Des tags homophobes, découverts à Metz sur les clichés d’une exposition d’Olivier Ciappa montrant des « couples de la République », suscitaient dimanche l’indignation de la ville et des organisateurs.
Les faits ont été commis dans la nuit de jeudi à vendredi, a indiqué la municipalité. Une dizaine de photos, qui composent l’exposition du photographe Olivier Ciappa, installée en plein air au square du Luxembourg, ont été recouvertes du mot « NON », inscrit à la peinture rouge. L’exposition montre des couples enlacés, LGBT anonymes, hétérosexuels et de stars. En 2015, cette même exposition avait déjà été vandalisée à Toulouse.
Les dégradations ont été découvertes vendredi par des membres de l’association LGBT « Couleurs Gaies », qui organisait l’événement dans le cadre de la 2e édition de son festival pro-visibilité, les « Rainbow Weeks ». En accord avec l’artiste, la ville de Metz et l’association ont décidé de prolonger la durée de l’exposition et de « laisser les photos en l’état ». Il s’agit de « montrer qu’en 2018, l’homophobie est toujours là et une réalité », a indiqué Thomas Scuderi, adjoint à la démocratie participative et à la citoyenneté, interrogé dimanche par l’AFP.
Le maire socialiste Dominique Gros a évoqué un « acte d’homophobie caractérisé » et condamné les dégradations « avec la plus grande sévérité », dans un communiqué. « Nous avons décidé de laisser les bâches sur lesquelles sont imprimées les photographies de l’exposition dans l’état où elles se trouvent », a indiqué le maire. « Elles permettront à chacun de s’interroger sur la tolérance, le vivre-ensemble, l’inclusion de tous dans notre société ainsi que sur le travail qu’il nous reste à accomplir ensemble pour y parvenir », a souligné Dominique Gros.
« Un acte de vandalisme »
Évoquant « un acte de vandalisme », l’association « Couleurs Gaies » a annoncé qu’elle déposerait une « plainte contre X » la semaine prochaine. C’est un acte qui ne doit pas rester impuni », a souligné Matthieu Gatipon-Bachette, président de l’association. « La ville de Metz fait beaucoup pour les associations, et vous avez un acte isolé qui vient tout ternir », a-t-il regretté. « La visibilité des personnes LGBT, même si elle est affichée très sobrement, pose encore problème en 2018 », a-t-il dit. « Cela n’entame en rien notre détermination à continuer à mener des actions de visibilité à Metz pour, justement, essayer de faire de la prévention, éveiller les consciences », a-t-il ajouté. Il a salué le civisme de « Messins (qui) sont allés nettoyer des bâches sur lesquelles sont imprimées les photos ».
« Le mariage pour tous a beau être passé, on est encore très loin de vivre dans une France tolérante et inclusive », a réagi le photographe Olivier Ciappa dans un texte posté samedi sur Twitter.
« L’exposition montre l’étendue des différentes familles et des différents couples de la République. On y voit de vraies familles de vrais couples, qu’ils soient gays, lesbiennes, bi, trans ou hétéros. Bien entendu c’est à nouveau les photos LGBT qui ont été détruites, pas les hétéros », a fait remarquer l’artiste.
Les « Rainbow Weeks » de Metz s’achèveront samedi prochain par la Gay Pride.
Le Quotidien/AFP