Depuis le 21 juillet et jusqu’au 1er août, la petite ville de Mini-Lënster a pris place à Junglinster. Les enfants y jouent des rôles et y «travaillent» ensemble.
Nous ne sommes pas en période électorale et pourtant, comme tous les mercredis, c’est jour de vote à Mini-Lënster. Les différents candidats ont placardé des affiches de campagne aux quatre coins de la petite ville et ont déclamé à tour de rôle un discours pour tenter de convaincre les électeurs.
À l’entrée de cette cité de jeux pour enfants, c’est d’ailleurs le bourgmestre qui remet son écharpe en jeu qui assure l’accueil des visiteurs. Veste de costume, cravate et cheveux bien peignés, Arthur, 12 ans, accompagné de ses trois échevins, lance un «bienvenue à Mini-Lënster» en guise de bonjour.
On retrouve tout ce qu’il peut y avoir dans une ville réelle
Depuis le 21 juillet, cette ville en miniature a poussé à l’intérieur du hall sportif Gaston-Stein à Junglinster. Jusqu’au 1er août, des enfants âgés de 7 à 14 ans viennent y jouer aux grands au milieu d’un décor fait de maisons colorées qui reprennent les grandes instituions municipales. «On retrouve tout ce qu’il peut y avoir dans une ville réelle», expose Charly Schmitt, l’un des membres de l’ASBL Päiperlék qui organise l’évènement.
Depuis un an, lui et Christian Treitz préparent cette huitième édition. «Il nous a fallu une semaine pour construire tous les bâtiments et aujourd’hui, nous sommes 120 personnes pour encadrer la soixantaine d’enfants présents sur place», poursuit Charly Schmitt. Lors de la première semaine, quelque 550 filles et garçons venus de tout le Luxembourg ont enfilé un costume de pompier, de coiffeur ou encore de banquière.
Jouer à travailler
Dès 10 h, tous et toutes s’engouffrent dans Mini-Lënster avec la ferme intention d’endosser la tenue qui leur fait le plus envie. Maëlys, 9 ans, a choisi de devenir vendeuse. Au milieu des étals, elle prend son rôle très au sérieux en présentant les casquettes, cartes d’anniversaire ou objets de décoration mis en vente. «Ici, je fixe les prix et j’aide les gens à choisir ce qu’ils veulent acheter», décrit-elle. «Ça me fait plaisir de choisir un travail et d’être avec les autres.» Présente depuis lundi, elle a déjà revêtu les habits de docteur et de réparatrice d’objets mais c’est bien le métier de vendeuse qu’elle préfère.
Ça me fait plaisir de choisir un travail et d’être avec les autres
Un peu plus loin, dans le salon de coiffeur, on croise Annaëlle, 11 ans : «Je lisse les cheveux et parfois, je les boucle». Elle aussi œuvre au sein de Mini-Lënster depuis quelques jours et a eu l’occasion de s’essayer à plusieurs jobs : «J’ai fait journaliste, mais j’ai trouvé ça un peu ennuyeux. J’aimerais beaucoup aller dans la police pour attraper des gens», s’exclame la jeune fille.
Au milieu de ce bazar très organisé, chacun et chacune prend son rôle très à cœur. Les organisateurs poussent même le réalisme avec une monnaie spécifique à Mini-Lënster : le lenstos. Il en existe six genres de billets, tous dessinés par les enfants. «Ces derniers sont récompensés en fonction du temps durant lequel ils ont joué à travailler. Ils peuvent arrêter une activité et en trouver une autre dès qu’ils le souhaitent», explique Yasmine, qui encadre la petite banque de la mini-ville.
Comprendre le monde et créer des vocations
«C’est important pour les enfants de découvrir le monde du travail, d’apprendre la vie réelle tout en jouant. Ils sont en contact avec la politique, avec différents métiers, ils peuvent voir ce que cela fait de recevoir un salaire aussi et de gérer son propre portefeuille», développe le bourgmestre de Junglinster, Ben Ries, qui assure ne pas se mêler des affaires échevinales de Mini-Lënster.
L’évènement se veut une ville modèle, développée et organisée par les adultes pour que les enfants y retrouvent les structures d’une véritable cité. Cité dont ils sont souvent mis de côté dans la vie de tous les jours. Dans ce cadre, ils deviennent ainsi les acteurs principaux, tout est palpable, communique et interagit.
Présent sur place et habitué de Mini-Lënster pour y avoir fait participer ses deux enfants, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, se félicite de la tenue d’une telle manifestation : «C’est intéressant car les enfants apprennent comment fonctionne la démocratie, à la fois via la commune, via les entreprises présentes et via les défis de la société qu’ils composent».
En tant que ministre des Affaires intérieures, il espère également voir naître des vocations, «dans 15-20 ans, peut-être qu’on retrouvera quelques jeunes ici dans les rangs de la police ou chez les sapeurs-pompiers».