Un crime a été commis en leur présence. Pourtant, cela ne semble pas avoir traumatisé Joao et Marco Antonio qui auraient poursuivi leurs vacances sans poser de questions ou dénoncer Rosa.
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Un homme a été tué. Pendant ce temps-là, Joao et Marco Antonio dormaient, selon eux, sur leurs deux oreilles. Le lendemain, le crime ne les auraient pas davantage perturbés. «Des vacances normales au Portugal», assure Marco Antonio.
«Les jours qui ont suivi se sont déroulés normalement», confirme Joao, qui ne se serait pas inquiété du sort de Marco. Son rival amoureux avait été supprimé et il pouvait poursuivre ses relations amoureuses avec Rosa et Maria sans obstacle.
À la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Joao a assuré dans un premier temps que ses sentiments pour Rosa et sa fille étaient tellement forts qu’il n’aurait pas voulu la dénoncer à la police.
La présidente lui a fait remarquer qu’il était peut-être lui-même en sursis si Rosa rencontrait un nouvel amant. Dix minutes plus tard, il indique «avoir plus peur de confronter une femme comme elle que toute une armée». «Dans ce dossier, tout le monde a peur de tout le monde», relève la juge. Et tout le monde se contredit.
Rosa est accusée d’avoir empoisonné son compagnon de l’époque et de l’avoir balancé encore vivant dans l’estuaire du rio Mondego au Portugal en août 2021. Sa mère, son amant et son fils sont soupçonnés d’avoir participé au crime à des degrés différents, mais face à un océan de versions différentes, difficile de déterminer le rôle exact de chacun.
L’estuaire est bordé de quais et d’une large bordure de rochers. Rosa prétend avoir poussé Marco dans le fleuve avec sa mère et être partie sans se retourner.
Une hypothèse fort peu probable étant donné la configuration des lieux notamment. Joao et Maria assurent ne pas l’avoir accompagnée. Reste son fils, Marco Antonio, qui sera entendu plus tard.
«Un demi-million en poche»
De retour au Luxembourg, Rosa a continué de faire «vivre» Marco en utilisant ses cartes de crédit et en postant des messages sur les réseaux sociaux, jusqu’à ce que la police portugaise fasse éclater la vérité. A alors commencé une enquête que les quatre prévenus se sont employés à compliquer.
Une assurance-vie contractée par Marco, mais annulée entretemps faute de paiement, serait, selon Joao, le mobile du crime. Rosa aurait évoqué une somme à six chiffres.
Dans sa version des faits, le prévenu n’aurait jamais cherché à savoir pourquoi Marco devait mourir, même si «Rosa m’a dit à de nombreuses reprises vouloir le tuer». Hier, il a prétendu que Marco avait menacé Rosa de mort «si elle ne lui appartenait plus». On nage en pleine «telenovela».
«Je sais que j’aurais dû les dénoncer à la police», reconnaît Joao. «Vous auriez aussi pu intervenir avant et sauver la vie de Marco en le prévenant ou en l’amenant à l’hôpital au lieu de retourner dormir. La grande question est pourquoi vous ne l’avez pas fait», note la juge. Joao conteste y avoir vu un moyen de vivre son amour librement «avec un demi-million en poche».
«Marco était un chic type»
Marco Antonio n’aurait, lui non plus, pas cru sa mère capable de meurtre. «Marco a toujours été là pour ma mère et ma petite sœur. Je ne comprends pas pourquoi elle l’a fait», rapporte le jeune homme qui prétend être resté dans son coin et ne pas s’être mêlé des affaires des adultes. Il raconte s’être trouvé sous le joug de sa grand-mère qui régentait tout dans le ménage.
Pendant les vacances au Portugal, il n’aurait rien su de l’achat du «remède contre les scarabées» ni de l’épisode de la mort au rat. Le soir des faits, il serait allé se coucher tôt avec sa petite sœur «pour ne pas la laisser seule».
«J’ai été étonné quand j’ai entendu l’enquêteur de la police judiciaire parler de demande en mariage. Pour ma maman, il n’en aurait jamais été question.»
Le jeune homme s’est endormi jusqu’à ce que Marco heurte le matelas gonflable sur lequel il dormait. «Je l’ai vu tituber aux toilettes. Je l’ai entendu vomir», explique Marco Antonio. «Une demi-heure plus tard, ma mère et lui se sont levés. Ils ne sont jamais revenus. Je pensais que maman le conduisait à l’hôpital.»
Le lendemain matin, sa mère lui aurait avoué avoir tué Marco. «Ma mère ne sait pas mentir. Elle m’a expliqué comment elle s’y est prise. Elle ne m’a pas précisé où cela s’était passé. Je lui ai dit qu’elle était bête et que cela allait finir par se savoir.» Il ne l’aurait pas dénoncée pour éviter à sa petite sœur d’être privée de famille.
Marco Antonio se serait renfermé sur lui-même pendant le reste des vacances. «Au début, j’ai cru que ma mère était partie seule avec Marco», indique le jeune homme.
Ensuite, il aurait suspecté Maria de les avoir accompagnés. «Ma mère faisait tout pour provoquer Marco, pour qu’il la tape. C’était un chic type.» Quant à sa grand-mère, «elle n’a peur de rien».