Sandro, 34 ans, a tranché la carotide gauche d’un homme rencontré dans un bar à Dudelange après que celui-ci a tenté de le voler. Il reconnaît les faits qui ont eu lieu à son domicile.
Une soirée bien arrosée a mal tourné rue Jean-Jaurès à Dudelange. Le 9 avril 2022, Sandro a tué son invité en lui tranchant la carotide gauche avec un couteau. Le prévenu, âgé de 34 ans, assure qu’il s’agissait d’un accident et qu’il n’avait pas l’intention d’attenter à la vie de sa victime. Il est accusé de meurtre ainsi que de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Ce samedi soir-là, Sandro, un agent immobilier, est de sortie. Il écume les bars de la Forge du Sud, boit, prend de la cocaïne. Dans un des bars, il rencontre sa future victime âgée de 38 ans. Les deux hommes lient connaissance et trinquent jusqu’à ce que Sandro décide de rentrer chez lui vers 3 h. En chemin, il croise un ami devant un autre bar et l’invite à venir prendre un dernier verre dans son appartement. La victime les suit.
Rue Jean-Jaurès, les trois hommes continuent de consommer de l’alcool – la victime avait un taux de 2,31 grammes d’alcool par litre de sang et le prévenu un taux de 1,32 – jusqu’à ce que la situation déraille. Les esprits se seraient échauffés. Le prévenu n’a pas apprécié d’avoir trouvé sa nouvelle connaissance dans sa chambre à coucher, le blouson de sa compagne sur le dos. La victime aurait tardé à revenir des WC où il avait prétendu être allé. Il en aurait profité pour annoncer par téléphone son intention de voler son nouveau compagnon de beuverie à un ami au Portugal.
Furieux, Sandro l’a traîné jusque dans la cuisine et l’a mis à genoux et lui a plaqué une lame de couteau de 20 centimètres sous la gorge, selon l’enquêteur qui a résumé les faits face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier matin. Il lui aurait ensuite ordonné de se déshabiller et de lui remettre ce qu’il lui avait volé : 150 euros destinés à la femme de ménage et des bijoux. La victime obtempère, mais cela ne suffit pas à calmer Sandro qui continue à brandir son couteau.
Responsable de ses actes
Son ami tente de la désarmer et de le ramener à la raison. La victime reculait face à la menace, mais le prévenu a frappé. Très fort, selon un expert légiste. Les circonstances exactes ne sont pas claires. La victime est-elle tombée en arrière en reculant? Pour l’enquêtrice de la police judiciaire, c’est tout à fait plausible. Le couteau tranche la carotide dans le cou de la victime qui décède rapidement dans l’appartement. La lame a causé une plaie d’une longueur de 7 centimètres et d’une profondeur de 15 centimètres.
Quand la police arrive sur les lieux, elle trouve l’ami de Sandro devant l’immeuble et le prévenu recouvrant la plaie avec une serviette de toilette pour tenter d’arrêter l’hémorragie. Le jeune homme n’a pas opposé de résistance et a reconnu les faits.
Sandro est responsable de ses actes, selon un expert psychiatre, malgré des traits de personnalité dyssociale et des difficultés à accepter les frustrations. L’expert pense que le prévenu pourrait souffrir d’un syndrome de l’imposteur. Il s’agit d’un sentiment auto-entretenu d’incompétence et de doute en sa personne et ses compétences, qui persiste malgré les succès scolaires et professionnels. Un confrère, venu spécialement de Paris, devrait étayer davantage cet aspect de la personnalité du jeune homme ainsi que les conclusions de l’expertise psychologique de Sandro cet après-midi.
Le jeune homme a travaillé de longues années dans la restauration avant de suivre une formation pour changer de carrière. Il s’est lancé dans l’immobilier et paraissait heureux, même si le spectre de l’alcool planait toujours. Surtout quand il faisait la fête et cela ne lui réussissait pas. L’expert précise que le jeune homme se serait déjà montré agressif sous son emprise. Il a notamment été condamné en 2017 à du travail d’intérêt général pour avoir blessé des personnes avec une bouteille.