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Metz : une jeune conductrice passée à tabac par un chauffard


Célia, 19 ans, a subi un déchaînement de violences le 5 mars dernier. (photo RL/Maury Golini)

Elle a vu la camionnette arriver au loin, sur l’A31, puis venir se coller à l’arrière de sa voiture. Stressée, la conductrice lui a fait signe de prendre un peu de distance. Elle n’imaginait pas que ce geste anodin allait déclencher la fureur de l’autre conducteur.

Des blessures sont visibles. Une coque protège sa main droite cassée. Elle porte des traces au cou. D’autres sont plus profondes. « Je ne comprends pas ce qui est arrivé. J’ai 19 ans, je suis un petit bout de femme. Je suis en stress permanent depuis. J’ai sans arrêt des flashs de la journée. »

C’était le 5 mars. Célia quitte le centre-ville de Metz, rentre sur l’A31 au volant de sa petite voiture rouge, en direction d’Augny. « J’ai vite remarqué cette camionnette. Elle remontait la file de véhicules en zigzaguant, en déboîtant devant le nez de certains. Elle a fini par se coller derrière moi. Je n’étais pas à l’aise, angoissée. Elle était trop près. J’ai donné un petit coup de frein pour allumer les feux et lui demander de mettre un peu de distance. » Le conducteur de la camionnette d’entreprise s’exécute d’abord.

« Il m’a soulevée par le cou »

« Il y avait des ralentissements, je me rabats pour prendre la sortie Augny village. Et je vois la camionnette revenir comme une balle vers moi. J’ai remis un coup de frein », continue la jeune étudiante. « Il a coupé la route à tout le monde, ça klaxonnait. Je me disais qu’il n’allait quand même pas me poursuivre. » Le conducteur la prend en chasse et la percute. « Ma tête a failli cogner le volant. Je me suis arrêtée pour faire un constat. Mais je n’ai pas eu le temps d’enlever ma ceinture de sécurité. »

L’autre a ouvert sa porte et a empoigné la jeune femme. « Il m’a jetée sur l’autre voie de circulation, devant une voiture qui arrivait en face. Heureusement, elle a pilé ! Il m’a agrippée par les cheveux, puis soulevée par le cou, et giflée ! Il hurlait. J’ai essayé de lui parler mais il criait que tout était de ma faute et qu’il avait noté ma plaque… »

« J’y pense tout le temps… »

Des voitures se sont arrêtées, des témoins assistent à la scène. « Au bout d’un long moment » qui lui a semblé une éternité, une femme ose s’interposer et mettre fin à ce déchaînement de violences. « Elle a remonté la file. Je me suis jetée sur son capot, elle a ouvert sa porte et je me suis réfugiée à l’intérieur. L’autre est parti. La dame qui m’a sauvée m’a dit avoir tout vu et relevé la plaque d’immatriculation. »

Une plainte a été déposée en gendarmerie. « Le premier jour, j’étais très énervée. Je pensais que ça allait passer. Mais je me rends compte que je suis fixée là-dessus. J’y pense tout le temps. Cette main cassée pourrait m’empêcher de faire mon stage indispensable pour valider mon année. »

Célia voudrait être « confrontée à lui. Simplement pour comprendre pourquoi il s’est mis dans un état pareil, et qu’il se rende compte de ma situation. »

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)