Alors que le système de recrutement par la data se développe dans le monde, où en est-on dans les clubs luxembourgeois ?
Le pourcentage de joueurs étrangers actuellement en BGL Ligue ? 61,7 %. Un chiffre supérieur à la moyenne mais qui équivaut à un championnat comme la Ligue 1 (62 %) ou la Serie A (62,4 %), et bien plus loin que la Premier League (70,8 %) et surtout la Primera Divisió andorrane, championnat qui compte le moins de joueurs locaux (82,6 %). En définitive, le Luxembourg est le 7e championnat accueillant le plus de joueurs issus de l’étranger. Et pour effectuer le recrutement, il faut naturellement se tourner vers des championnats divers. Et dernièrement, pour identifier des profils, beaucoup de clubs se sont tournés vers des outils d’étude de données, la data. Brentford, Brighton ou Liverpool en sont les leaders, mais est-ce que cette démarche est abordée chez les clubs du Grand-Duché ?
Il est vrai que certaines recrues, quand elles arrivent sur le territoire, sont souvent passées sous les yeux du grand public. Des joueurs issus de divisions inférieures ou de championnats exotiques, mais pourtant, qui arrivent à s’imposer dans les effectifs. «Nous travaillons avec un analyste data, qui justement peut me permettre de cibler des profils en fonction de la demande. Quand nous avons des besoins spécifiques à certains postes, Cela nous permet de réduire la recherche, et ensuite de cibler avec différents paramètres», explique Romain Ruffier, directeur sportif du Racing. Des critères peuvent être primordiaux pour recruter un joueur, comme les statistiques ou le nombre de minutes jouées.
Un outil d’ajustement, mais coûteux
Mais la data cherche justement plus loin, avec le nombre de courses à haute intensité, les kilomètres parcourus ou les duels gagnés. Ces données très factuelles, presque mathématiques, permettent parfois d’aller dénicher la perle rare. «Cela nous aide à limiter les erreurs de casting, notamment parce que les agents ont souvent tendance à ne nous transmettre que des extraits très positifs», affirme Yannick Bastos, qui travaille, lui, sur le recrutement du Progrès. Certains promus s’y sont d’ailleurs tournés. «On collabore avec des personnes ayant accès à des scouting feeds afin qu’on ait des données sur des profils étrangers que l’on trouve intéressant ou qui nous ont été proposés. Les données peuvent permettre d’écarter les profils et de rendre notre échantillon plus petit sur les profils sur lesquels on va entrer en contact et faire une recherche plus approfondie», affirme Emile Weber Jr, chargé du mercato de Canach. Une aubaine oui, mais qui a un coût.
Pour les moyens limités des clubs locaux, certains outils de recrutement restent onéreux. «On est resté au système traditionnel. On s’appuie sur des réseaux au Portugal, en Amérique du Sud, récemment en Afrique. Cela serait un plus de pouvoir bénéficier de ces méthodes pour comparer les petits détails, mais cela coûte très cher», déplore le directeur sportif de Differdange, Remy Manso. Cela est l’un des freins principaux pour la majorité des équipes du championnat. «Ça a un coût de travailler avec certains logiciels, et certaines personnes, donc l’analyse data poussée va être sur certains profils bien ciblés», rétorque Romain Ruffier.
Et même si celle-ci se développe, l’étude de la data reste un outil d’identification parmi d’autres. «C’est une pièce du puzzle. On évalue le niveau sportif, mais on se concentre aussi sur la personne. On préfère avoir un joueur un peu moins performant, mais qui au niveau du caractère est une plus-value, qui apporte au collectif», détaille Christian Strasser, dévoué à cette tâche à Mondorf. Même si les avis divergent, la data entre dans le quotidien de la plupart des équipes du championnat. Une méthode qui, à terme, pourrait nous faire voir émerger de nouvelles pépites fouler les pelouses du Luxembourg. Et ceux, sûrement déjà au cours, de ce mercato.