Les députés européens Claude Turmes et Georges Bach ont fait un point sur la mobilité en Europe. Et ont notamment défendu l’expansion du parc de voitures électriques.
L’intitulé de la conférence donnée vendredi à la Maison de l’Europe par les deux députés européens était «Politique de mobilité européenne – une vision pour demain ?». Mais celle-ci a finalement tourné beaucoup autour des voitures. Il faut dire que le «dieselgate» du scandale Volkswagen a laissé des traces. Pour Claude Turmes (déi gréng), tout ce qui a trait aux voiture est réglé par l’Union européenne : «Les voitures sont désormais conçues pour faire moins de dégâts en cas de collision avec un piéton, mais elles sont aussi responsables en partie de la qualité de l’air. Il fallait essayer de prendre un rendez-vous avec un pédiatre ou un pneumologue cet hiver pendant les pics de pollution pour s’apercevoir que les conséquences sont bien réelles. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs affirmé qu’après le cancer, la pollution de l’air est la plus grande cause de décès dans le monde, mais le scandale du dieselgate en septembre 2015 n’était que la pointe de l’iceberg.»
Volkswagen a écopé de 15 milliards d’euros de sanctions et plus de 500 000 voitures ont dû être rappelées, sans compter l’indemnisation des clients. Bref, un scandale sans précédent qui est arrivé en pleine conférence sur le climat de Paris, la COP21. Les députés européens devraient d’ailleurs voter au début du mois d’avril sur les résultats d’une enquête sur Volkswagen ainsi que d’autres constructeurs. L’eurodéputé déi gréng n’est pas dupe : «Même les voitures les plus récentes ne sont pas mieux que les plus anciennes en matière de pollution. La pollution réelle est triple par rapport aux « tests » faits en laboratoire par l’industrie automobile.»
L’alternative aux voitures diesels
Georges Bach (CSV) se dit lui «moins radical sur le diesel» en affirmant que ce dernier n’est pas prêt de disparaître, mais qu’il faudra prendre des mesures pour le rendre plus propre. «La mobilité, c’est la liberté de prendre sa voiture. Il faut donc garantir cette liberté, mais il faut également amorcer des changements pour changer les habitudes. Il faut peut-être réduire le temps de conduite, se demander pourquoi on prend la voiture pour aller au magasin à côté et ne pas marcher à la place. Au Luxembourg on utilise à 90% des énergies fossiles, il faut donc aller vers plus d’énergies renouvelables. Il faut aussi de vrais tests pour les voitures pour que les fraudes ne soient plus possibles. Mais tout cela va devoir passer par des mesures incitatives car l’éducation seule ne suffit pas.»
Les deux eurodéputés sont d’accord sur l’avenir de la voiture électrique, une alternative plus douce pour l’environnement que les voitures fonctionnant à l’énergie fossile. «Les voitures électriques sont 4 à 5 fois plus efficaces qu’une voiture diesel. Le rendement d’une voiture électrique est de 90% quand celui d’une voiture diesel est de seulement 15%. Ces dernières ne sont vraiment pas efficaces», explique Claude Turmes. Mais l’écolo prônant les énergies renouvelables et la fin du nucléaire, est-ce que l’avènement d’un vrai parc automobile ne va pas être synonyme de pic de production d’électricité grâce aux usines à charbon ou au nucléaire ? «Pas du tout. Les calculs ont été faits pour la France. Si demain tout le parc automobile français était électrique, cela représenterait seulement la moitié de ce que les Français consomment pour leur chauffage électrique, soit 30 térawatt/heure. Le gros problème c’est plutôt que si tout le monde branche sa voiture en même temps le soir en rentrant, la pointe de consommation électrique étant déjà entre 19h et 21h, il y a là un vrai problème.»
Oui, le problème majeur avec les voitures électriques, c’est qu’il faut les recharger, et que ça prend du temps. Le Luxembourg a pour ambition d’avoir le plus grand réseau de recharges de voitures électriques du monde après la Silicon Valley. Quelque 800 bornes vont être dispersées à travers le pays, après une étude ayant déterminé les points stratégiques pour installer ces bornes. «Nous allons également mettre en place un système européen sans frontières pour pouvoir partir en vacances avec sa voiture électrique et recharger avec des bornes de recharge rapide», explique Georges Bach. Un système qui pourrait d’ailleurs s’appliquer aux travailleurs frontaliers…
Audrey Somnard