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Marianne Gerges, bénévole de l’année : «J’écoute mon cœur et je fais»


Marianne Gerges héberge Sharif depuis août dernier et donne des cours de langues aux réfugiés depuis près de deux ans. (photo LQ)

Élue bénévole de l’année, Marianne Gerges enchaîne les cours de langue pour les réfugiés et en héberge un chez elle. Elle raconte son quotidien.

« Être mise en avant, je n’aime pas ça. » Le 5 décembre, lors de la journée mondiale du bénévolat, Marianne Gerges a été élue bénévole de l’année au Grand-Duché et «finalement, je me suis dit qu’il faut montrer aux autres qu’on n’a pas besoin d’être une personne spéciale ou un héros pour faire ce qu’on a envie». En l’occurrence, la résidente de Soleuvre, qui refuse de donner son âge («on ne demande pas ça à une femme», dit-elle), a «envie d’aider» et elle le fait maintenant depuis près de deux ans.

En janvier 2016, la chargée de cours en école fondamentale se rend dans une réunion d’information au sujet de l’accueil des réfugiés, organisée par la commune de Sanem. «Je pensais déjà depuis un moment à aider, mais je ne savais pas comment faire, confie Marianne Gerges. C’était une soirée de prise de contact entre les réfugiés du foyer de Sanem et les résidents de la commune. C’était une belle soirée. Ils ont fait la cuisine et joué une pièce de théâtre. J’ai été très touchée.» Dans les jours qui suivent, elle propose son aide à la commune «avec l’envie de donner des cours de langue aux enfants». En février 2016, elle rencontre des représentants de l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI). Et le 1er mars 2016, elle donne ses premiers cours de français à des demandeurs de protection internationale (DPI) ou des bénéficiaires de protection internationale (BPI). Et c’est toujours le cas aujourd’hui, à raison de «trois fois une heure et demie par semaine sans compter les cours particuliers», indique Marianne Gerges. Et cela prend du temps, alors la chargée de cours en école fondamentale se met en disponibilité pour quatre ans.

Elle ne s’arrête pas en si bon chemin. «J’ai une grande maison dans laquelle je devais habiter avec ma fille et son ami, mais les choses ne se sont pas faites, indique Marianne Gerges. Je ne veux pas rester seule dans cette grande maison. Et ma fille me dit : Tu peux prendre des étudiants de Belval.» Elle le fait. Certains restent quelques semaines, d’autres quelques mois, le temps qu’ils ou elles suivent leur cursus universitaire. «Un jour, lors d’un cours, Sharif (NDLR : un Afghan) m’a demandé si je pouvais l’accueillir chez moi, cela tombait bien parce qu’une Autrichienne, qui vivait chez moi et avait trouvé un emploi au Grand-Duché, allait repartir car cela ne marchait pas vraiment pour elle, raconte Marianne Gerges. Je suis donc allée me renseigner sur les démarches à effectuer pour héberger Sharif auprès d’OH! Open Home – Oppent Haus. OH! est un vrai soutien, même si les démarches sont assez simples.»

«Pour moi, Marianne est un cadeau»

Sharif emménage en février dernier. Aujourd’hui, Marianne vit avec Sharif ainsi qu’Arek, un étudiant polonais, et son amie colombienne. «Tout se passe bien, lance avec un large sourire Marianne Gerges. J’ai toujours été attirée par les autres cultures. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de voyager, les autres cultures viennent chez moi. C’est formidable.» Sharif aussi a le sourire.

«Pour moi, Marianne est cadeau. Elle a beaucoup de générosité et elle donne de la chaleur. Chez elle, j’ai retrouvé une famille, confie l’Afghan de 29 ans. En arrivant au Luxembourg en mars 2016, je recommençais ma vie à partir de zéro. Je ne parlais aucune langue du pays et je ne connaissais rien de la culture luxembourgeoise. Aujourd’hui, je parle français, je suis des cours d’anglais et j’ai commencé le luxembourgeois en octobre dernier. Avec elle, j’ai aussi beaucoup appris sur la culture du pays. Je suis sûr que le fait de vivre chez Marianne a accéléré mon intégration.» Marianne Gerges complète : «Il m’aide à la maison, il fait des travaux et la cuisine de temps en temps. Moi aussi, j’apprends beaucoup de choses à ses côtés. Je découvre sa culture et c’est un vrai enrichissement.»

Bénéficiaire de la protection internationale depuis août dernier, Sharif va prochainement commencer une formation en menuiserie. Il va aussi retrouver sa femme, son fils de 6 ans et sa fille de 3 ans grâce au regroupement familial. «J’ai hâte qu’ils arrivent, assure la résidente de Soleuvre. Nous sommes en train de préparer la maison pour leur venue. Quand ils seront là, je vais beaucoup aider les enfants pour qu’ils apprennent au plus vite la langue et les soutenir pour l’école. J’ai vraiment hâte.»

Mais pourquoi fait-elle tout ça pour les autres ? «Je n’ai pas vraiment d’explication, répond Marianne Gerges. C’est une envie qui vient de l’intérieur. Je n’ai pas peur de faire ce que j’ai envie. J’écoute mon cœur.»

Guillaume Chassaing