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Meilleure friterie de Belgique : «On ne s’attendait pas à gagner»


(De g. à dr.) Bryan Belacca, sa femme Sabrina et Quentin et Maxime, ses employés, ont été élus «Meilleure friterie de Belgique» début janvier.

À cinq minutes du Grand-Duché, à Aubange, l’enseigne «Chez Bryan» a été élue meilleure friterie de Belgique. Un titre qui attire les curieux et qui récompense le travail de son gérant Bryan Belacca.

Ouvrir une friterie en 2018 sans expérience en restauration puis remporter le titre de «Meilleure friterie de Belgique» six ans plus tard, l’ascension de Bryan Belacca n’est pas commune. Installé à Aubange, à cinq minutes du Grand-Duché, la réussite sourit à ce jeune restaurateur lancé dans le bain il y a peu.

La comparaison avec son idole Kylian Mbappé, dont il possède une figurine en cuisine, est presque trop facile. «Non, je ne suis pas le Mbappé des friteries, déjà, je n’ai pas la grosse tête comme lui, du moins j’espère», plaisante le trentenaire avec un léger tacle pour le joueur du Paris Saint-Germain.

Malgré tout, les deux hommes semblent partager des points communs qui ont permis à la friterie «Chez Bryan» d’être élue, le 4 janvier dernier, meilleure friterie du plat pays par le site «Les friteries.com». «Il est perfectionniste», témoigne sa femme Sabrina, qui a quitté un poste de vendeuse pour l’épauler en cuisine, sans expérience non plus.

«Que ce soit à la friterie comme à l’école, en compétition de moto-cross ou au Monopoly avec ma femme, je veux toujours gagner», avoue celui qui, après une journée de 10 h à 22 h, reste parfois régler la température de l’huile pour perfectionner ses frites.

Le travail est aussi la clé, comme il tient à le rappeler : «La présence du patron, c’est important, certains lèguent leur travail, mais moi non, je suis là midi et soir tous les jours.» Jovial et chaleureux, Bryan reçoit comme à la maison, toujours avec un mot de sympathie pour les habitués malgré le fait que ces derniers se fondent dans la masse de clients de plus en plus nombreux.

«L’importance du travail d’équipe»

Depuis son titre, l’affluence est passée «un cran au-dessus». Lors des premiers jours dans la peau de numéro 1, la queue s’allongeait sur cinq mètres dehors. Cependant, l’établissement, classé troisième en 2022, connaissait déjà une belle fréquentation avant cela. «Je ne m’appelle pas Mbappé, mais quand je vais aux courses, je dois dire bonjour à tout le monde», confie Bryan, dont la friterie est un incontournable de la commune.

Pourtant, six ans plus tôt, rien ne laissait présager cela lorsque, avec sa mère, commerçante à Aubange, le jeune belge diplômé en soudure reprend une friterie avec une mince clientèle. Afin de se former, Bryan se dirige alors vers un homologue qui le forme pendant deux semaines, avec quelques astuces à la clé. Un geste «glorieux de sa part et si j’ai l’occasion de faire pareil avec un jeune, je me dois de le faire aussi»

Puis petit à petit, la force du travail et du bouche-à-oreille attire des curieux et la réputation de l’enseigne grandit. Avec le recul, Sabrina concède qu’«on ne s’attendait pas à gagner». Le changement de dimension se fait notamment mi-2022, lorsque la friterie s’équipe d’une friteuse Oranda, la meilleure du marché. «C’est comme une Formule 1, si tu n’as pas le bon moteur, tu n’avances pas» dit-il, sans oublier «l’importance du travail d’équipe».

À moins d’une heure de l’ouverture des portes, à 18 h, un ballet se joue en cuisine où les gestes de Bryan, Sabrina et des employés Quentin et Maxime semblent chorégraphiés. «C’est un métier dur et fatigant, il faut toujours être concentré mais on sait pourquoi on le fait quand on voit les mêmes têtes qui reviennent» se réjouit Sabrina. Malgré le rush, les paris sont lancés pour savoir qui sera le premier client à franchir la porte, le quatuor pouvant même citer les commandes des habitués.

