L’adolescent soupçonné du meurtre d’une enfant de cinq ans dans les Vosges avait déjà été mis en examen l’an dernier pour viol sur mineur, a annoncé mercredi le parquet d’Épinal, au lendemain de la mort de la petite fille à Rambervillers.
Le meurtre de la fillette a choqué les habitants de la petite commune des Vosges, ancien fleuron de l’industrie textile.
« Je suis détruite », « c’est trop douloureux », a déclaré la mère de la victime, en larmes devant des journalistes sur le pas de sa maison, où des bouquets de fleurs ont été déposés.
Le corps de l’enfant, déshabillé, a été découvert mardi après-midi dans un sac, à l’intérieur d’un appartement HLM dans cette commune de 5 000 habitants, sur les indications d’un adolescent de 15 ans qui avait lui-même pris contact avec les autorités.
Le jeune homme a été « aussitôt interpellé et placé en garde à vue du chef de meurtre sur un mineur », a indiqué le procureur de la République d’Épinal, Frédéric Nahon.
Si le suspect ne présente aucune condamnation à son casier judiciaire, il est « actuellement mis en examen dans le cadre d’une information judiciaire, des chefs de séquestration sans libération volontaire, viol et agression sexuelle sur mineur », pour des faits remontant à février 2022, a précisé le procureur.
Centre éducatif fermé
Dans le cadre de cette procédure, le jeune homme avait été placé en centre éducatif fermé jusqu’en février 2023, date à laquelle « il était revenu au domicile familial » à Rambervillers, selon le parquet. Il faisait l’objet d’un suivi par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
« Une expertise psychiatrique précédemment ordonnée concluait à l’absence de troubles mentaux », a indiqué le procureur de la République.
« Pour quelle raison ils l’ont laissé sortir ? », s’est insurgée la mère de la victime, âgée de 34 ans.
« Celui qui a fait ça, je veux qu’il paye bien, parce que moi je paye avec toute ma vie », a ajouté cette femme aux cheveux noirs, portant un épais gilet de laine grise.
Le retour du jeune homme à Rambervillers « inquiétait un petit peu la police municipale, qui était attentive », a déclaré le maire de la commne, Jean-Pierre Michel.
« Je vais te violer »
Dans la matinée de mercredi, l’adolescent, dissimulé sous une couverture, a été brièvement ramené par les gendarmes dans l’appartement. Ils en sont repartis au bout de quelques minutes, les forces de l’ordre ne faisant aucun commentaire.
« Hier à 13h, il était derrière la maison, il m’a demandé si j’avais besoin d’un coup de main, il était toujours volontaire », a témoigné Sefa Sackan, 44 ans, voisin du suspect. « Je ne l’ai jamais vu avoir un comportement bizarre auprès de mes enfants ».
Mais d’autres riverains ont au contraire décrit un jeune homme provocateur, voire menaçant. L’un d’eux a ainsi rapporté une « altercation » qui s’était produite l’an dernier.
«Il avait dit à ma petite-fille de 11 ans « je vais te violer »», a raconté Mario, un brocanteur âgé de 55 ans, qui refuse de donner son nom de famille.
« On le voyait tout le temps traîner partout et insulter tout le monde. Il importunait tous les enfants. J’ai appris qu’il avait un logement ici, il vivait seul, sa mère lui louait un logement », a-t-il complété.
« Un jour, il avait attaché un garçon dans une forêt, pour essayer de le brûler », a confié une autre voisine, Lea Ritty, âgée de 18 ans. Peu de temps après, « il avait été hospitalisé en psychiatrie », a-t-elle expliqué.
De nombreux habitants se sont dit « choqués » du drame qui s’est joué dans la commune.
« Je n’ai pas dormi de la nuit, ça m’a traumatisée », a expliqué une voisine, Florence Idoux, 53 ans. « Je pense aux parents de la petite fille, les pauvres. Ça me fait de la peine ».