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Marée humaine anti-Trump à Washington


Les contestataires de la marche de samedi défilent depuis 16 heures sur le National Mall de la capitale fédérale américaine. (photo AFP)

Il est encore tôt samedi à Washington et pourtant des rames de métro bondées commencent à déverser au cœur de la capitale fédérale une marée humaine teintée de rose, majoritairement composée de femmes venues « envoyer un message » à Donald Trump.

L’affluence est telle que des embouteillages de piétons se forment sur les quais, à l’intérieur des stations, dans les escalators. Mais l’ambiance reste bon enfant et, à force de patience, les groupes très disparates mettent l’un après l’autre le cap sur le National Mall, l’esplanade centrale de la capitale.

Ils ont répondu à l’appel de la « Marche des femmes », une initiative née d’un simple message publié sur Facebook par une grand-mère de Hawaï, consternée par la victoire électorale de Donald Trump le 8 novembre. Grâce à une mobilisation internationale sur les réseaux sociaux, l’idée a fait boule de neige.

Certaines manifestantes viennent de loin, comme Kathy Small, qui habite Flagstaff, une petite ville entourée de forêts de pins de l’Etat de l’Arizona.

« Mon avion était rempli de gens originaires de patelins là-bas qui venaient à la marche », relate l’enseignante de 67 ans. Pendant le vol qui la menait vendredi à Washington, elle a regardé sur un écran l’intronisation du 45e président des Etats-Unis.

« Ce qui m’a frappée au sujet de cette investiture, c’est que (la mobilisation) était vraiment faible. Cela ne ressemblait pas du tout à l’investiture d’Obama où le pays tout entier était sincèrement heureux », dit-elle.

Vendredi/samedi: contraste radical

De fait, sur le National Mall, la grande esplanade bordée de musées, le contraste est saisissant entre la journée de l’investiture vendredi et la marche de ce samedi.

Les partisans de Donald Trump étaient statiques et se sont contentés d’applaudissements rarement nourris. A l’opposé, les participantes à la « Marche des femmes » sont accompagnées de musiques, de chants, de ballons, d’écharpes et autres accessoires, avec une profusion de slogans s’affichant sur des pancartes multicolores.

De la défense des droits civiques au droit à l’avortement, des féministes aux homosexuels, des pacifistes aux écologistes, tous les thèmes progressistes sont représentés.

On peut lire notamment: « Voilà ce qu’est la démocratie », « Gardez vos rosaires loin de mes ovaires », « Yes We Can » –slogan de Barack Obama en 2008–, « Nous sommes les résistantes » ou encore « Les droits des femmes sont des droits de l’homme ».

Après les casquettes rouges des partisans de Trump la veille, on voit partout samedi, y compris sur quelques crânes masculins, le même bonnet rose aux oreilles de chat. Le « pussy hat » est devenu l’emblème de la « Marche des femmes », en référence à une expression vulgaire employée par Donald Trump pour désigner le sexe féminin.

Une jeune femme coiffée d’un tel chapeau tient dans sa main un cintre métallique, en référence à l’outil utilisé quand l’avortement était clandestin. « Conservez l’avortement légal et sans danger », a-t-elle écrit sur l’engin.

Un jeune homme brandit lui aussi une pancarte au-dessus de sa tête. « Ma mère a survécu au cancer du sein grâce à l’assurance-santé d’Obama », est-il mentionné.

Alicia Keys et Madonna

En fin de matinée, la foule a tellement grossi qu’elle occupe pratiquement tout le trajet du défilé prévu sur Independence Avenue et ce, avant même qu’il ait débuté. Des centaines de milliers de personnes sont massées sur ce grand axe et sur le National Mall.

La police est clairement débordée par l’ampleur des cortèges qui envahissent les rues aux alentours de la Maison Blanche.

Au loin, on entend les échos des hourras qui saluent les prises de parole des célébrités qui se succèdent au micro de la tribune: le cinéaste Michael Moore, l’actrice Scarlett Johansson, la chanteuse Alicia Keys, sans oublier Madonna.

Habitant la Floride, Katya Bravo a fait le voyage de Washington car elle s’inquiète des projets de Trump visant les émigrés hispaniques.

En constatant la foule immense présente samedi, la femme de 38 ans chavire: « C’est bouleversant. C’est merveilleux. C’est la raison pour laquelle on vit dans ce pays: le fait qu’on puisse descendre dans la rue pour faire part de nos plus fortes inquiétudes ».

Le Quotidien / AFP