La data est devenue ces dernières années un pilier du recrutement mondial. Alors que certains championnats ont su en tirer profit, qu’en est-il de sa visibilité au Luxembourg ?
Cela fait des années que les données sont entrées dans le monde du football. Certains clubs de haut niveau, comme Liverpool, Brentford ou Toulouse, en ont fait un outil de recrutement efficace.
Ces deux derniers, grâce à cette méthode, s’offrent des joueurs très efficaces dans des championnats parfois exotiques. Alors que le football s’internationalise, ces structures sont allées chercher des joueurs à Chypre, au Chili, en Islande ou en Équateur.
Le Luxembourg, et donc la BGL Ligue, est-il connecté à cette méthode de recrutement ?
Certains joueurs parviennent à rallier le monde professionnel ces dernières saisons, comme dernièrement Guillaume Trani au Red Star. Mais alors que le Grand-Duché pointe à la 48e place du Classement UEFA (sur 55 pays), le championnat n’est, au premier abord, pas le plus scruté par les grands scouts européens. Un apport de ce genre de sources, souvent répertorié sur des sites spécialisés, comme Statsbomb ou Wyscout, pourrait s’avérer crucial.
Certains s’impliquent d’ailleurs énormément sur ce point-là. La valorisation de ces statistiques peut être déterminante pour retrouver le monde professionnel.
«On a notamment collaboré avec des joueurs de D1 luxembourgeoise pour les aider à trouver un club en Europe. On met en lumière leurs statistiques pour les comparer aux autres championnats européens notamment, et les rendre plus lisibles pour les clubs», explique Léo Guinand, cofondateur du site Data’Scout.
La plateforme réalise des graphiques complets sur les joueurs scrutés un peu partout afin de vulgariser le profil d’un joueur. Ils agissent auprès des clubs comme une agence de consulting, notamment sur des championnats moins suivis par le grand public.
Une visibilité restreinte
Lors des dernières saisons, ils se sont notamment appuyés sur un outil indispensable dans des championnats moins exposés, l’indice de performance.
Un algorithme qui se base sur des données concrètes, et qui cherche à mettre en évidence des joueurs qui survolent leurs compétitions. «La data permet aussi de plus facilement se rendre compte du niveau réel d’un joueur, et ce, même si hypothétiquement, il évolue à un échelon inférieur», suggère le Français, qui fait partie des acteurs qui mettent en lumière le travail d’interprétation de données.
Problème, la première division luxembourgeoise n’a pas été couverte par Wyscout, un des leaders dans le domaine, lors de cette dernière saison. La visibilité du championnat est donc plus restreinte pour les clubs étrangers.
«Certaines fédérations sont très conservatrices, d’autres moins, mais c’est une histoire d’argent, comme souvent», détaille Léo Guinand. Si la sélection nationale reste couverte, de même que ses catégories de jeunes, le championnat s’invisibilise aux yeux de certains recruteurs.
«Il y a certaines données sur des joueurs luxembourgeois, mais elles sont beaucoup plus fournies pour ceux qui jouent dans des clubs étrangers. L’Angleterre a un système de points un peu spécial. On regarde généralement ce qui se passe en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, qui ont des totaux de points supérieurs», commente Alexandros Evangelakakis, dorénavant entraîneur des catégories de jeunes de Southampton. En Angleterre, les divisions professionnelles s’expriment jusqu’en 6e division.
Ces outils semblent pour l’instant ne pas s’importer jusqu’au Luxembourg, et certains joueurs qui explosent les compteurs en championnat doivent passer par des échelons intermédiaires avant de rejoindre l’élite.
Rayan Philippe, récemment annoncé du côté de Hambourg, sortait d’une saison à 33 buts avec le Swift avant de connaître le deuxième échelon allemand. Son passage à Braunschweig lui permettra de goûter à la Bundesliga. Un bond en avant grâce à une exposition plus importante.