La clientèle luxembourgeoise en hausse

Attirés, entre autres, par la sauce fromage secrète de Sabrina et les hamburgers Black Angus, les clients se pressent devant la porte pour être servis en premiers. Certains arrivent même avec leur propre cageot afin de transporter leur commande.

Et lorsque sonne 18 h, ils sont déjà une vingtaine à entrer dans la friterie. Jusqu’à ce que la porte d’entrée commence même à montrer des signes de fatigue. «La moitié des clients sont belges et le reste ce sont des Luxembourgeois ou Français, comme on est entre les trois frontières», fait savoir Bryan. Depuis l’annonce de son titre, il constate d’ailleurs que la clientèle du Grand-Duché est passée «de 10 % à presque 30 %».

Tel un compétiteur, Bryan ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. Après avoir goûté des frites à la patate douce au casino de Mondorf, ce dernier envisage peut-être de s’y mettre. «Personne ne fait ça encore, mais j’ai juste peur que la cuisson donne une couleur brûlée et qu’elles abîment l’huile aussi. Il faut que j’y réfléchisse.»

Minutieux dans son travail, le restaurateur y consacre même une partie de sa vie privée avec sa femme. Fan d’émissions culinaires, le couple pense avoir regardé tous les épisodes de l’émission française «Cauchemar en cuisine». Poussé par le haut avec la concurrence, rude en Belgique, Bryan s’interroge cependant sur l’absence de friterie chez ses voisins. «Pourquoi il n’y a pas de friterie à la frontière en France ou au Luxembourg ?» dit-il, sans même craindre pour son marché.

Les frites : mode d’emploi d’un savoir-faire belge

Lorsque l’on interroge sur les frites, Bryan tient à mettre les choses au clair : «On dit que les frites viennent de France, mais le savoir-faire, il est belge.» Chez nos voisins, tout débute d’abord par l’épluchage des pommes de terre, «une chose que beaucoup de friteries ne font plus» d’après un client fidèle de «Chez Bryan».

Comme le veut l’exigence de la région flamande, «ici les frites doivent faire 10 millimètres maximum, sinon les gens n’aiment pas». Puis, la double cuisson est une obligation. «C’est la base de toute bonne friterie qui se respecte, il n’y en a aucune en Belgique qui ne cuise pas ses frites deux fois, je pense», avertit Bryan. Ce dernier met également un point d’honneur à utiliser de la graisse de bœuf, même si certains «trichent» avec des huiles moins chères mais moins savoureuses selon lui.

Pour la première cuisson «Chez Bryan», la graisse de bœuf doit être entre 130 et 140 degrés. On y plonge les frites pendant 7 minutes, puis il faut attendre 20 minutes avant de les cuire à nouveau avec, cette fois, une température entre 170 et 175 degrés et sans chronomètre.

«Pour la deuxième cuisson, il faut faire à l’œil, je ne mets pas de temps. En général, c’est deux minutes, je dirais.» Enfin, il ne reste que la sauce et la viande à choisir. Quitte à en prendre plusieurs. «Je prends toujours une frite et parfois deux-trois petites viandes», glisse Bryan.

La clé pour faire des frites belges de qualité : la double cuisson et la graisse de bœuf. Photo: editpress/tania feller

Un commentaire

  1. Le Père Pinard

    « Faire ses courses » est un belgicisme qui à la vie dure! L’on va magasiner, ou l’on va aux emplettes! Dans l’entre deux guerres, il y avait pléthore de champs de courses en tous genres en Benelux! Et lorsque Monsieur était aux emplettes, il passait un grand moment à l’un de ces champs de courses. Attardé il revenait à la maison et se laissait sermonner par la mégère. Sa réponse était invariablement « J’étais aux courses » Les déformations du langage des médias et des réclames ont fait le reste, surtout en France!