Deux chercheurs du Liser ont épluché les effets réels des mesures antivirus prises pendant la crise sanitaire, dans les différents pays du monde. La fermeture des écoles et l’annulation des grands évènements publics ont eu le plus d’effet. Les restrictions de transports et le contrôle des déplacements internationaux n’ont en revanche pas eu d’effets notoires.
Dans leur méthode, les deux chercheurs de l’institut luxembourgeois, épaulés par un chercheur de l’Institut d’économie du travail, ont croisé les huit mesures phares prises sur le globe, avec les résultats et les interdépendances sur les pays du monde.
Les critères retenus sont : le contrôle des déplacements internationaux / la fermeture des transports publics / l’annulation d’évènements publics / les restrictions sur les rassemblements privés / la fermeture d’écoles et de lieux de travail / l’obligation de rester à la maison et les restrictions de mobilité interne (entre les villes et les régions).
« En exploitant la variation de l’intensité et des dates d’introduction de ces politiques d’un pays à l’autre, les auteurs sont en mesure d’estimer l’effet net de chaque politique », explique le Liser. Tout en considérant » l’influence simultanée des autres politiques ».
Dr Konstantinos Tatsiramos et Dr Bertrand Verheyden, du département « Conditions de vie » du Liser, en arrivent aux conclusions suivantes : l’annulation d’évènements publics, l’imposition de restrictions sur les rassemblements privés et la fermeture d’écoles sont les trois politiques qui ont eu l’impact le plus fort.
Viennent ensuite la fermeture des lieux de travail et les mesures de confinement à domicile, « dont les effets sont moins importants ».
Enfin, « aucun effet n’est constaté en ce qui concerne le contrôle des déplacements internationaux, la fermeture des transports publics et les restrictions de circulation entre les villes et les régions », note le Liser.
Les critères d’un cluster
Une deuxième partie de l’étude porte en fait sur l’étude de la notion de « cluster ». Les centres de contagion allient densité de fréquentation humaine et difficulté de traçage des contacts. D’où les conclusions sur l’absence d’effet des contrôles de déplacement internationaux par exemple : « Bien qu’ils aient été imposés relativement tôt dans de nombreux pays, ces contrôles ne semblent pas efficaces pour bloquer l’évolution du virus. Cela s’explique probablement par leur manque de rigueur, et le fait qu’il suffise d’une brèche pour que le virus se propage au-delà des frontières. » Les chercheurs attribuent aux frontières « un caractère immatériel » dans le domaine des épidémies.
H. G./Le Quotidien