Le professeur associé Yann Pretemer fait partie, à 34 ans, de la très renommée équipe de scientifiques cherchant à révolutionner, depuis Kyoto, la médecine régénérative.
Son parcours a de quoi impressionner. Après avoir obtenu son diplôme de fin d’études à l’Athenée de Luxembourg, Yann Pretemer, originaire de Holzem (près de Mamer), décide de faire le grand saut. «Au lycée, j’ai appris un peu le japonais, comme simple passe-temps. Mais, c’est aussi à ce moment que le professeur Shinya Yamanaka s’est vu décerner le prix Nobel pour la découverte des cellules iPS. Je me suis alors dit que le Japon pouvait proposer un environnement propice à la recherche», retrace le jeune scientifique luxembourgeois. «La décision fut assez spontanée» d’aller étudier la biomécanique à Tokyo, avant de mettre le cap sur l’université de Kyoto, pour finalement intégrer le très renommé Centre de recherche et d’application des cellules iPS (CiRA).
Un moment fort de sa carrière japonaise, entamée il y a 12 ans, a été la visite, mardi, de son laboratoire par le Grand-Duc héritier Guillaume. Le futur souverain s’est montré très intéressé par le travail de recherche mené par le scientifique luxembourgeois et ses collègues. Chacun travaille sur un domaine précis. «Les cellules peuvent être reprogrammées en cellules de n’importe quel type d’organe, que ce soit le cœur, le cerveau ou le foie. L’objectif est d’employer ces cellules dans le cadre de la médecine régénérative», explique Yann Pretemer, nommé professeur associé en immunologie.
«De grands espoirs»
«Les cellules pluripotentes ont fait naître de grands espoirs, tant pour la recherche destinée à comprendre les mécanismes des maladies et les moyens de les contrecarrer, que pour être utilisées dans des thérapies cellulaires aussi bien dans des maladies génétiques que dégénératives. Leur champ d’application pourrait théoriquement s’étendre à toutes les maladies où une population cellulaire est défaillante», résumaient nos confrères du journal Le Monde, le 8 octobre 2012, après l’attribution du prix Nobel au professeur Yamanaka, aujourd’hui directeur émérite du CiRA.
Yann Pretemer est en charge de la recherche concernant le thymus. «Un organe un peu moins connu, situé directement au-dessus du cœur, mais qui joue un rôle très important pour le système immunitaire. Avec l’âge, le thymus réduit sa taille, fonctionne moins bien. C’est la raison pour laquelle les personnes âgées souffrent plus souvent de maladies auto-immunitaires ou de cancers», explique le scientifique luxembourgeois.
«Une technologie très prometteuse»
L’objectif est que des cellules iPS transformées en cellules du thymus puissent contribuer à régénérer cet organe. On n’est pas encore au stade des injections ou transplantations. Si le travail révolutionnaire mené au CiRA est couronné de succès, les cellules pourraient contribuer à guérir des maladies comme Parkinson ou Alzheimer.
Ulf Nehrbass a écouté avec grande attention les explications données par les responsables du centre de recherche japonais. «Il s’agit d’une technologie très prometteuse. Les essais cliniques sont en cours dans le domaine du Parkinson. Au niveau des maladies de la rétine, on est proche d’une validation d’une thérapie à base de cellules iPS», indique le directeur général du Luxembourg Institute for Health (LIH).
La volonté de proposer aux patients luxembourgeois ce genre de traitements novateurs est présente. Un atout est l’existence du Centre de recherche clinique (LCTR), rattaché au LIH. Ces dernières années, le Grand-Duché s’est positionné comme un acteur de pointe dans le domaine de la recherche sur Parkinson.
Ulf Nehrbass veut croire à une coopération avec le CiRA. Avec Yann Pretemer comme point de relai? «Je suis avec beaucoup d’intérêt le développement des centres de recherche au Luxembourg. J’ai notamment pu visiter le Luxembourg Centre for Biomedecine (LCSB). Et même si je ne peux rien exclure, je continue à me sentir bien ici au Japon. Un retour au Grand-Duché n’est pas prévu pour l’instant», répond-il.