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Marc Lies, désavoué, devient menaçant


Le député-maire de Hesperange a voulu caser une de ses proches à un poste communal. L’opposition a fait capoter son projet. 

Un faux pas de plus pour le député-maire de Hesperange. Jeudi, le ministre des Affaires intérieures a annulé une décision prise en huis clos concernant le recrutement d’une de ses proches. Et pire encore.

Le plan du député-maire de Hesperange, Marc Lies, a capoté. En voulant accorder le poste de coordinateur du pacte communal du vivre-ensemble interculturel à une de ses proches, il ne s’attendait pas à une levée de boucliers de l’opposition, qui, pour l’occasion, a eu l’audace de rompre le huis clos qui entoure toutes les décisions concernant le personnel communal.

Dans un courrier recommandé adressé avant-hier au ministre des Affaires intérieures, les représentants de déi gréng, du LSAP et des pirates ont contesté la décision prise lors du conseil communal du 12 juillet dernier concernant le recrutement de cette employée communal de grade A2.

Conflit d’intérêts

Selon le courrier, elle ne satisfaisait pas aux exigences du poste et le ministre Léon Gloden, collègue de parti du bourgmestre, tous deux CSV, leur a donné raison hier matin.

Elle n’avait pas d’expérience professionnelle dans le domaine du vivre-ensemble et possédait un diplôme en hôtellerie, alors que le poste exigeait un bachelor, ou équivalent, en sciences sociales, sciences éducatives, anthropologie ou en études interculturelles.

L’affaire aurait pu s’arrêtait là, mais les liens de parenté de l’employée avec le bourgmestre ne leur ont pas échappé non plus. En effet, Marc Lies, qui a dans ses attributions le «vivre-ensemble» et la participation citoyenne, a dû nécessairement participer au recrutement. Même s’il a quitté la salle au moment du vote de cette décision, le conflit d’intérêts n’est pas exclu pour les membres de l’opposition.

Le ministre Gloden, de son côté, ne voit aucun problème autre que les conditions d’admissibilité pour le poste, même s’il y a une relation directe entre les fonctions du futur coordinateur du pacte communal et celles du bourgmestre. Le député écolo, Meris Sehovic, a d’ailleurs posé une question parlementaire urgente à la suite de la réponse du ministre concernant l’application de l’article 20 de la loi communale.

Il interdit, entre autres, à tout membre du corps communal, au secrétaire et receveur d’être présent aux délibérations du conseil communal et du collège des bourgmestre et échevins sur des objets auxquels il a un intérêt direct.

Principe d’impartialité

Si Marc Lies s’est abstenu de participer au vote lors du conseil communal du 12 juillet, personne n’a pu dire s’il avait, en amont, participer au recrutement ou aux discussions lors d’un conseil échevinal.

«J’ai posé clairement la question demandant que l’on me réponde par oui ou par non, mais je n’ai pas obtenu de réponse», regrette Stephen De Ron, conseiller communal déi gréng, cosignataire de la lettre adressée au ministre.

«Je n’ai pas la preuve que monsieur Lies était présent au conseil échevinal, mais il y a des comités de recrutement et le bourgmestre qui est en charge du vivre- ensemble était-il présent à ce moment-là ?», questionne le conseiller de l’opposition.

Si la réponse est positive, alors cela pourrait contrevenir aux principes d’impartialité et de transparence attendus dans le processus de recrutement, selon l’opposition.

Un nouveau faux pas

Stephen De Ron s’inquiète aussi des remarques et des menaces auxquelles il a eu droit. En premier lieu, ses adversaires politiques lui ont reproché d’avoir rompu le huis clos.

«Si on peut tout se permettre sous couvert du huis clos, rien ne va plus et en plus, des gens sont venus vers moi en me disant que ce recrutement n’avait rien d’anormal, que cela se faisait dans toutes les communes !»

En brisant le huis clos qui a prévalu pour le choix de l’employée, l’opposition a simplement dénoncé tout haut, ce que chacun pensait tout bas. Cela n’arrange pas la réputation du député-maire Marc Lies, déjà mise à mal avec l’affaire du détournement de fonds publics.

Pendant près de 20 ans, deux (ex)-fonctionnaires communaux ont détourné par divers moyens quelque cinq millions d’euros, sans que personne s’en aperçoive. L’affaire est toujours pendante devant la Cour de cassation.

Puis il y a eu ce message malheureux que le député-maire de Hesperange avait posté sur Facebook en mars dernier, assimilant les réfugiés à des voleurs de poules alors qu’un de ses administrés avait constaté que son poulailler avait été ouvert par effraction et que cinq poules avaient été décapitées.

Marc Lies lui avait suggéré de «parler avec monsieur Asselborn» qui a propagé durant des années, selon lui, une politique de «portes ouvertes», dénonçant sans détour, l’accueil des réfugiés.

Menaces par texto

Pour le bourgmestre de Hesperange, qui a dans ses attribution la politique du vivre-ensemble, ce nouveau revers que lui inflige l’opposition, soutenue par le ministre Léon Gloden, est un faux pas de plus à son actif.

Auquel s’ajoute une menace directe de Marc Lies, envoyé par texto à un conseiller de l’opposition dans lequel il écrit : «Votre action aura des conséquences et en plus vous avez violé la loi communale et le ROI (NDLR : règlement d’ordre intérieur) de la commune ! Ça va devenir intéressant.»

L’affaire ne s’arrêtera pas là. À propos de ces menaces, l’opposition veut savoir si ce texto a été rédigé par le bourgmestre à titre personnel ou en tant que représentant officiel de la commune.

3 plusieurs commentaires

  1. Allez oust du balais !!! Place à des personnes compétentes et intègres !

  2. Alix Reuter-Dupont

    Eh oui, Monsieur Lies, la zénitude sur FB et l’explosion dans la vie réelle. Pouvez-vous ainsi continuer ? La gestion d’une commune de la taille de Hesperange demande du sang-froid en toute circonstance. Il faudrait penser à passer la main.

  3. Refus d’assumer sa responsabilité politique suite au détournement des 6 millions d’euros dans sa commune , refus de publier directement le rapport d’audit commandé suite au scandale, post haineux, incompétence en matière de recrutement et maintenant pression sur les conseillers de l’opposition de sa propre commune. Et c’est quoi la suite?