL.
Pourtant ces voitures qui fabriquent leur propre électricité grâce à une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène ont leurs avantages. Présent partout sur Terre, ce gaz représente une source d’énergie inépuisable et son plein est aussi rapide que celui des carburants fossiles. Mais l’hydrogène comporte tout de même deux problèmes majeurs :
- Rarement présent à l’état pur, il est pour le moment essentiellement produit à partir de sources fossiles même s’il est possible d’en obtenir par des moyens plus verts
- Les stations-services spécialisées sont encore extrêmement peu nombreuses
Une station à l’hydrogène renouvelable
Pour combattre ces deux soucis, le Luxembourg vient d’inaugurer la première station d’hydrogène du pays, à Bettembourg dans la ZAE Wolser A. Celle-ci s’inscrit dans le projet européen «H2Benelux», cofinancé par la Commission européenne qui a pour but d’étendre l’infrastructure publique de ravitaillement en hydrogène et d’agrandir le parc de véhicules au sein du Benelux.
Aux couleurs de TotalEnergies, cette nouvelle station permet l’approvisionnement en hydrogène de véhicules légers, utilitaires et de poids lourds à 350 et 700 bar. «Je suis ravi que le Grand-Duché de Luxembourg assure aujourd’hui que les infrastructures requises en hydrogène soient déployées aux endroits les plus prometteurs et soient capables de ravitailler tout type de véhicule routier propulsé à l’hydrogène», a précisé François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, présent à l’inauguration.
«L’hydrogène vert constitue un élément important de notre stratégie visant la décarbonation des transports, a ajouté le ministre de l’Energie, Claude Turmes. C’est une alternative prometteuse dans certains secteurs difficiles à décarboner par électrification directe, comme par exemple le secteur des poids lourds.» La station mettra en effet exclusivement en vente de l’hydrogène renouvelable.
Un premier maillon
«C’est un maillon central du réseau de plus de 100 stations hydrogène pour poids lourds que nous voulons construire ensemble avec Air Liquide sur les grands axes routiers européens», a rappelé Antoine Tournand, directeur Hydrogène chez TotalEnergies. Le projet H2Benelux prévoit notamment de relier les trois pays du Benelux grâce à huit stations installées à des endroits stratégiques.
Le développement de l’hydrogène pourrait à terme contribuer au respect des engagements pris par le Luxembourg pour limiter les gaz à effet de serre, le secteur routier représentant 60 % des émissions. «Notre engagement en faveur de l’activité sur le terminal de Bettembourg-Dudelange nous permet d’économiser près de 200 000 tonnes de CO2 par année», a indiqué Barbara Chevalier, directrice générale de CFL multimodal.
Mais cette technologie conserve un dernier inconvénient. Si le prix de l’hydrogène issu d’énergie fossile est équivalent à celui des carburants classiques, il sera plus dur de rester compétitif avec un gaz plus vert comme celui de cette nouvelle station. Le coût d’une voiture reste lui aussi élevé et peu de modèles sont pour le moment disponibles. Plus que chez les particuliers, l’avenir de l’hydrogène est sans doute à chercher du côté des professionnels et des véhicules utilitaires.
