Le rappeur MHD, mis en examen pour « homicide volontaire » et placé en détention jeudi, s’est fait connaître comme l’inventeur autoproclamé de l’afro-trap, propulsé par les réseaux sociaux et adulé par un public jeune en France comme à l’étranger.
Sa carrière est aujourd’hui en suspens : le rappeur a été mis en examen pour homicide volontaire dans l’enquête sur la mort d’un jeune homme en juillet lors d’une rixe à Paris « entre bandes du Xe et du XIXe arrondissement », selon une source proche du dossier.
Avec l’afro-trap, ses rythmes trépidants et ses chorégraphies stylées – mélange de rap et de musiques africaines – Mohamed Sylla, 24 ans, a connu une ascension météorique : en 2016, le rappeur parisien vend plus de 400 000 exemplaires de son premier album; en 2018, il figure à l’affiche du prestigieux festival Coachella en Californie; en 2019, une nouvelle tournée internationale l’attend avec une soirée de gala prévue fin mars à l’AccorHotels Arena de Paris.
Consacré par le star-sytem international
Roi des réseaux sociaux, l’enfant de Belleville d’origines sénégalaise et guinéenne totalise en quatre ans près de 800 millions de vues pour ses clips. La carrière de cet ancien livreur de pizzas décolle en 2015, quand son tube Afro Trap Part. 3 (Champions League), à la gloire du PSG – alors qu’il soutient les Girondins de Bordeaux – est relayé par les joueurs parisiens : son premier album éponyme est certifié triple disque de platine en France (300 000 ventes) et disque de platine à l’export (100 000 ventes).
Avec ce seul album alors à son actif, il démarre une tournée internationale qui lui fait traverser l’Atlantique pour remplir les salles aux États-Unis et au Québec. « Un rêve de gosse », avait-il confié en 2017. Le rappeur parisien fait aussi le tour des festivals, des Vieilles Charrues aux Eurockéennes jusqu’à Coachella, où son nom figurait à l’affiche aux côtés de stars comme Beyoncé et Eminem. Consacré par le star-sytem international – Madonna fait écouter sa musique à son fils et le rappeur canadien Drake lui emprunte un pas de danse -, le petit prince de l’ « afro-trap » sort en septembre 2018 son deuxième album, intitulé 19, en hommage à l’arrondissement parisien où il vit. Un quartier populaire auquel il reste très attaché. Dans ce disque, on trouve pèle-mêle des collaborations avec Stromae, Orelsan, Salif Keïta, Diplo ou Wizkid.
Des questions sur son avenir
Invité à l’Élysée par François Hollande en avril 2017 pour rencontrer le président guinéen Alpha Condé, MHD rencontre un succès équivalent à Conakry, où il donne un concert devant plus de 50 000 personnes, et mobilise 2 000 agents de police, selon des médias guinéens. Extrêmement présent sur les réseaux sociaux qui ont fait sa carrière, il gère lui-même ses messages aux 2,4 millions de personnes qui le suivent sur Instagram, surtout des adolescents. Le rappeur est en contact permanent avec ses fans, répond à leurs questions et prend en compte leurs demandes. Il a en parallèle pérennisé son buzz initial en lançant son label Nenso Music, où il a engagé un jeune espoir du rap français nommé Topas.
Quelques jours avant la sortie de son deuxième album, il avait surpris ses abonnés en annonçant sur Snapchat que la vie de star « n’était pas la (s)ienne » et qu’il allait « mettre un terme à tout ça ». Interrogé à ce sujet dans l’émission « C à vous » sur France 5, en septembre, il a expliqué se « poser beaucoup de questions » sur son avenir.
Placé en détention provisoire, il « conteste toute implication », selon son avocate. Trois concerts prévus cette semaine aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Allemagne ont été annulés. Les billets restaient en vente vendredi pour les autres dates de sa tournée au printemps.
LQ/AFP