Maxime Chanot joue la finale de la MLS ce samedi 11 décembre, contre Portland. À quelques heures du choc, il s’est confié.
Après Gerson Rodrigues en Moldavie et en Ukraine, après Christopher Martins en Suisse, après Chris Philipps en Pologne, après Sébastien Thill en Moldavie… un nouveau Roude Léiw champion national ?
Ce samedi 11 décembre au soir, Maxime Chanot part à la conquête d’un titre de l’autre côté de l’Atlantique et même aux portes du Pacifique. Une finale qui sera suivie dans plus de 200 pays.
Comment se sent-on avant une finale pour devenir champion des États-Unis ?
Maxime Chanot : Fatigué par le décalage horaire ! C’est comme ça dès que tu dois voyager sur l’autre côte des États-Unis. Il y a plus de cinq heures de vol, mais on est arrivés avec trois jours d’avance sur la finale.
En fait, la MLS nous l’impose, mais c’est une bonne chose. Cela permet de s’acclimater.
Quel genre de pression ressentez-vous ? C’est votre première finale après tout…
Bizarrement, ce n’est pas une pression. J’ai connu l’opposé en fait : si tu perds, tu descends. C’est le genre de match que j’ai joué avec le Germinal Beerschot et là, c’est horrible : tu joues ton avenir professionnel, tu joues une baisse de salaire…
Ce match-là, ce n’est que du bonheur. D’autant que je ne suis plus tout jeune, j’ai 400 matches professionnels derrière moi et cela ne changera pas ma vie. En fait, ce serait bête de se mettre la pression.
Pourtant, on dit souvent qu’une finale, ça ne se joue pas, mais que ça se gagne, non ?
Ah, mais l’objectif, c’est de la gagner ! Même si on n’a pas énormément d’expérience à ce niveau vu que nous, ces dernières saisons, on s’est souvent arrêtés en demi-finale de conférence.
Par contre, ce qu’on y a appris, c’est que bien jouer ne sert à rien. Tu peux bien avoir 65 % de possession de balle, si tu ne gagnes pas à la fin, tout le monde t’a très vite oublié. Alors même si notre coach base tout sur le jeu, moi, je suis prêt à gagner même en étant moche !
Les finales de sports collectifs américains sont toujours de grands shows. Impossible d’en profiter pour vous ?
C’est la première que je vais vivre, mais même celles que je regarde à la télé, ce n’est pas forcément ce que je regarde. À la mi-temps, je mange, je bois un verre, je fais autre chose quoi.
Je ne regarde pas le show. Je sais d’avance que ce sera un vrai spectacle, mais je ne sais pas à quoi m’attendre. Et je sais que ce sont nos familles, nos amis, qui vont en profiter. Pas nous.
Pour en arriver là, il a fallu un match fou à Philadelphie, qui vous a vu être décisif grâce à une frappe de 30 mètres mal repoussée qui a profité à vos attaquants…
Je suis un peu loin sur cette action, mais on savait que Philadelphie défendait à cinq ou six joueurs sur les côtés et que si on arrivait à ouvrir le jeu assez rapidement… Sur cette action, je rate d’ailleurs ma première touche de balle…
Mais on venait d’encaisser un but 90 secondes plus tôt et je me disais que si on ne revenait pas vite. Bref, ce n’est pas un geste que je fais quinze fois sur une saison. Plutôt trois ou quatre et disons que là, c’était un bon choix.
C’était contre un Philadelphie diminué, avec une dizaine de joueurs empêchés de jouer pour cause de covid.
En MLS, on est testés tous les jours depuis deux ans ! C’est hyper contrôlé. Et voilà, chez eux, un gars l’a ramené de son stage en équipe nationale et ils ont dû se passer de joueurs. Mais là, pour cette finale, rien à déclarer : les deux équipes auront toutes leurs forces disponibles.
Providence Park, le lieu de ce match, est un stade de baseball. Comme le Yankee stadium dans lequel vous évoluez. Cela change-t-il quelque chose ?
En fait, historiquement, Providence Park est bien un stade de baseball, mais il a été reconditionné. Ils l’ont reconstruit en vrai stade de football et on n’y joue plus au baseball. Pas comme chez nous où il faut tout réagencer d’une semaine sur l’autre.
En plus, cette saison, ils viennent de rajouter un étage de tribunes supplémentaire. C’est une petite fosse de plus de 30 000 personnes avec une ambiance exceptionnelle. J’ai hâte d’y être.
Beaucoup de Luxembourgeois ont remporté des titres de champions nationaux ces dernières années. Cela les a-t-il changés ?
Ce serait une erreur de changer. En fait, c’est LA plus grande erreur qu’on peut commettre. Il faut se mettre dans le contexte : même si c’est peut-être dur à entendre vu de l’extérieur, on fait 15-20 ans de football et c’est énormément de sacrifices pour nous et nos familles.
Il faut être dedans pour s’en rendre compte. Alors un titre, c’est une belle récompense du travail effectué. Un accomplissement. Et quand je pense par exemple à « Kiki« ou « Séba« qui entendent la musique de la Ligue des champions toutes les deux semaines en ce moment, je me dis que ça doit être merveilleux.
Entretien réalisé par Julien Mollereau
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.