Le nouveau centre des congrès de Metz ouvre ses portes ce week-end, à l’arrière de la gare et face au Centre Pompidou. Jean-Michel Wilmotte, l’architecte et designer français qui s’est associé au groupe de BTP Eiffage dans l’opération messine, raconte sa démarche et ses inspirations.
Comment votre cabinet d’architecture a-t-il abordé cette réalisation ?
Le processus a été double, il y avait un programme très très dense, sur une langue de terre pas très propice pour ce genre de bâtiment, et il y avait le fait qu’on soit à Metz, ce qui pour moi était important. Il y avait une valeur contextuelle à respecter, comme le fait qu’on soit face à Pompidou par exemple. Il ne fallait pas rentrer dans une bagarre d’ego avec lui. Donc, il fallait opter pour une certaine sobriété et, surtout, pour une grande fonctionnalité. Parce qu’aujourd’hui, parmi les palais des congrès, il y a ceux qui marchent et ceux qui ne marchent pas. Ceux qui marchent sont fonctionnels, ceux qui ne marchent pas ont été mal conçus.
J’ai trouvé Metz d’une beauté incroyable
Vous vous êtes imprégné de Metz avant de tracer les grandes lignes de votre projet ?
Après avoir validé le terrain, je me suis baladé dans Metz, dans la vieille ville, autour de la cathédrale… J’ai trouvé cette ville d’une beauté incroyable. Il y avait un peu de soleil, la pierre de Jaumont était resplendissante. J’ai vraiment été pris par cette matière et je me suis dit qu’on ne pouvait pas faire un nouveau bâtiment à Metz sans y faire référence. Puis, finalement, d’une citation de cette pierre, on est passé à l’ensemble du bâtiment. Cette pierre est vraiment les racines de la ville, sa mémoire, tout.
Le lieu d’implantation (entre la gare de Metz et Pompidou sur une bande assez étroite) a-t-il été une contrainte importante pour vous ?
C’était très contraignant parce qu’on a dû faire rentrer un amphithéâtre conséquent dans cet espace. On a fini par trouver la solution en le tournant de 90°, ce qui nous a permis de l’intégrer. Et puis, le fait de localiser toutes les circulations latéralement, a été aussi un « plus ».Ceci nous a permis de dégager tout ce qu’il avait entre la façade et la partie arrière de l’îlot. Au final, toutes les contingences sont devenues des éléments positifs. On les a transformées en bonus.
Pas un petit projet pour nous
En quoi ce projet a-t-il eu un intérêt pour votre cabinet ?
Ça a été un projet intéressant parce que par rapport aux autres palais que nous faisons, tous les acteurs s’y sont impliqués. Ce qui a été formidable, c’est que le projet a vraiment séduit les autorités. Ils nous ont, donc, vraiment aider à le développer. Ce qui est rare. En général, ce sont plutôt des projets sur lesquels on se bat pour faire passer quelques idées. En cela, ce programme n’a pas été un petit projet pour nous.
Pour vous, fonction et esthétique sont indissociables en architecture. Pouvez-vous expliquer ce principe ?
Le bâtiment doit traduire sa fonctionnalité. La meilleure architecture se situe là, dans cette traduction de ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment. Il faut qu’on sente comment s’organisent les espaces. Il y a une espèce d’écriture du bâtiment qui exprime sa fonctionnalité. Je vois les choses ainsi.
Entretien avec Thierry Fedrigo (Le Républicain Lorrain).
Siège mondial d’ArcelorMittal, PSG et Rijksmuseum
Pour Jean-Michel Wilmotte qui, à 70 ans, a signé des ouvrages aussi prestigieux et colossaux que le siège mondial d’ArcelorMittal (2021) à Luxembourg, le Carrousel du Louvre, le centre d’exposition et de convention de São Paulo (Brésil), le centre de gestion sportive Ferrari à Maranello-Fiorano (Italie), la redéfinition du Rijksmuseum d’Amsterdam (Pays-Bas) ou encore le centre d’entraînement du Paris Saint-Germain, « il n’y a pas de petits chantiers ». Inspire Metz !