Une camionnette a foncé sur deux abribus lundi à Marseille, tuant un piéton et blessant un autre avant d’être intercepté sur le Vieux-Port par la police qui a interpellé le conducteur, un acte qui ne serait pas terroriste selon le parquet qui s’oriente plutôt vers une piste «psychiatrique».
Cet événement survient dans un contexte de forte menace terroriste en France et en Europe, quatre jours après un attentat à la voiture-bélier à Barcelone qui a fait 13 morts et 120 blessés. Selon les premiers éléments de l’enquête, il n’y a «aucun élément permettant de qualifier cet acte d’acte terroriste», a déclaré le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux, indiquant que l’enquête «s’orientait plutôt vers une piste psychiatrique», un «courrier en lien avec une clinique psychiatrique de la région«ayant été découvert sur la personne interpellée.
L’homme arrêté, né en 1982 à La Tronche près de Grenoble (Isère) et vivant près de La Mure, serait «défavorablement connu des services de police», notamment pour des vols de voitures, selon des sources policières. Les polices judiciaires de Marseille et de Lyon ont été saisies.
Entre 8h30 et 9h30, un fourgon Renault Master a foncé sur un premier abribus à la cité Val Plan, dans le 13e arrondissement (nord-est), blessant grièvement une femme qui a été hospitalisée pour une fracture du bassin, selon le parquet. Puis la même voiture a foncé sur un autre abribus dans le 11e arrondissement, tuant une femme. Le véhicule en cause a, quelques minutes plus tard, été immobilisé par la police au bout du Vieux-Port, et la brigade anti-criminalité a procédé à l’interpellation du conducteur. La camionnette était volée, selon le parquet.
«Opération de police en cours», a tweeté peu après la police des Bouches-du-Rhône. «Evitez le secteur Vieux-Port boulevard Charles Livon». Selon des journalistes sur place, le secteur du Vieux-Port a été complètement bouclé du quai de Rive-Neuve jusqu’au palais du Pharo et de nombreux effectifs de police étaient sur place, ainsi que des pompiers et des militaires. Une centaine de policiers ont été mobilisés pour l’intervention.
«ça fait peur»
Dans le 11ème arrondissement, des bris de verre gisent autour de l’abribus où une femme a été mortellement fauchée, en face d’un établissement KFC de restauration rapide. La procureure adjointe de la République de Marseille, Catherine Alexandre, s’est rendue sur place. Badauds et riverains sont rassemblés sur le Vieux-Port, beaucoup ont le visage fermé. Un policier municipal tient le barrage. «Ca va se calmer sous peu mais vous ne pouvez pas passer», dit-il aux habitants qui souhaitent passer.
Tiffany travaille dans le quartier: «Tout est bouclé, on ne nous dit rien, ça fait peur», s’exclame-t-elle. «Que se passe-t-il?», demandent en anglais une touriste américaine et sa fille, sans s’attarder. «Je suis là depuis une bonne heure. On a commencé par voir plusieurs voitures de police, instinctivement on a compris qu il se passait quelque chose. C’est inquiétant. Je suis toujours sous le choc de Barcelone. C’est difficile de voir ça et de se dire que ça peut arriver à l’endroit où l’on vit», a déclaré, la voix tremblante, Armando Dos Santos, habitant du quartier du Vieux-Port.
La France a été frappée depuis 2015 par une série d’attentats, parfois de masse, qui ont fait 239 morts au total. Le 9 août dernier, Hamou B., un Algérien de 36 ans, a percuté en voiture six soldats de l’opération Sentinelle à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) qui ont été blessés. Il a été ensuite été interpellé dans le Pas-de-Calais. Le parquet anti-terroriste est chargé de l’enquête. Le 14 août, David Patterson, un vigile de 32 ans, fonce avec son véhicule dans une pizzeria du village de Sept-Sorts en Seine-et-Marne. Une adolescente est tuée, 12 personnes sont blessées. L’homme était positif aux stupéfiants et avait absorbé une grande quantité de médicaments. Il ne s’est pas expliqué sur son acte.
Au moins, sept projets d’attentats ont été déjoués depuis le début de l’année 2017, après 17 autres en 2016, a affirmé le 6 juillet le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Le Quotidien/AFP