À midi ce samedi, les Druzes du Luxembourg se rassembleront place Clairefontaine pour marquer leur solidarité avec leurs frères restés en Syrie. Des combats font rage contre les Bédouins.
La situation en Syrie reste instable. Surtout dans le sud du pays. Huit mois après la chute de de Bachar al-Assad, le nouveau régime en place n’est pas parvenu à calmer les esprits entre les différentes communautés et minorités. Le 13 juillet, des affrontements ont éclaté entre l’armée, des milices druzes et bédouines proches des autorités, ainsi que les forces israéliennes. Les milices bédouines et druzes s’accusant mutuellement de commettre des crimes de guerre. Bien que le gouvernement syrien ait condamné les récentes attaques contre les Druzes et se soit engagé à rétablir l’ordre, ses forces ont été accusées de s’en prendre à la minorité.
Des milices islamistes, appuyées par les forces militaires syriennes, ont attaqué une trentaine de villages majoritairement druzes dans la région de Soueïda. Mille trois cents personnes ont été tuées et plus de 2 000 blessées avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. L’hôpital central de Soueïda a également été détruit, précisent les membres de la communauté druze du Luxembourg dans un communiqué.
Selon l’Observatoire syrien des droits humains (OSDH) figureraient parmi les morts 505 combattants druzes et 298 civils druzes, dont 194 «exécutés sommairement par des membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur». Le bilan comprendrait également 408 membres des forces de sécurité gouvernementales et 35 Bédouins sunnites, dont trois civils «exécutés sommairement par des combattants druzes». Quinze soldats gouvernementaux ont par ailleurs été tués dans des frappes israéliennes, selon l’OSDH.
Les Druzes représentent environ 3 % de la population syrienne. Ces 700 000 âmes, provenant d’une branche de l’islam chiite, sont considérées avec méfiance par une partie de la communauté sunnite dont sont issues les nouvelles autorités syriennes qui les considèrent comme une secte ésotérique. Israël, au contraire, se pose comme leur protecteur, multipliant les gestes d’ouverture envers les Druzes syriens qui, eux, ont réaffirmé leur attachement à l’unité de la Syrie même s’ils se sont opposés aux tentatives de l’ex-jihadiste Ahmed al-Charaa d’imposer son autorité sur le sud du pays.
Violences généralisées
Un fragile cessez-le-feu est en vigueur depuis samedi 19 juillet. Les affrontements ont débuté après l’enlèvement d’un marchand de légumes à un checkpoint installé par des groupes bédouins sur l’axe routier Damas-Soueïda. Les forces gouvernementales sont intervenues pour rétablir l’ordre et désarmer les milices druzes hors de son contrôle. Accusée d’exactions et sous la pression militaire d’Israël, qui a bombardé le palais présidentiel et le quartier général de l’armée syrienne à Damas, cette dernière s’est retirée, le jeudi 17 juillet, laissant aux milices locales la responsabilité du maintien de l’ordre.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a condamné les attaques israéliennes et réclamé leur arrêt. Mais malgré plusieurs accords de cessez-le-feu, «les affrontements continuent. Les tribus bédouines ont violé la trêve à plus de quatre reprises et refusent tout retrait ou compromis, menaçant la stabilité déjà fragile de la région», indiquent les membres de la diaspora druze au Luxembourg dans son communiqué. «Ces exactions surviennent dans un contexte de violences généralisées visant d’autres communautés syriennes, notamment les Alaouites au nord et les Chrétiens à Damas.»
Pour les Druzes du Luxembourg, le régime d’Ahmed al-Charaa, non légitimé par des élections démocratiques, mène une répression indiscriminée contre tous ceux qui refusent de se soumettre à son autorité.
Face à cette «violence systématique», les membres de la communauté druze du Luxembourg, soutenus par «les Syriens kurdes, alaouites, chrétiens et sunnites» organisent une manifestation pacifique pour dénoncer «ces crimes, honorer les victimes et appeler à la justice, à la paix et au respect de la dignité humaine», à midi ce samedi sur la place Clairefontaine à Luxembourg.
Mercredi, une manifestation au nom des Druzes d’Europe avait eu lieu devant le Parlement européen à Bruxelles. Le régime en place dévoilerait, selon eux, sa vraie nature islamiste radicale et son intention d’éliminer les minorités en Syrie.