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Milan Bisevac au F91 : « Ce n’est pas l’argent qui a dicté mon choix »


"Ce n'est pas 150 000, 200 000 ou même 250 000 euros qui vont changer ma vie", estime Milan Bisevac. (Photo Luis Mangorrinha)

C’est le grand nom qui a rejoint la BGL Ligue cet été : Milan Bisevac (34 ans), qui ne devrait pas être titulaire ce jeudi soir face au CFR Cluj, raconte son arrivée à Dudelange.

Votre arrivée au F91 a forcément un peu surpris…

Milan Bisevac : C’est une décision familiale. Comme cela a toujours été le cas pour moi. Mais avec les années qui passent, la famille et notamment les études des enfants prennent plus de poids dans la décision. Quand ils sont plus petits, c’est plus simple de déménager. Maintenant qu’ils ont 11 et 10 ans, cela compte beaucoup.

Par le passé, on a déjà vu beaucoup de joueurs avec un âge similaire au vôtre qui débarquaient au Luxembourg pour obtenir un dernier bon contrat. Qu’est-ce qui vous différencie d’eux ?

Le Luxembourg, c’est nouveau pour moi. Je ne connaissais pas ce championnat avant mon arrivée. Le niveau du jeu pratiqué non plus. Mais sincèrement, ce que je vois à Dudelange est très bon. On sent que ce club a grandi, grandit encore et veut continuer à le faire. Après, un joueur veut toujours gagner beaucoup d’argent. Et c’est encore plus vrai quand on arrive en fin de carrière. Honnêtement, j’avais d’autres propositions. De France (Red Star et Paris FC en Ligue 2) et plus loin à l’étranger (Chine, Moyen-Orient, Belgique).

Mais ce n’est pas 150 000, 200 000 ou même 250 000 euros qui vont changer ma vie. Et je dis ça avec tout le respect qu’il faut avoir pour des sommes aussi importantes. J’ai eu la chance d’évoluer dans de très grands clubs, de prendre part à de grandes compétitions où tu gagnes très bien ta vie. J’ai eu de la réussite, j’en suis conscient. Mais aujourd’hui, ce n’est pas l’argent qui a dicté mon choix. Mes enfants sont scolarisés à Metz depuis deux ans et ça, c’est important. Quand on a commencé à discuter avec Flavio (Becca), j’ai posé simplement la question à ma femme et mes fils de savoir ce qu’ils voulaient faire. Et ils m’ont dit qu’ils souhaitaient que j’aille à Luxembourg. Après tous les sacrifices qu’ils ont consentis pour moi, ce choix leur appartenait.

Quand on a disputé comme vous une trentaine de matches européens face à des adversaires comme la Juventus, Valence, Tottenham… rencontrer Cluj, cela représente quoi ?

Pour moi, un rendez-vous européen reste un rendez-vous européen! Chaque match est spécial à ce niveau-là. Je respecte beaucoup notre adversaire roumain. Car il ne peut être autrement avec une équipe qui a accédé aux barrages de l’Europa League.

Vous ressentez l’engouement qui existe au Luxembourg pour voir le F91 prendre part à cette phase de groupes de l’Europa League ?

Oui. C’est formidable ce qui se passe avec le travail extraordinaire réalisé pour notre staff technique et le groupe de joueurs. J’ai vu la joie après la qualification face au Legia Varsovie. De mon côté, j’étais content mais je ne l’ai pas trop montré. Car on n’a encore rien fait. Et je sens toute l’équipe motivée pour écrire l’histoire du foot luxembourgeois en Coupe d’Europe.

Vous n’êtes pas encore à 100% ?

Non. Cela fait trois semaines que j’ai repris et je me sens à 60-70%. Pas plus. Si je peux jouer ce jeudi ? C’est au coach de décider. Mais pour moi, il aura davantage besoin de joueurs à 100%, que d’un homme avec une expérience du haut niveau mais qui, lui, ne l’est pas encore. Avant ma montée face au Legia, cela faisait un moment que je n’avais plus joué, que je n’avais plus le rythme. Ma dernière rencontre date d’avril dernier avec Metz. Mais je n’ai pas trop envie de parler de tout ça, de ressasser le passé… Metz est une ville qui vit pour le foot.

J’ai joué deux années en Lorraine. La première s’est très bien déroulée. La deuxième ne s’est pas passée comme on le voulait. Il y a eu un changement de coach (NDLR : la suite de Philippe Hinschberger a été prise en octobre par un Frédéric Hantz avec qui cela ne s’est pas forcément bien passé pour Milan Bisevac)… Je dirais seulement que pour avoir du respect pour un homme, il faut que cela marche dans les deux sens… Peut-être qu’un jour j’expliquerai ce qu’il s’est passé dans le vestiaire. Mais le temps n’est pas venu. Ce que je peux dire, c’est que ce qui a été écrit dans le journal n’est pas vrai. Je tiens aussi à dire que le président Bernard Serin et Philippe Gaillot ont tout fait pour sauver le club en L1.

Pour en revenir à Dudelange, on vante souvent chez nous le niveau du jeu développé par le F91, notamment à l’entraînement. On dit que cela se rapproche de ce qu’on voit au plus haut niveau à l’étranger…

Oui, je ressens ça aussi. Quand je vois les investissements de Flavio (Becca) pour son club, le travail du coach Toppmöller… On sent qu’ils veulent amener ce club dans un niveau qui se rapproche des vrais professionnels. Actuellement, ce n’est pas celui de Ligue des champions mais il est très bon quand même.

Un niveau qui se rapproche de ce que vous avez connu chez certaines équipes dans les poules d’Europa League ?

Vous savez, quand on passe les barrages, c’est qu’il y a de vraies qualités. Contre ces équipes, tu ne peux jamais te dire que c’est gagné d’avance. Comme c’était le cas quand tu rencontrais avant les équipes luxembourgeoises. Quand tu gagnais 3, 4 ou 5-0. Tout a changé. Et j’espère qu’on va passer les barrages pour le montrer à toute l’Europe.

Entretien avec Julien Carette