Le « oui » à l’interdiction du mariage gay a recueilli plus de 90% des suffrages lors d’un référendum controversé organisé ce week-end en Roumanie, qui a toutefois été invalidé en raison d’une abstention record de près de 80% des électeurs, a annoncé lundi le Bureau électoral.
Un peu plus de 3,4 millions de personnes (soit 91,6%) sur les quelque 3,7 millions d’électeurs qui se sont rendus aux urnes ont voté pour inscrire dans la Constitution que seuls « un homme et une femme » peuvent se marier et non plus des « époux », comme stipulé actuellement.
Environ 242 000 personnes (6,4%) ont voté contre cette modification, tandis que 74.000 bulletins (2%) ont été annulés, selon les premiers résultats portant sur le dépouillement de 98% des bureaux de vote.
Si la victoire du « oui » ne faisait pas de doute, l’abstention massive – 79,59% des électeurs – a marqué un revers cuisant pour les sociaux-démocrates au pouvoir qui avaient soutenu cette consultation initiée par des ONG proches de l’Eglise orthodoxe. Un seuil minimum de 30% des inscrits était requis pour que le vote soit validé. Les promoteurs du scrutin avait reconnu l’échec de celui-ci dès dimanche soir.
Le poids de l’Eglise orthodoxe
Bien au-delà de la communauté LGBT, de nombreuses organisations de la société civile avaient appelé à boycotter le référendum, dénonçant un « gaspillage d’argent » mais aussi une campagne aux accents outrageants envers les homosexuels.
La puissante Eglise orthodoxe, qui avait appelé par la voix de ses plus hauts prélats, dont le patriarche Daniel, à voter pour « défendre la famille traditionnelle », a regretté lundi l’échec de ce scrutin, tout en estimant avoir « rempli son devoir civique et moral ».
Ce référendum avait été critiqué par Bruxelles, qui a rappelé Bucarest au respect des droits de l’Homme.
La législation roumaine n’autorise ni le mariage entre personnes de même sexe ni l’union civile, une interdiction que le référendum visait à graver dans le marbre constitutionnel.
Le Quotidien / AFP