Luca Mathias, prévisionniste chez MeteoLux analyse la situation météorologique de ces derniers mois au Grand-Duché.
Il y a quelques jours MeteoLux annonçait un record de chaleur historique au Grand-Duché. Avec une moyenne de 20,3 °C, les dix premiers jours du mois de septembre ont été les jours les plus chauds jamais enregistrés dans l’histoire de la station météorologique basée au Findel. Les précédents records dataient de 2006 (avec 17,5 °C de moyenne), 2016 (avec 17,4 °C de moyenne), 1949 (17,2 °C) et 1947 (16,9 °C). Une tendance qui s’est confirmée en ce début du mois d’octobre, avec des températures de plus de 23 °C en pleine journée.
Un été indien, sans doute apprécié, après une saison estivale très maussade, qui reste cependant «inquiétant» pour Luca Mathias, prévisionniste chez MeteoLux. «Depuis quelques années, on bat des records de chaleur très fréquemment. C’est une tendance que l’on ne voit pas seulement au Luxembourg mais partout en Europe et dans plusieurs régions du monde», indique-t-il. Une situation qu’il lie directement aux changements climatiques. «Ces records vont se poursuivre dans les prochaines années et nettement augmenter.» Si ces derniers pouvaient se produire dans le passé, c’est aujourd’hui la fréquence de ces phénomènes qui inquiète ce prévisionniste.
Une année 2023 de tous les records
Depuis 1947, la station météorologique basée à l’aéroport du Findel enregistre et relève les températures et records de chaleur et d’ensoleillement. «Chaque minute, on mesure la température à deux mètres au-dessus du sol. Avec ces données minutes, un logiciel calcule ensuite les moyennes journalières, horaires et mensuelles», explique en détail le prévisionniste. S’il encore trop tôt pour dresser un premier bilan de l’année 2023, pour Luca Mathias, au niveau mondial, l’année 2023 a été celle de tous les records. «Pour le Luxembourg, on a battu certains records mensuels. Les phénomènes extrêmes ont été plutôt calmes. Nous avons eu une période de sécheresse fin mai et juin. Mais pendant la période estivale, il y a eu beaucoup de précipitations et parfois des températures en dessous de la moyenne. Il reste encore quelques mois devant nous pour dresser un bilan et se situer par rapport aux années précédentes», analyse-t-il.
Prévisionniste chez MeteoLux depuis cinq ans, Luca Mathias constate depuis ces dernières années une accélération des phénomènes liés au changement climatique, comme les températures extrêmes l’été, mais aussi l’apparition d’hivers très doux. Ainsi, selon certaines prévisions, le Luxembourg devrait en 2050 connaître les mêmes périodes hivernales que celles de l’Uruguay, avec des températures autour de 10 °C à 16 °C. «On remarque ici que les chutes de neige et leur fréquence ont aussi beaucoup diminué. C’est aussi une répercussion du changement climatique.»
Orages violents, pluies diluviennes sont également des phénomènes de plus en plus récurrents, mais sont-ils réellement liés au réchauffement de la planète ? «Pour les orages, il faut plus nuancer. C’est encore très difficile de faire un lien. Car ce sont des phénomènes très complexes et localisés, comme les tornades. Celui avec les pluies intenses est facile à faire.» À l’image de ces phénomènes, la variabilité du temps n’est, elle non plus, pas toujours liée au changement climatique. «Sous nos latitudes, ici, au Luxembourg, on a un temps assez variable», conclut-il.
Le record des extrêmes
+39 °C : selon MeteoLux, le Grand-Duché a connu en juillet 2019 le mois le plus chaud de son histoire avec une température de 39 °C. Celle-ci a été relevée le 25 juillet de cette même année.
-20,2 °C : c’est la température la plus basse jamais enregistrée au Luxembourg, d’après les données de MeteoLux. Elle a été relevée le 2 février 1956.
30 °C de différence de température : le 31 décembre 2022, le pays a enregistré une température moyenne de 15,7 °C. La température minimale a été relevée en 1976 avec -15,3 °C. Entre ces deux années, la différence constatée est de 30 °C.