Battue dimanche en finale à Gstaad par Alizé Cornet (6-4, 7-6 [6]), Mandy Minella devrait tout de même gagner ce lundi 84 places dans la hiérarchie mondiale. La Luxembourgeoise va devoir chambouler son programme!
On sent évidemment chez vous une pointe de déception après cette défaite en finale face à Alizé Cornet…
Mandy Minella : Bien sûr. Je pensais être capable de gagner cette finale. Mais Cornet a fait un bon match. Elle a été pénible…
Cornet, elle se jette par terre, elle crie… elle fait son cinéma quoi
C’est-à-dire?
Un coup, elle boite et donne l’impression de ne plus être capable de marcher, ensuite, elle se jette par terre, elle crie… Elle fait son cinéma quoi. Mais bon, tout le monde la connaît. On sait que si elle doit courir trois heures, elle courra trois heures! Mais tu as beau le savoir, c’est agaçant. Elle finit par entrer dans ta tête, prend ton énergie et t’empêche de te concentrer sur ton propre jeu.
Pensiez-vous, cette fois, être sur le point de décrocher votre premier tournoi WTA International?
Je croyais vraiment que j’allais gagner, mais ça n’a pas suffi… Mais je pense que je suis totalement capable d’en remporter un. Après, j’ai déjà Bol* en poche, donc je n’ai pas le stress de ne pas avoir de titre à mon palmarès…
En arrivant à Gstaad, imaginiez-vous être en mesure de réaliser un tel parcours lors duquel vous avez quand même écarté successivement Johanna Larsson (80e mondiale) et Marketa Vondrousova (50e)?
Je n’espérais pas arriver en finale, mais au vu des tournois précédents, de ma forme ces dernières semaines, je pensais être en mesure de réaliser quelque chose de bien. Après, je vous avoue que lorsque j’ai vu le tableau et la perspective d’affronter Larsson dès le 2e tour, qui ne m’avait jusque-là pas forcément réussi (NDLR : avant ce duel, elle avait perdu trois de leurs quatre confrontations), je me suis dit que mon aventure pouvait très vite s’arrêter… Mais je suis parvenue à la dominer. Tout comme Soribes (NDLR : en quart de finale) contre qui j’avais perdu récemment à Contrexéville (100 000 dollars) mais aussi Vondrousova qui, à seulement 19 ans, est déjà 50e mondiale!
Quelle adversaire vous a posé le plus de difficultés?
(Elle rit) Cornet! Plus sérieusement, je dirais que c’est Vondrousova. Contrairement à mes matches face à Larsson et Soribes où, pour les avoir déjà affrontées, je savais quel plan de jeu mettre en place, ce n’était pas le cas contre Vondrousova.
Vous n’aviez pas analysé son jeu sur vidéo?
Si, je l’ai vue à l’œuvre sur YouTube et j’avais une idée de ce que je devais plus ou moins faire, mais je n’avais pas l’expérience de la confrontation. Ce qui rend les choses assez différentes.
En finale, vous sembliez avoir les moyens d’aller chercher ce titre face à Cornet. En début de second set, vous réalisez le break d’entrée…
Oui, j’ai fait plusieurs fois le break mais elle est à chaque fois revenue.
À croire qu’elle jouait au chat et à la souris…
Oui, c’est un peu ça, même si elle ne le fait pas exprès. En fait, Cornet lâche plus ses coups, est plus agressive quand elle se trouve dos au mur. Après, j’ai eu deux balles de set dans la seconde manche, mais ça n’a pas suffi.
Ma fille, je pense tout le temps à elle !
Après votre succès sur Larsson, vous vous réjouissiez qu’à Gstaad, Emma, votre fille, soit bien entourée. Vous pensez souvent à elle pendant un match?
Ici, à Gstaad, à l’hôtel, il y avait une chambre avec plein de jeux. Elle y était bien avec ma maman. Je savais qu’elle était entre de bonnes mains. (Elle sourit) Mais pour répondre à la question, oui je pense tout le temps à elle! Il me suffit de penser à son visage, à son odeur et ça a le don de me calmer. Ça me retire le stress que je peux éventuellement avoir. Ça me permet de me détendre sans perdre mon agressivité. Je sais, aujourd’hui, ce qui compte vraiment dans la vie…
En vous hissant en finale à Gstaad, vous devriez grimper à la 142e place mondiale. Que cela vous inspire-t-il?
Pour être vraiment honnête, je ne m’attendais pas du tout à remonter si vite au classement. D’ailleurs, ça va chambouler un peu le programme initial. L’objectif initial était d’être top 200 à la fin de l’année…
Vous faites référence à l’utilisation de votre classement protégé en vue des prochains tournois du Grand Chelem?
Après Lugano et Roland-Garros, c’est la troisième fois que je l’utilisais. Ce classement protégé est valable jusqu’à fin janvier. Mais je ne peux l’utiliser qu’une seule fois pour un tournoi du Grand Chelem. La question est la suivante : ce classement protégé, dois-je l’utiliser pour l’US Open ou l’Open d’Australie? À la base, je pensais le garder pour l’Open d’Australie (14-27 janvier). Mais en étant top 150, et si je conserve mon niveau de jeu actuel sur la fin de saison, je me dis qu’il n’est peut-être pas impossible de décrocher directement ma place dans le tableau final.
Et l’US Open dans tout ça?
Justement. Pour moi désormais, chaque voyage est une affaire de famille. Et l’Australie, c’est loin. Très loin. Et, financièrement, je ne me vois pas faire un tel déplacement au risque de me faire sortir dès les qualifications… C’est pour ça que se pose la question de l’utiliser dès l’US Open. Et ce d’autant que c’est le tournoi du Grand Chelem qui me réussit le mieux. Mais bon, je vais en parler à Tim (Sommer). Je le laisse gérer ça (elle rit).
Physiquement, comment vous sentez-vous après ces 2 h 02 de combat?
Un peu fatiguée… Mais je vais m’offrir trois jours de vacances et, seulement après, je penserai à l’US Open.
Entretien avec Charles Michel.
* En 2016, elle décroche à Bol son premier tournoi WTA. Un tournoi doté d’un prize money de 125 000 dollars. La catégorie inférieure à celle d’un WTA International.