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Méthodes très contestées à Dudelange


La FGFC accuse les autorités communales de Dudelange d’avoir enfreint toutes les règles en suspendant des personnels de leurs fonctions. (photo archives LQ/Alain Rischard)

La Fédération générale de la fonction communale révèle que la ville a fait usage de méthodes douteuses pour se débarrasser de certains personnels de son service informatique.

Après l’OGBL, qui dénonçait une ambiance de travail toxique à la maison communale de Contern, voici que la Fédération générale de la fonction communale (FGFC) s’en prend aux responsables politiques de la commune de Dudelange. Le syndicat reproche aux autorités locales d’avoir «dépasser les limites de l’acceptable» en portant des accusations graves contre les employés de son service informatique. Racisme, harcèlement, usage privé de matériel communal sont des griefs qui, selon la FGFC, auraient dû mener à une enquête sérieuse dans le respect de la loi.

Le syndicat met en doute les méthodes utilisées et le conseil de discipline lui a donné raison. La commune, où le LSAP règne en maître absolu, aurait versé dans la disproportion, violé les droits fondamentaux des personnes concernées et piétiné la protection des données et le droit du travail.

«Les litiges se poursuivent aux frais du contribuable»

Dans les faits, l’ensemble des employés du département informatique ont été invités à des entretiens sans révéler la véritable raison de cette décision. Ces interrogatoires se sont déroulés sans assistance. «Les employés ont été interrogés pendant des heures sans accès à une représentation légale ou syndicale», s’indigne ainsi le syndicat. Leurs téléphones portables et ordinateurs portables ont été confisqués sans aucune forme de procédure.

Ce n’est pas tout. Des entités externes ont copié des données et effectué des analyses qui concernaient aussi des données privées des employés. Des perquisitions ont eu lieu dans les bureaux, menées par l’administration communale en l’absence des personnes concernées. Enfin, certains salariés ont été immédiatement suspendus de leurs fonctions sans explication.

La FGFC exige aujourd’hui la réhabilitation immédiate des deux salariés concernés et donc l’annulation de la suspension «illégale» et leur réintégration immédiate dans leurs fonctions au sein du service informatique. Le syndicat veut qu’une enquête indépendante soit lancée sur les événements en rapport avec les violations des droits de l’homme et de la protection des données, retenues par le conseil de discipline.

Malgré tout, l’administration communale refuse de permettre aux employés concernés de réintégrer leur poste. «Au lieu de cela, les litiges se poursuivent aux frais du contribuable», indique la FGFC, puisque la Ville de Dudelange a introduit un recours devant le Tribunal administratif qui est toujours en cours. Raison pour laquelle le député-maire, Dan Biancalana, ne veut faire aucun commentaire sur le dossier.

Relations tendues

Le syndicat s’interroge. «On a l’impression que toute cette affaire ne porte pas sur des fautes professionnelles, mais plutôt sur l’élimination des salariés indésirables pour des raisons politiques et sur la protection des lanceurs d’alerte.» Le service informatique semble n’être qu’une pièce du puzzle, selon le syndicat qui parle de relations de travail tendues. La FGFC y voit «un problème systémique qui non seulement met à rude épreuve les employés concernés, mais sape également durablement la confiance dans les dirigeants politiques de la ville».

Le syndicat constate que «la montagne a accouché d’une souris». À la base de toute cette affaire, il y a «des allégations douteuses de deux anciens employés de l’informatique», les lanceurs d’alerte dont parle la FGFC, qui ont suffi à faire déclencher «une attaque tous azimuts».

L’ensemble du service informatique a été suspecté sans que le chef de service ni les employés concernés n’aient été contactés, «même si les dix employés avaient des dossiers personnels impeccables», indique le syndicat.

Selon la FGFC, la commune, «dont le budget est déjà en grande difficulté», aurait déjà dépensé une somme à six chiffres pour les enquêtes, les conseils juridiques et les procédures.

Les employés concernés ont dû se défendre à leurs frais depuis plus de deux ans, maintenant. La FGFC révèle s’être délibérément retenue de rendre publique l’affaire pendant des mois «pour ne pas nuire au travail du conseil disciplinaire ou à l’indépendance de la justice».

La FGFC ne vise pas l’escalade, mais s’intéresse à une solution juste et objective, insiste encore le syndicat.