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Mischo, la lamentable sortie de route qui déroute


Ancien bourgmestre d'Esch, Georges Mischo est ministre des Sports et du Travail depuis la formation du nouveau gouvernement. (Photo: archives Editpress/Julien Garroy)

C’est assurément une sortie de route qui déroute. Un faux pas confondant, mais assez riche en enseignements. Interrogé début février par nos confrères du magazine sportif Mental! sur un relatif manque de visibilité du sport dans les médias, Georges Mischo eut cette réponse à l’emporte-pièce, assez sidérante. «Je regrette qu’il n’y ait pas un deuxième Mental!, car si vous regardez les pages sportives du Tageblatt, du Wort ou du Quotidien : c’est de plus en plus superficiel et lapidaire.» Mais quelle mouche l’a donc piqué ?

Dans notre profession, il existe un code, une éthique, qui consiste à éviter de stigmatiser le travail de ses confrères, par voie de presse. En clair, on ne règle pas ses comptes professionnels en utilisant nos différents médias. Mais dans le cas présent, on est quand même manifestement en présence d’amateurs. D’un côté, on pourrait s’en tenir à cette citation éculée de Talleyrand, «tout ce qui est excessif est insignifiant».

On se garde donc bien de commenter le travail de nos confrères, inutile d’entrer dans ce piège crapoteux, mais en ce qui nous concerne, on ne trouve pas que notre propre travail soit «de plus en plus superficiel et lapidaire». Il ne s’agit pas d’un quelconque corporatisme. La charge de Georges Mischo est non seulement excessive, mais de plus fallacieuse, et on s’inscrit en faux contre elle. D’ailleurs, dans ce domaine du faux, n’est-ce pas cette même publication, Mental!, qui a été épinglée pour plagiat de nos articles ?

On ne peut être contre l’introspection et le sens de la critique. Notre métier nous impose l’humilité et la remise en question. Mais, en l’espèce, d’où viennent ces assertions baroques? Cela paraît étrange et pour le moins absurde de la part d’un nouveau ministre, qu’on aurait présumé bon connaisseur des pages sportives des quotidiens nationaux payants.

À quel type de presse écrite payante rêve donc le ministre des Sports, l’ancien correspondant de radio, puisqu’il se plaît manifestement à rappeler dans ce même entretien ses propres faits d’armes dans ce domaine? S’il s’était fait un nom dans ce registre, ça se saurait… On sait par contre que c’est dans l’air du temps, bien populiste, de s’en prendre à la presse qui se la coule douce, est fainéante à souhait, n’en fait vraiment pas assez et, par-dessus le marché, invente et déforme les propos.

À défaut de lunettes, le mieux serait sans doute d’offrir à tous ces contempteurs apparemment liés par une belle complicité une glace avec un effet rétrécissant. Et, évidemment, d’en sourire.

On connaît désormais la propension du ministre des Sports à déraper, à sortir de son périmètre de compétences. Que penserait le ministre du Travail d’un tel dénigrement ? Ah pardon, il est aussi ministre du Travail. Ce n’est ni superficiel ni lapidaire. C’est factuel. Car si on l’avait oublié, les mots ont un sens. C’est tout bonnement lamentable!

Denis Bastien,
Chef des sports du Quotidien