Maxime Chanot est un homme heureux. Le défenseur luxembourgeois revient sur sa signature «pour plusieurs années» au New York City FC et les raisons qui l’ont poussé à quitter l’Europe.
Le défenseur central de 26 ans respire. Alors que sa carrière professionnelle avait commencé par une période de galère, il tient sa «récompense».
Le Quotidien : Dans quel état êtes-vous deux jours après l’officialisation de votre signature à New York?
Maxime Chanot : C’est un soulagement. J’avais encore deux ans de contrat à Courtrai, alors je n’avais pas de problème au niveau de mon avenir. Mais j’ai loupé un transfert en Italie (NDLR : au Chievo Vérone) l’année dernière et ça avait été une vraie déception. Croyant comme je suis, je me dis aujourd’hui que c’est un mal pour un bien.
Pourquoi New York? Parce que votre femme a trouvé un boulot dans une étude d’avocats?
C’est un tout. D’abord, c’est un choix sportif. J’avais une offre d’un club polonais et une autre d’Angleterre (NDLR : Queens Park Rangers). Les Anglais ont accéléré les choses ces derniers jours quand ils ont vu que ça se précisait avec New York, mais mon choix était fait. J’ai besoin de me poser et pour être honnête, c’est le coach qui a fait la différence. Patrick Vieira m’a appelé et m’a dit qu’il avait besoin d’un profil comme le mien. Il m’a expliqué le projet. Il m’a raconté qu’il m’avait vu plusieurs fois sur des matches en Belgique.
Il m’a dit que j’étais le profil qui manquait à l’équipe, avec une touche de hargne et un jeu physique. Que ce profil était difficile à trouver et qu’il comptait sur moi. Au-delà de ça, ma femme est avocate et a trouvé un travail là-bas. Pour elle, c’est aussi une belle opportunité professionnelle. En Pologne ou en Angleterre, ça aurait été plus compliqué. Avant d’être un footballeur, je suis un père de famille et on a pris cette décision pour le bien de toute la famille.
Que savez-vous de la MLS?
J’ai deux-trois collègues qui jouent là-bas, dont Frédéric Brillant (NDLR : qui sera son coéquipier à NYC). Je le connais car on a joué ensemble il y a quelques années au Beerschot et comme on était trois francophones dans l’équipe, on s’était rapprochés. Il m’a dit qu’il vivait un rêve éveillé, que ce soit au niveau de la beauté de la ville ou sportivement. Je vais jouer dans un stade énorme et profiter d’infrastructures incroyables. Et puis, mes coéquipiers, je ne vous les présente pas!
Jouer avec Pirlo, Villa et Lampard, ça vous fait quelque chose?
Ce sont des joueurs exceptionnels, je suis admiratif de leur carrière, mais ça ne me fait rien de plus que ça. J’arrive à New York en tant que coéquipier et pas comme fan. Je suis plus dans l’impatience de bénéficier de leur immense carrière. Il y a toujours à apprendre auprès de joueurs de ce calibre.
L’objectif, c’est d’être champion ou on vous laisse assez tranquille de ce côté-là?
C’est comme partout. Il y a un certain budget, alors il faut qu’on termine le plus haut possible. L’objectif est donc dans un premier temps d’atteindre les play-offs.
Quitter l’Europe est-il une décision dure à prendre quand on sait que de nombreux observateurs s’accordent à dire que vous êtes au top de votre carrière?
Je ne pars pas du principe que c’est une régression! La MLS souffre d’un manque de médiatisation en Europe mais c’est un championnat en pleine progression. Tous les joueurs qui sont passés par ici et qui ont joué en Belgique le disent : la MLS est bien plus forte que le championnat de Belgique. Il suffit de regarder les joueurs qui y évoluent.
Franchement, je ne pouvais pas refuser cette opportunité de rejoindre New York City. Je sors de deux grosses saisons et ça fait cinq ans que je joue en Belgique. Si j’avais dû rester, ça aurait été à Courtrai. Dans un autre club belge, ça aurait été la même routine.
L’objectif, c’est de rester deux ans aux États-Unis et de revenir en Europe?
Non, pas du tout. Déjà, le chiffre qui a circulé dans la presse est faux. Je n’ai pas signé deux ans. Je peux simplement vous dire que j’ai signé pour plusieurs années. Aujourd’hui, mon employeur est New York City et j’ai envie de m’y installer.
Vous avez eu Luc Holtz au téléphone récemment?
Oui, il m’a dit qu’il était très heureux pour moi. Je lui ai demandé son avis il y a quelque temps. Il a pesé dans ma carrière footballistique et je le remercie pour ce qu’il a fait pour moi. Il a compris ma décision.
Rassurez-nous : signer à New York ne change en rien vos plans pour la sélection nationale?
Non. J’ai beaucoup d’estime pour l’équipe nationale et pour son sélectionneur. Laurent Ciman arrive bien à revenir pour jouer avec la Belgique, alors je ne vois pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas pour moi.
Cette signature et le confort qui va avec, c’est une revanche par rapport à une carrière qui ne vous a pas toujours fait de cadeaux?
Avant que j’arrive en Belgique, j’ai connu des moments difficiles. J’ai douté. Aujourd’hui, je n’ai pas encore les pieds à New York que je sais déjà que tout est pris en charge. On me mâche le boulot. Je prends plus ça comme une récompense que comme une revanche.
Matthieu Pécot
Titulaire contre Colorado?
Maxime Chanot est en train de «finir les visas» et doit rejoindre l’Amérique du Nord en fin de semaine. Il va donc manquer le derby face aux NY Red Bulls de dimanche. En revanche, il espère participer à la venue des Colorado Rapids le samedi 30 juillet. «Je suis prêt. Je me suis entraîné avec Courtrai et je cours deux fois par jour. Physiquement, tout va bien. J’ai hâte que l’aventure commence.»
Le New York City FC a conforté sa place de leader de la conférence Est en s’imposant dimanche sur la pelouse de l’Impact Montréal, grâce notamment à un but de Frank Lampard (1-3).